Le Centre de Recherche sur l’Avenir des Déplacements Ecologiques (CRADE) est une association créée en septembre 2010 à Concarneau, pour remettre en usage des vélos et pour entamer une réflexion autour des déplacements motorisés et les modes de vie qui y sont associés : gaspillage, perte de temps, isolement, violence routière, pollution.
Initialement intitulée « pignon sur rue », cette association intervenait depuis juillet 2010 sur les marchés locaux de Concarneau pour réparer et apprendre à entretenir les vélos, à prix libre. Il est vrai qu’il était aussi beaucoup débattu autour des questions de déplacements et de leurs enjeux, à Concarneau et ailleurs…
Cet été, l’association a préparé le parcours et l’accueil sur Concarneau de l’Alter tour (Tour de France alternatif à vélo, tout en lenteur, pour dénoncer le dopage dans le sport tout comme dans l'agriculture par apport d'engrais chimique).
Les initiateurs du Crade se sont renommés ainsi d’une part comme un pied de nez aux industries chimiques ou nucléaires qui, dans leur publicité, se présentent comme propres alors que leurs activités sont destructrices de l'environnement, c'est-à-dire à l'exact inverse du Crade ! D’autre part, l’objet du Crade dépasse le cadre (!) strict du vélo pour s’interroger globalement sur les déplacements écologiques et l’aménagement urbain.
Depuis septembre, convaincu que la voiture c’est « no future », le Crade organise chaque mois une vélorution (terme mixte entre vélo et révolution pour désigner une manif cycliste) pour faire la promotion des déplacements doux dans cette ville portuaire de 20 000 habitants.
Le Crade a sollicité en vain la mairie pour obtenir un local permettant l’échange autour du vélo, pour réparer, récupérer, stocker, s’informer, débattre, apprendre. Ne voyant rien venir, les deux porteurs de l’association ont ouvert la recyclerie du Crade, dans un lieu abandonné depuis de nombreuses années qu’il a fallu retaper, du côté du port de pêche industrielle, appartenant à la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI).
Siège social de l’association, atelier commun de réparation où chacun apprend à être autonome, de recyclage (récupération et stockage de vélos et pièces détachées destinés à tort à la déchetterie) et lieu d’information sur les déplacements (transports en commun, cartographie, guide), de lien social, de débats, et source de documentation (on y croise l e Monde libertaire !), celui-ci attire chaque jour des personnes d’horizons différents, de toutes générations, de tous métiers et de toutes conditions, intéressées à la fois par l’atelier vélo et tout autant par le plaisir de discuter dans un cadre convivial. C’est que la recherche d’égalité sociale est fondamentale pour le Crade. Même quelques marins-pêcheurs fréquentent le lieu et semblent satisfaits par le retour de cette vie dans un port de pêche qui se déserte.
Evidemment, la CCI a moins goûté le squat et a dépêché un huissier courant novembre pour que cesse l’occupation. Négocier un bail précaire pourrait être une porte de sortie. L’un des membres du Crade habite en effet sur le lieu et y paie ses factures d’électricité. L’eau courante en revanche n’a pas encore été accordée, bien que Concarneau soit en régie municipale. C’est que, jusqu’à présent, la municipalité ne sait pas quelle attitude exacte adopter devant cette initiative. Elle qui a un adjoint « développement durable et économie » (façade écologique ?) se fait largement dépasser sur ce terrain. On notera au passage que la régie municipale n’est pas la panacée, car elle confère à l’élu local un pouvoir à l’encontre des usagers. L’autogestion semblerait plus indiquée et c'est un euphémisme !
Le 5 janvier 2011, assignés en référé par la Chambre de Commerce et d'industrie pour cause d'occupation illégale, les membres du Crade ont dû se présenter au Tribunal de grande instance de Quimper. La partie adverse ne se faisant pas représenter, le Président du Tribunal a à nouveau convoqué les protagonistes pour le mercredi 26 janvier, 9 h.
Les enjeux sociaux de la recyclerie ne sont pas anodins. « Car la route a confisqué la rue, car les déplacements humains et écologiques doivent trouver leur place, car Concarneau s’est vidé au profit de grandes zones commerciales extérieures, car les parkings sont de plus en plus grands et les trottoirs de plus en plus petits, car vivre simplement sans voiture est un droit fondamental, car les impôts payés par les sans-voitures servent aussi à construire des routes », il s’agit de faire vivre ce lieu.
La recyclerie qui se trouve au 8 rue des Thoniers appartient à tous, elle est ouverte tous les jours de 13h à 19h, les prix y sont libres, l’adhésion au Crade est bienvenue. L’ironie de l’histoire veut que ce local servait autrefois pour une revendeur de la multinationale du pétrole BP !
Pour soutenir le Crade, ou être tenu informé des suites du procès, vous pouvez appeler Rémi au 02 98 97 47 57.
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Selon Le Télégramme du 3 janvier 2011 : http://www.letelegramme.com/fil_region/fil_bretagne/concarneau-29-mobilisation-contre-la-menace-d-expulsion-de-l-atelier-de-velos-03-01-2011-1164496.php?xtmc=crade%20concarneau&xtcr=1
Concarneau (29). Mobilisation contre la menace d'expulsion de l'atelier de vélos
Assigné en référé par la CCI, qui veut obtenir l'expulsion du bâtiment de la rue des Thoniers, l'atelier de vélos, le Crade, se mobilise. Il veut obtenir un bail précaire: occuper le local jusqu'à ce que la CCI trouve un autre projet pour l'utiliser.
Un imposant tas de vélos, des sympathisants présents et une pétition: les membres du Crade (Centre de recherche sur l'avenir des déplacements écologiques) ont voulu marquer les esprits, vendredi matin, sur le marché. Eux qui y interviennent d'habitude pour réparer les vélos voulaient cette fois interpeller les passants sur leurs soucis. La semaine dernière, un huissier leur a en effet déposé de la part de la CCI une assignation en référé devant le tribunal de grande instance de Quimper, mercredi prochain.
«Quel trouble?»
Concessionnaire des bâtiments du port, la chambre de commerce et d'industrie demande au juge d'ordonner l'expulsion immédiate de l'atelier de vélos associatif, installé dans un local désaffecté de la rue des Thoniers, et la fixation d'une astreinte de 100 € par jour en cas de refus. Cette occupation constitue selon la CCI un «trouble manifestement illicite». «Quel trouble? Des personnes venant réparer leur vélo dans un local réhabilité?», s'interrogent les membres du Crade. Ils défendront cet argument mercredi. Les recycleurs de vélos veulent faire rejeter le référé «pour obtenir une procédure normale, car rien ne justifie une telle procédure d'urgence». Plus concrètement, ils expliquent «vouloir essayer de discuter avec la CCI pour établir un bail précaire, à savoir rester jusqu'à une utilisation réelle du local de sa part». Autre possibilité: trouver un nouveau bâtiment. Selon le Crade, cinglant, «à l'heure où la CCI investit dans un centre régional de ressources en développement durable et les énergies renouvelables nécessitant 4M€, il serait judicieux qu'elle accompagne ou tout du moins qu'elle n'entrave pas les projets associatifs de terrain». Les militants du vélo en ville attendent aussi que la municipalité joue un rôle de médiateur dans ce dossier.
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Selon Ouest-France du 6 janvier 2011 : http://www.ouest-france.fr/actu/actuLocale_-Le-Crade-retournera-au-tribunal-le-26-_40852-1644820------29039-aud_actu.Htm
- Rémi et Xavier continuent d'être sur les marchés de Concarneau, deux fois par semaine.
Le Crade s'est installé dans le paysage concarnois et surtout dans un local désaffecté de la CCI au port. Les deux responsables de l'association étaient convoqués au tribunal ce matin.
Depuis la fin de l'été, Rémi et Xavier ont posé leurs guidons dans un local désaffecté du port, qui appartient à la CCI. Les deux hommes ont aménagé l'endroit en lui redonnant un petit coup de propre, en bouchant quelques trous sur le toit pour être hors d'eau.
Pas de CCI au tribunal
Mais le propriétaire des lieux n'est pas d'accord avec cette occupation. En décembre, la CCI a assigné l'association devant le tribunal de Quimper. L'audience avait lieu hier, mercredi matin en référé pour demander une expulsion des deux hommes. Une audience qui a tourné court.
Si l'association s'est présentée au tribunal, personne n'est venu défendre les droits de la CCI. Interrogée hier dans l'après-midi, elle n'a pas répondu à notre demande.
Quant à Xavier et Rémi, ils avouent : « être fatigués par cette situation qui crée beaucoup de tensions nerveuses. Depuis six mois, on bosse comme des acharnés. »
La ville en aide
Depuis le début de l'affaire, la ville de Concarneau suit avec attention le dossier et tente d'apporter des solutions. « Leur démarche correspond à la politique qu'on souhaite mettre en place en matière de développement durable » explique le 1er adjoint François Besombes. « Nous les avons incités à faire une demande de subventions à la ville. » Le dossier a été fait et sera examiné prochainement. « Avec cette subvention, ils pourraient éventuellement louer un local à un privé. Nous n'avons malheureusement pas de local vide, ni pour eux ni pour d'autres associations qui nous en réclament depuis longtemps. »
Isabelle JÉGOUZO