Selon leur presse (Télégramme du 11 décembre 2011) :
Une centaine de mètres seulement séparait deux rassemblements hier : collectif anticapitaliste d'un côté, Indignés de l'autre. Mais pour l'heure, pas question de s'associer, même si certains slogans se ressemblent.
14h, place Aristide-Briand : huit groupes politiques associés dans un collectif se rejoignent derrière un slogan, «Ni dette, ni plan d'austérité !». Leur message: «Cette dette n'est pas la nôtre, on ne la paiera pas. Il faut prendre l'argent où il est, dans les poches des actionnaires».
Beaucoup de jeunes
Une petite centaine de personnes, dont une très grande majorité de jeunes, rallie progressivement la place, avant de se lancer dans un défilé les menant jusqu'à la sous-préfecture, «symbole de l'État, si tant est qu'il existe encore !».
«Enclencher la lutte»
On est loin de l'affluence annonçant le Grand soir. «Les gens sont paumés, ne comprennent rien à ce qu'il se passe en ce moment», estime Rémi Hamon, d'Alternative libertaire. «Mais il faut enclencher la lutte, créer un mouvement social de fond, à l'échelle européenne, capable de proposer une alternative au capitalisme que nos gouvernements défendent coûte que coûte, en bafouant la démocratie représentative». Au même instant, à 14h30, les Indignés de Lorient se comptent, sur le parvis de l'hôtel de ville. «Une cinquantaine de personnes ont annoncé leur venue sur notre page Facebook», annonce Karine, l'une des animatrices du groupe. La raison de leur ralliement ? Multiple. «On a tous des raisons d'être indignés : l'écologie, la médecine, le fait de devoir toujours travailler plus sans gagner davantage». Et de lister l'augmentation des prix du gaz, des produits alimentaires, du logement, des médicaments non remboursés... «Et pendant ce temps-là, le Smic a seulement gagné 5 % en six ans».
Mouvements au long cours ?
Leur rassemblement est une nouvelle tentative d'implanter le mouvement des Indignés sur Lorient, après des «balbutiements» au printemps dernier ; «Mais leur groupe était étiqueté politiquement. Nous, on refuse». C'est pour cela que le groupe a émis une fin de non-recevoir à la proposition du collectif de la place Aristide-Briand de former un seul et unique cortège. «Le mouvement Indigné n'a pas de couleur politique», balaie Karine. Au grand dam des anticapitalistes : «Dans les autres pays, ils acceptent les formations politiques. Ce n'est pas en faisant chacun des manifs dans notre coin qu'on fera avancer la cause», souffle l'un d'eux. Qu'importe, les Indignés comptent proposer des rassemblements chaque samedi après-midi, place Aristide-Briand désormais. Si elle n'est pas déjà occupée : le collectif contre l'austérité, qui doit se réunir la semaine prochaine, entend proposer «de nouvelles initiatives en janvier».
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Slogans entendus à la manif anticapitaliste contre la dette :
- De l'argent, il y en a, dans les poches du patronat. De l'argent, on l'prendra, dans les poches du patronat.
- Ils ne servent à rien. Ils nous coûtent cher. Licencions les actionnaires.
- Ce n'est pas les immigrés qu'il faut expulser, c'est le capitalisme qu'il faut éliminer.
- Ce n'est pas les immigrés qu'il faut expulser, mais le Medef et l'Elysée.
- Ce n'est pas la dette qu'il faut payer, c'est le capitalisme qu'il faut exproprier.
- Ni Etat, ni patrons. Autogestion. Révolution.
- Contre le chômage et la misère, ce n'est pas la prière, mais la lutte sociale qui est nécessaire.
- Ils mentent, ils volent : ras-le-bol de ces guignols.
- Tout est à tous, rien n'est à eux. Tout ce qu'ils ont, ils l'ont volé. Ils l'ont volé ! Partage du travail, partage des richesses, ou alors ça va péter. Ca va péter !
- Etc...
Petit commentaire sur l'expression rapportée dans l'article «symbole de l'État, si tant est qu'il existe encore !».
Oh que oui, il existe encore et souvent il frappe celles et ceux qui contestent le soit-disant "Ordre" social actuel ! Tout dépend de ce que l'on entend par Etat...
Pour nous, anarchistes, il est la structure qui s'impose à la société et aux individus, pour garantir les privilèges et l'accaparement des richesses par la classe dominante. A cette fin, l'Etat met en place l'arsenal juridique et répressif et même le conditionnement idéologique (via l'Education nationale notamment) qui maintiennent et justifient l'esprit de compétition, les rapports d'exploitation et d'exclusion menés par la classe capitaliste. D'où le slogan "Police nationale : police du Capital !". En ce sens, en préparant des plans d'austérité qui frappent la population mais épargnent les puissances d'argent et les possédants... il est dans son rôle.
L'Etat n'est pas cet outil neutre que nous racontent les politicien-ne-s, qui pourrait faire du social (gauche) ou du répressif (droite)... selon la couleur du gouvernement qui est à ses commandes. Nous considérons même qu'il s'est accaparé les services publics après-guerre (1945) à la fois pour maintenir son contrôle, se rendre soit-disant indispensable, mais surtout pour permettre au Capital exsangue de se refaire une santé. Aujourd'hui, l'Etat privatise la partie rentable des dits services publics car des groupes capitalistes sont à même de prendre le relais pour faire du profit... même si cela dégrade le service rendu aux usagers et usagères (car ce n'est pas le but des capitalistes)... (Cf notre article sur les services publics). L'actuel assujettissement des gouvernements aux agences de notation est une servitude volontaire, conforme au rôle dévolu à l'Etat dans le cadre du développement du capitalisme. Aussi est-il vain et "utopique" de vouloir un autre rôle, qui serait plus social, car il n'est pas fait pour cela.
C'est pourquoi nous revendiquons simultanément l'expropriation des capitalistes et le démantèlement de l'appareil d'Etat, pour permettre à la société de s'affranchir de ces tutelles parasitaires, de s'autogérer, de produire ce dont elle a besoin, d'organiser le partage des richesses et développer des rapports d'entraide et de coopération au lieu de compétition et d'exploitation.
Ceux et celles qui subissent et souffrent de la société actuelle ont à se convaincre de leur capacité à se prendre en mains, sans sauveur suprême, sans tutelle... et a amorcé un processus révolutionnaire et émancipateur. Nous, qui faisons partie de cette catégorie de la population, celle qui n'est pas dirigeante, serons toujours aux côtés des exploité-e-s et dominé-e-s qui se soulèveront ici et là... !