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20 avril 2012 5 20 /04 /avril /2012 11:48

Echo des luttes dans le Morbihan :

 

Appel de la Confédération paysanne :

17 avril – guérilla potagère et journée mondiale des luttes paysannes

guerilla-potagere.jpgLa Confédération Paysanne appelle tout-e-s les paysan-ne-s, citoyen-ne-s, élu-e-s à se mobiliser partout en France le 17 Avril 2012 pour lutter contre l’artificialisation des terres.

Cette journée internationale (*) des luttes paysannes doit être l’occasion de se mobiliser fortement partout où les terres agricoles sont menacées. Or, ces terres sont indispensables afin de développer l’emploi paysan, d’assurer la vocation alimentaire de la terre et de favoriser la vitalité et le bien vivre dans nos territoires ruraux et péri-urbains. Il faut entrer en lutte pour sauver ces terres !
Nombreux sont les lieux où nous pouvons intervenir, avec 70 à 80 000 ha perdus par an, chaque Confédération paysanne, en lien avec ses partenaires, peut pointer le scandale du gaspillage du foncier agricole : LGV, plateforme de la grande distribution, voirie, parc de loisir, photovoltaïque au sol, lotissements, golf…..
Le phénomène induit en plus une pression permanente qui perturbe indirectement l’activité agricole dans sa gestion à moyen et long terme (comportements spéculatifs, attitude des propriétaires, pression sur les élus…) Cette journée internationale doit aussi être l’occasion de porter notre message de soutien à tous les paysans qui luttent dans le monde contre les projets d’accaparement des terres nourricières, bases de la souveraineté alimentaire, plus que jamais indispensables aux peuples.
(*) Le 17 avril 1996, dix-neuf paysans du Mouvement des travailleurs ruraux sans terre du Brésil (MST) étaient assassinés par des tueurs à la solde de grands propriétaires terriens. En mémoire de cette tuerie, les membres de Via Campesina (1ère organisation mondiale de paysans) ont déclaré le 17 avril Journée mondiale des luttes paysannes.

Pour la Bretagne, l'appel appelait à enterrer "le système agro-industriel" et à défendre "la terre des projets inutiles et dévastateurs". (Tract ici)

 

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  Selon le Télégramme du 18 avril 2012 :

2 x 2 voies. Les paysans manifestent leur colère

170412 teleg questembert«Défendons la terre», «Non aux projets inutiles et dévastateurs» ou encore «Des oignons, pas du béton», voici les banderoles portées ce mardi soir au rond-point du Petit Molac par le collectif des associations. A 17h, une cinquantaine de représentants de la Confédération paysanne du Morbihan, d'Ingalañ Bro Kistreberzh, de La Marmite, Le Pot Commun et le Réseau Caracoles ont investi le rond-point du Petit Molac pour dénoncer le projet de la 2x2 voies rapide, prévu entre Bel Air et La Vraie-Croix, avec huit ronds-points. Ils ont transformé le Petit Molac en potager : semis, plantations...

Barrage filtrant

En parallèle, un barrage filtrant a permis d'informer la population des raisons de cette action. Francis Roy, paysan de Questembert et membre de la Confédération Paysanne témoigne avec un rire amer : «Chaque année, le Morbihan perd près de 1 000 ha de terres agricoles, au profit de projets inutiles. Nous voulons faire entendre notre voix, car d'autres choix sont possibles, à commencer par l'amélioration de la départementale existante, le développement des transports publics et du covoiturage. En plus, c'est beaucoup plus économe en argent public. Nous devons garder la terre pour nourrir la population». Il ajoute : «On a constaté entre 17h et 19h, à l'heure de pointe, une circulation dense mais fluide». En cas de réalisation de ce projet, les paysans estiment leur perte à 5hectares par kilomètre.

 

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Selon le Mensuel du Golfe du Morbihan du 17 avril 2012


Ils sont une vingtaine à occuper le rond-point du Petit Molac, pour protester contre le projet de 2x2 voies entre Bel-Air et La Vraie Croix. Leur arme : une séance de jardinage in situ !

Une guérilla potagère, rien de moins ! Une vingtaine de militants, membres du syndicat agricole La Confédération paysanne du Morbihan et des associations Ingalan bro Kistreberzh, La Marmite, Le pot commun, le réseau Caracoles, occupent ce mardi soir le rond-point du Petit Molac, entre Questembert et Malansac. Accompagnés de quelques enfants, ils sont en train de jardiner in situ et de planter quelques poireaux et arbustes. Sur cet îlot de verdure, veau, chèvres et moutons pâturent également au milieu du bitume.

 

Contre le projet de 2x2 voies

Le bitume, c'est bien de cela dont il est question dans cette manifestation pacifique et symbolique. (Lire la suite...)

14 avril 2012 6 14 /04 /avril /2012 15:33

 

On a pu voir s’afficher hier place d’armes, sur la façade du Printemps, une soixantaine de portraits géants hissés et accrochés par une grue mobile… suscitant l’interrogation des passant-e-s. On aurait pu penser qu’il s’agissait d’un hommage aux personnes ayant bossé au Printemps, virées comme des malpropres il y a peu de temps ?…

Raté, il s’agit des « candidats » du mouvement des colibris. Le site de ce mouvement propose d’être "candidats à l’action" , et d’agir localement à travers des alternatives concrètes : « cantines bio, éco-lieux, création de ceintures maraîchères, AMAP, monnaie locale, plans de descente énergétique »… voilà qui a de quoi piquer la curiosité, notamment des anarchistes qui s’intéressent depuis longtemps à l’action directe, y compris à travers des alternatives autogérées en actes (potagers, squats, amap, scop, collectifs artistiques…)

A côté de cette perspective locale et à plus large échelle, le mouvement donne pourtant une perspective du politique nettement moins libertaire. Si des « actions locales », « impulsées par le bas » et « citoyennes » (mot fourre-tout pour le moins ambigu, gommant l’inégalité structurelle de la société capitaliste et étatique), sont recommandées, il s’agit aussi de « peser sur les grandes tendances économiques et politiques » en se réunissant pour élaborer un « programme » qui retienne les « propositions les plus abouties » (hum, qui les sélectionnera et sur quels critères ?) et,  « en France et en Europe, en proposant des recommandations aux élus, qu’ils soient locaux, nationaux ou européens ». Un « grand sondage » est prévu en collaboration avec… l’IFOP !

Bref, il ne s’agit en réalité pas d’être « tous candidats », mais de réunir des propositions à soumettre aux élus qui nous gouvernent sans aucune légitimité, en décidant de tout à notre place, jouant du cirque électoral et du spectacle qui va avec (dont les colibris semblent d’ailleurs adopter tous les travers, avec leurs affiches géantes et leur recours à l’IFOP…).

Dans le système actuel de la démocratie dite « représentative », les personnes élues font ce qu’elles veulent. Quand bien même elles diraient « chouette, vos propositions sont super, je les fais miennes », elles ne sont pas tenues de tenir leurs promesses.

Ce serait pourtant le cas dans le cadre d’un mandat impératif (l’article XXVII de la Constitution est très clair à ce sujet) et révocable, se limitant à appliquer techniquement les décisions des assemblées, vision politique quant à elle portée par le mouvement libertaire, qui porte par ailleurs l’idée du fédéralisme libertaire, c’est-à-dire l’autonomie des assemblées, leur association libre et le principe que rien ne peut être imposé d’en haut aux assemblées refusant de s’inscrire dans un projet spécifique.

Non seulement les colibris soutiennent le système « représentatif »  étatiste, et donc autoritaire, aux antipodes d’une véritable démocratie directe ; mais de plus et ça va avec, pas une seule fois leur site n’évoque le capitalisme, consistant lui aussi en une dépossession généralisée quant aux décisions économiques. Comme dans tous les discours de la gauche, il ne s’agit que d’aménager le système, les colibris ayant pour spécificité de voguer sur le thème de la décroissance et de l’autonomie, sans tirer de ces concepts les conclusions politiques libertaires qu’ils induisent à plus large échelle.

Si l’on ajoute à cela que les colibris sont soutenus par Ecover, Weleda, la fondation Nicolas Hulot et autres nombreuses entreprises et associations faisant l’apologie du « développement durable » (d’où les moyens conséquents dont ils semblent disposer, pour pouvoir afficher des portraits géants sur la façade du Printemps), on comprendra mieux comment ce mouvement, rassemblant sans doute à sa base de nombreuses personnes sincères, n’est à l’échelle politique qu’un dispositif de plus pour canaliser les volontés de changement, pour les remettre dans l’ornière d’un système global de dépossession des décisions réelles.

 

Juanito, groupe Pavillon Noir (Fédération Anarchiste 86)

 

Note de Anars 56 : valable à Poitiers, ce constat est aussi pertinent en Bretagne... Ô mascarade électorale de la société de classes !

14 mars 2012 3 14 /03 /mars /2012 22:15

Dimanche à 12h10, un groupe anti nucléaire s’invitait à l’émission de Stéphane Paoli sur fRance Inter. L’antenne n’a pas été coupée et on peut entendre ce passage

http://podcast.blog.lemonde.fr/2012/03/11/incident-nucleaire-sur-france-inter/

 

La réaction de Stéphane Paoli sera jugée par de nombreux auditeurs comme professionnelle... Néanmoins Stéphane Paoli n’a pas laissé les militants s’exprimer ... Stéphane Paoli fait son émission et en "bon" professionnel qu’il est, juge et décide de ce qui se passe et se dit dans son émission, sur sa radio. Son argumentation "vous seriez venus me voir avant, je vous aurai laissés" ... sous entendu "vous exprimer", n’est assortie d’aucune garantie. Vous imaginez ce "grand journaliste " répondre positivement à la requête d’une bande de gueux qui veulent s’exprimer ainsi à l’antenne ? Ce serait vraiment une première. Stéphane Paoli travaille dans sa radio et fait son émission, pourtant sa radio est une radio publique mais nous savons ce qu’il en est d’une radio d’Etat... Stéphane Paoli aurait pu accorder au nom de la liberté d’expression 5 minutes, ce qui aurait été largement suffisant pour annoncer l’action à la gare du nord à 14 heures... mais il ne l'a pas fait car c’est lui qui décide, puisque c’est son émission... Il se trouve qu’il m’est arrivé d’écouter parfois son émission... Le 29 janvier dernier, Stéphane Paoli a consacré la seconde moitié de son émission, soit 30 minutes, au Japon et à ....., au risque séismique, exclusivement au risque séismique !!! A aucun moment, vous imaginez, la réalité nucléaire n’a été évoquée par lui même ou par ses invités !!! L’émission est réécoutable là :

http://www.franceinter.fr/archives-diffusions/137517/2012-01

Ecoutez de 0 à 3’, l’intro et la suite de 53’ 44 à la fin.........

 

laissedoPendant 30 minutes, Stéphane Paoli parle avec ses invités des pires tremblements de terre qui se sont passé au Japon et de ce qui risque d’arriver sans jamais, à aucun moment, parler des conséquences sur les réacteurs nucléaires qui sont au nombre de 54...... C’est depuis cette émission que je m’étais dit que Stéphane Paoli, lui aussi, faisait partie de cette bande de "Chiens de garde" . Parler de Fukushima, du Japon, des tremblements de terre sans évoquer, sans prononcer à aucun moment, le mot centrale ou le mot nucléaire, il fallait le faire et Stéphane Paoli l’a fait !

 

Un gueux

11 mars 2012 7 11 /03 /mars /2012 18:10

nucleaire-Lorient-100312.jpgAvec Stop nucléaire 56 Trawalc'h, nous étions une quinzaine sur le marché de Merville à Lorient, samedi matin, à rappeler que la catastrophe nucléaire à Fukushima continuait à sévir depuis 1 an, irradiant des centaines de milliers de personnes, rendant impropres à la consommation les productions légumières de cette région fertile du Japon. Comme la population japonaise, nous revendiquons l'arrêt immédiat du nucléaire civil et militaire... avant une nouvelle catastrophe ici ou ailleurs ! Au Japon, 52 réacteurs sur 54 sont désormais fermés, les 2 derniers devraient l'être d'ici avril 2012... soit en moins de 14 mois...

Rappelons que la centrale de Fukushima venait d'obternir en février 2011, un mois avant, une autorisation d'allongement d'exploitation des réacteurs de 10 ans... tout comme actuellement le proposent EDF et l'Etat pour le parc nucléaire français...

En combinaison blanche, ou vêtu-e-s d'un fût radioactif jaune, nous avons procédé à un die-in (qui consiste à s'allonger sur la chaussée, faisant les morts...), sirène hurlante. Diffusion de tracts. Nous avons ensuite déambulé dans quelques rues de Lorient, et même dans une galerie commerciale... surchauffée 

 

Ci-dessous le tract du groupe Pavillon noir de la fédération anarchiste de la Vienne, qui nous plaît bien.

 

Sortie immédiate du nucléaire : révolution sociale et libertaire !

A entendre les politiciens et autres experts, malgré les évidences cruellement rappelées par la catastrophe japonaise dont on n’a pas fini de mesurer les conséquences désastreuses, vouloir sortir immédiatement du nucléaire serait « irresponsable » – tout au mieux faudrait-il en sortir progressivement… Nous affirmons que le nucléaire est une énergie totalitaire, aux antipodes de la liberté et de la solidarité, et prônons la réappropriation par les populations des affaires qui les concernent.

Le nucléaire est une énergie extrêmement dangereuse


Les catastrophes, si minimes soient les risques selon les « experts » qui veillent sur notre sommeil, sont inévitables, et déjà à l’oeuvre. Les risques sont présentés comme une « externalité négative »… à assumer par les populations. En France et ailleurs, ces risques sont renforcés par le vieillissement des centrales, dont le démantèlement coûte si cher que le pouvoir en prolonge la durée d’exploitation bien au-delà des dates prévues, dans une effroyable fuite en avant. La privatisation rampante du secteur et la mise en concurrence, et ce qu’elle suppose de réduction des coûts fixes d’entretien, accroît aussi ces risques inacceptables pour les travailleurs-euses, souvent précaires et très exposé-e-s aux radiations.


Le nucléaire est une énergie affreusement polluante


Des études récentes montrent que les leucémies infantiles sont deux fois plus nombreuses autour des centrales. Les monceaux de déchets radioactifs, produits en quelques décennies seulement de nucléaire, s’accumulent dans des lieux de stockage en surface ou sous terre. Ils sont d’ores et déjà infligés aux générations incalculables qui nous succèderont, pour des centaines de milliers d’années… une période aussi longue que celle qui nous sépare des premiers hommes ayant peuplé la planète.


Le nucléaire est une énergie dévoreuse de budgets colossaux


Il détourne et accapare depuis des décennies, aux seuls bénéfices du lobby nucléocrate, l’argent public dévolu à l’investissement et à la recherche – aux dépens d’autres énergies. La filière nucléaire est une fuite en avant dans des investissements toujours plus colossaux, pour de nouvelles générations de réacteurs qui seraient hypothétiquement capables de retraiter un combustible usagé… toujours plus radioactif. Ces spéculations fumeuses sont d’autant plus irresponsables que le nucléaire est une énergie non renouvelable : les ressources en uranium sont, tout comme le pétrole, limitées à quelques décennies.


Le nucléaire est une énergie capitaliste


Transportée à flux tendu par tout un réseau d’autoroutes électriques à très haute tension, elle est inséparable d’un modèle productiviste de croissance de l’exploitation humaine, allant de pair avec une croissance toute aussi suicidaire de la production d’énergie, pour des productions d’activités toujours plus absurdes. Où les producteurs-consommateurs, déjà abrutis dans des tâches salariales inutiles et nocives, sont matraqués de publicités pour des gadgets idiots. Au travail comme au supermarché, les populations sont privées de ce qu’implique socialement et écologiquement ce qu’elles produisent et consomment. Le nucléaire répond au modèle capitaliste, qui ne nourrit que sa propre logique destructrice, celle de l’hypertrophie d’un pouvoir monopolistique, exercé par une caste privilégiée sur une population toujours plus asservie.


Le nucléaire est une énergie d’Etat


Il sous-tend un projet antisocial, antidémocratique, hypothéquant toute velléité d’organisation libre des sociétés. Son combustible uranium provient de gisements situés dans des pays maintenus sous le joug colonialiste, comme au Niger où se perpétue une domination éhontée des firmes occidentales sur les populations locales. Cette technologie née du militaire s’est imposée par la force ; elle reste gérée par des technocrates, sur les décisions desquels les populations n’ont aucune prise. Elle implique en effet un niveau très élevé de surveillance et de contrôle social. Le nucléaire résume le déni de démocratie réelle que suppose l’institution étatique, et en illustre toute l’abomination.


Partisan-e-s d’une société fédéraliste, fondée sur l’autogestion et l’entraide,

 

où les gens décident directement de ce qui les concerne, nous ne pouvons que condamner le nucléaire, et tout ce qui rend cette énergie possible. Mais nous condamnons aussi toutes les pseudo-solutions du « développement durable », expropriant des paysans dans le monde entier pour multiplier les panneaux solaires et les éoliennes. Le « développement » prône toujours plus de productivisme, entraînant l’humanité et la planète dans une destruction irréversible. Notre projet social d’une réappropriation réelle des décisions et des activités par les populations elles-mêmes, pose l’exigence de reconsidérer ici et maintenant les besoins réels d’une part, les ressources et les données environnementales d’autre part. Ce projet ne peut être imposé « d’en haut », il ne peut venir que des populations en lutte.


On ne sortira du nucléaire qu’en l’arrêtant,


et non en le « demandant » pour dans dix, vingt ou trente ans avec des pétitions et des bulletins roses ou verts. On ne sortira du productivisme, dont le nucléaire n’est qu’un avatar, qu’en renversant l’Etat et le Capital. La tâche n’est pas aisée mais elle est incontournable, si nous ne voulons pas voir notre planète irréversiblement transformée en poubelle invivable. Des réseaux de résistance active se tissent : contre l’aéroport de Nantes, contre l’EPR à Flamanville, contre la ligne THT Cotentin, contre la LGV Paris-Bordeaux… Comme au Larzac, comme à Plogoff, la victoire ne dépend que des populations pour tisser des liens et se réapproprier l’action directe contre ce qui les opprime.

 

Groupe Pavillon Noir (Fédération Anarchiste 86)

8 mars 2012 4 08 /03 /mars /2012 17:22

affiche_mod_A4.jpg

La catastrophe survenue au Japon il y a un an montre combien il est nécessaire de stopper immédiatement le nucléaire pour notamment :


Ø  ne plus vivre en sursis. 

Ø  ne plus produire de déchets dont la gestion reposera sur nos enfants. 

Ø  ne plus exploiter, maltraiter, tuer nos amis du Niger (entre autres) où l'on extrait une bonne partie de « notre » uranium. 

Ø  ne pas devoir vivre, comme les japonais, une « demi-vie » (un quotidien contraint à cause de la pollution nucléaire).

Ø  pouvoir changer de société : une société nucléaire est une société autoritaire, policière, militaire dans laquelle seuls quelques experts décident pour tous.

Ø  pouvoir vivre dans un monde différent, où l'on consomme raisonnablement et intelligemment, sans gaspiller et sans mettre en péril la vie d'habitants des pays voisins ni celle de nos enfants. Un monde aussi où la production d'énergie est diversifiée, répartie sur le territoire, choisie localement, gérée de manière transparente, et productrice d'emplois non délocalisables.

 

Alors que, depuis Fukushima, toutes les nations « nucléaires » ont décidé soit de sortir du nucléaire (Allemagne, Suisse,…), soit de continuer à le refuser (Italie,…), soit de suspendre tout projet (USA,…), la France refuse de voir la réalité en face et s’isole.

 

Dans les années 70 et 80, des populations sont parvenues à mettre fin à des projets d'installation nucléaire (Erdeven en 1975 dans le Morbihan par exemple) en s'informant, en informant les personnes et en lançant de grands mouvements sociaux de contestation.

 

Il est indispensable de ne pas oublier la catastrophe et les conséquences de Fukushima, pour mieux éviter une autre catastrophe nucléaire.

 

Vendredi 9 mars, à Vannes : projection du film « Fukushima : histoire d’une population sacrifiée », de David Zavaglia, à la maison des Associations (6 rue de la Tannerie), suivi d'un échange avec le public. 20h30.

 

Samedi 10 mars, au Marché de Merville à Lorient, de 10h30 à 12h00 : rassemblement et die in (venir habillé en blanc si possible).

 

Dimanche 11 mars (1 an après Fukushima !), au Faou (29) : Le Collectif "Nukleel er Maez - Nucléaire dehors" appelle à un rassemblement au bord de la rivière à partir de 11h. 15h36 : onde sonore (apportez vos tambours !) ; 16h : chaîne humaine en solidarité avec le peuple japonais. (Note anars 56 : Pourquoi au Faou ? Car ce lieu se situe entre la base de sous-marins atomiques de l'Ile Longue, à Crozon et la centrale nucléaire de Brennilis qu'Edf tente de démanteler... sans savoir trop comment, combien de temps ça va durer, ni combien ça va coûter ... !)

Covoiturage possible depuis le Morbihan en s'inscrivant à stop-nucleaire56@laposte.net ou en appelant le 06 67 67 27 74

 

http://www.stop-nucleaire56.org

 

Note de Anars 56 : l'affiche est celle du collectif Erreur humaine qui organise un rassemblement à Paris et que nous avons trouvée pertinente.

4 mars 2012 7 04 /03 /mars /2012 21:19

recto flyer appel mars-6c2a9

verso_flyer_appel_mars-f70be.jpg

27 février 2012 1 27 /02 /février /2012 17:26

 

Arrêt immédiat !
En moins de 12 mois, le Japon a fermé 51 de ses 54 réacteurs nucléaires, le dernier qui le sera est annoncé pour juin 2012. Ainsi, en 15 mois, le Japon aura arrêté totalement sa production électro nucléaire.
Il a fallu Fukushima et ses horribles conséquences pour en arriver là. Lire l'actualité de Fukushima, ici : http://fukushima.over-blog.fr/
En France, ce sont 58 réacteurs qu'il faut arrêter ("seulement" 4 de plus qu'au Japon). Faut-il attendre la catastrophe ?

 

26 février 2012 7 26 /02 /février /2012 11:58

En mai 2011, nous relayions sur ce blog l'histoire d'une convocation au tribunal pour de la récupération dans une déchetterie, près de Redon et les questions sociales et écologiques qui y sont liées. Voici la suite de cette "affaire" de "justice" qui vient de nous être transmise :

 

 

"Pour la convocation du jeudi 12 mai 2011 au tribunal à Rennes, quelques personnes sont venues nous soutenir grâce au blog anars 56. Un couple d'individus, ayant travaillé dans le monde du déchet, nous a confirmé l'intérêt financier des grosses entreprises à récupérer nos déchets.

Au final : le délégué du procureur étant absent , « comme tous les jeudis » « puisque tous les jeudis, il travaille sur Redon » (!), nous sommes donc repartis avec nos 2 petites pancartes : retour Redon... Bien qu'il y eut une demande, avant le rendez-vous, de la part de la personne convoquée (habitant près de Redon !), si justement le délégué du procureur était bel et bien présent sur Rennes. Nous y avons été, mais il faut croire qu'au tribunal ils aiment jouer avec nous : au prix du pétrole, rien d'anormal !

Toujours est-il qu'aujourd'hui, après cette blague de mauvais goût, le courrier est attendu, mais il est attendu AVEC un recommandé avec accusé de reception et, aujourd'hui, pas de courrier en ce sens.
De plus, nous attendons un rendez-vous sur Redon où nous pourrons être plus nombreux.
Donc cette histoire aujourd'hui est enterrée, mais pas par nous, par le délégué."

5 février 2012 7 05 /02 /février /2012 17:20

mines duranium

Cliquez sur l'image pour l'agrandir et accéder à la source (IRSN)

Selon le Télégramme du 3 février 2012

Mines d'uranium bretonnes. Un comité de suivi mis en place

Pendant une vingtaine d'années, des mines d'uranium ont été exploitées entre Pontivy et Arzano (29). Un comité de suivi va être mis en place pour étudier d'éventuelles mesures de décontamination.


Du début des années 1960 aux années 1980, plus de 1.120 tonnes d'uranium ont été extraites du sous-sol breton par l'ex-Cogema (Le Télégramme du 4 avril 2010). La mine la plus importante était située au Bonot, à Berné. Elle a produit plus de 400 tonnes de minerai radioactif. Suivait le site de Rosglas, à Meslan, où ont été extraites 144 tonnes d'uranium. La plupart de ces sites ont été fermés sans dispositions particulières, les stériles (les roches extraites qui étaient en contact avec l'uranium) étant le plus souvent à l'air libre. Des taux de radioactivité anormalement élevés - parfois supérieurs à 50 fois la radioactivité naturelle - y ont été relevés, notamment par la Commission de recherche et d'information indépendante sur la radioactivité (Criirad). En juillet 2009, les préfectures du Morbihan et du Finistère sommaient Areva, qui a succédé à la Cogema, de réaliser un bilan environnemental des sites en question. Areva devait rendre son rapport avant avril 2011.

Réunion le 1er mars

Ce document a bel et bien été transmis aux services de l'État. Et, hier, la préfecture du Morbihan nous annonçait qu'un comité de suivi pour les sites concernés dans le Morbihan et le Finistère serait organisé en préfecture le1er mars. «L'objet de ce comité de suivi est de faire un point complet de ce bilan avec les maires des communes concernées et avec les associations. Toutes les interrogations soulevées lors de ce comité seront transmises à Areva pour compléments d'information ou des études supplémentaires». La préfecture a promis qu'une information à destination du public, via les médias, serait programmée ultérieurement.

Pas d'information sur place

Les associations qui ont largement contribué à faire avancer ce dossier, comme Sortir du Nucléaire Cornouaille et Roz Glas, doivent être satisfaites. Il y a quelques jours, Chantal Cuisnier, de Sortir du Nucléaire, que nous avions contactée, s'étonnait qu'aucune mesure visant à informer le public n'avait été mise en place. «On ne demande pas d'isoler la zone. Simplement d'avertir les promeneurs des dangers qu'ils pourraient encourir en y stationnant trop longtemps. Une des anciennes mines est traversée par un chemin de randonnée. Cela fait trois ans qu'on demande que ces mesures soient prises et rien n'est fait. Je tiens à rappeler que certains sites ont été découverts par nos adhérents. On a découvert des choses aberrantes. À Quistinic, par exemple, une famille vivait à quelques mètres de l'ancienne mine. Elle était exposée à un niveau de radiation supérieur à 25 fois le niveau naturel». À Bubry, ce sont des milliers et des milliers de m³ d'eau radioactive pompés dans la mine qui ont été déversés sur les terres d'une propriété.

 

Pour aller plus loin, voir le site de Sortir du nucléaire Cornouaille (les liens ci-dessous sont extraits de ce site)

 

Consultez :

- les rapports de la CRIIRAD

- Ex-mines d’uranium : y a-t-il un réel danger ? (Ouest France - 9 octobre 2010)

- [Vidéo France 3 du 23 juillet 2008] Anciennes mines d’uranium en Bretagne

- Anciennes mines d’uranium. Quid de la décontamination ? (Article Le Télégramme 23 juillet 2008)

20 janvier 2012 5 20 /01 /janvier /2012 12:56

 

 

 

 

Une cinquantaine de personnes étaient présentes au débat de vendredi 13 janvier, sur l'accaparement des terres par l'agriculture industrielle. Nous remercions une nouvelle fois Jean-Pierre Tertrais d'être intervenu sur le sujet.
Les échanges ont tourné autour de la responsabilité individuelle sur l'état de la situation... mais aussi sur quelques moyens d'y remédier : engagement associatif (Amap, bio...), politique (au sein ou contre les institutions), le squat (à la manière des habitant-e-s de la ZAD où pourrait se construire l'aéroport international de Notre-dame-des-Landes (44)), les cyclo-paysans et la recherche de terres par des jeunes des villes qui veulent s'installer comme petits paysans en poly-activités, sans être propriétaires... mais aussi sur les résistances actuelles de populations paysannes partout dans le monde, notamment en Afrique et en Amérique du Sud... etc.
Nous remercions chaque personne qui a fait le déplacement. La salle était pleine. Les @narEs ont le sens de la jauge !
Le débat a été filmé et devrait être visionnable bientôt. Voici le texte de Jean-Pierre qui a lancé la problématique de la soirée.

 

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Conférence Vannes janvier 2012 : accaparement des terres

Selon le dictionnaire, «accaparer», c'est acquérir ou conserver en grande quantité pour faire monter le prix, détenir le monopole, conserver pour son usage exclusif. Ce qui est au cœur du phénomène d'accaparement, c'est donc bien la propriété privée. Cette propriété privée n'est pas une loi naturelle comme tentent de nous le faire croire les libéraux, mais le produit d'une longue évolution culturelle, et notamment de la division du travail. Elle permet l'accumulation de biens et définit des relations sociales en divisant la société en riches et en pauvres.

S'agissant de la terre, le communalisme tribal a fonctionné des millions d'années. Pendant longtemps la propriété revient aux communes, et les champs sont exploités par les paysans locaux qui profitent ensemble des récoltes. Le capitalisme va favoriser l'appropriation des terres en trois étapes essentielles.

Première étape : les enclosures

On appelle mouvement des enclosures les changements qui, dès le 12e siècle mais surtout à partir de la fin du 16e et au 17e siècle, ont transformé, dans certaines régions de l'Angleterre, une agriculture traditionnelle dans le cadre d'un système de coopération et communauté d'administration des terres en système de propriété privée des terres (chaque champ étant séparé du champ voisin par une barrière, voire un bocage). Les enclosures marquent la fin des droits d'usage, en particulier des communaux, dont bon nombre de paysans dépendaient.

Plusieurs raisons sont invoquées pour justifier ce qu'on peut appeler un vol :
° l'absence de cadastre nécessitait, pour les accapareurs, de matérialiser les limites foncières ;
° les haies permettaient de parquer les animaux et de se protéger des bêtes errantes ;
° ces haies, les fossés, les talus sur lesquels elles sont plantées, assurent plusieurs fonctions écologiques, et même économiques : régulation et drainage de l'eau, protection contre le vent, production d'arbres fruitiers, de bois de chauffage.
Mais la raison principale est la suppression des droits d'usage (vaine pâture, communaux).

Ce mouvement s'accompagne le plus souvent de l'utilisation de nouvelles techniques (rotations), de nouvelles cultures. Il est souvent présenté comme le moyen permettant de passer d'une agriculture jugée peu productive à une agriculture plus intensive. C'est pourquoi il peut être considéré comme une première étape dans la construction du capitalisme, du développement économique. Les champs ouverts et les pâturages communs ont en effet été convertis par les riches propriétaires fonciers en pâturages pour des troupeaux de moutons, pour le commerce de la laine alors en pleine expansion.

Il n'est donc pas surprenant que la naissance du capitalisme engendre aussitôt des conséquences sociales négatives : la richesse des uns s'établit sur la misère des autres. Dans l'immédiat, cette appropriation d'espaces préalablement dévolus à l'usage collectif a supprimé les possibilités de pacage et de glane à l'ensemble des habitants. Beaucoup de paysans seront, par la suite, progressivement privés de leurs terres de toutes sortes de manières : non-renouvellement des baux à durée limitée, reprise des terres au moment des décès et des mutations, évictions abusives... Ainsi la majorité de la petite paysannerie se trouvera réduite au salariat agricole ou industriel, à la mendicité, à l'exode vers les villes. Très vite, une grande partie de la terre se trouve aux mains d'un nombre réduit de grands propriétaires.

Le même phénomène se déroulera un peu partout, avec des modalités et des rythmes différents. La noblesse française, contrairement à l'aristocratie d'Outre-Manche, ne s'est pas tournée vers l'agriculture commerciale, fondée sur de grandes fermes employant des salariés agricoles. Pour l'essentiel, les grands gagnants de la redistribution  effectuée à la suite de la confiscation des biens de l'église et d'une partie de la noblesse, sont la couche « moyenne » de deux à trois millions de personnes : paysans aisés, bourgeois agraires.

En favorisant l'accès à la propriété individuelle au détriment des solidarités communales antérieures et de la gestion collective des espaces villageois, la réforme agraire réduit les bases de survie de ceux qu'on appellerait aujourd'hui les « paysans sans terre » : la grande masse des manœuvres, domestiques, saisonniers qui représentent environ dix millions de personnes, auxquelles il faut ajouter le million de vagabonds et de mendiants parcourant villes et campagnes. Il faudra attendre 1881 pour que soient votés les premiers textes du code rural, et 1946 pour avoir un statut du fermage.

Dans le même registre, on peut aussi évoquer la déportation des Indiens d'Amérique qui résulta d'une loi datant du 26 mai 1830, et qui répondait à la soif toujours plus grande d'espaces de la part des Blancs. Cette loi ordonnait le déplacement des Indiens vivant dans les territoires compris entre les treize Etats fondateurs et le Mississipi, vers une région située à l'ouest du fleuve. Au moins 60 000 Amérindiens ont été concernés, plusieurs milliers sont morts de faim (hécatombes de gibier : plus de dix millions de bisons abattus entre 1872 et 1874), de maladie (choléra, variole...), d'épuisement, de froid, ou par les armes à feu. Comme disait un chanteur canadien, des Amérindiens, de plus en plus amers, de moins en moins indiens.

C'est cette présence insupportable des Indiens pour les nouveaux arrivants qui engendrera le plus souvent un engrenage infernal pour les Indiens : proposition de traités, non-respect de ces traités par les Blancs, colère des Indiens, écrasement militaire et confinement dans des réserves.

Deuxième étape : la course à l'agrandissement

Vers le milieu des années 1950, un ministre américain de l'agriculture lançait cet avertissement aux membres de la profession : « Agrandissez-vous ou déguerpissez ». Par sa nature même, le système capitaliste ne peut fonctionner qu'à grande échelle. Il fallait donc de grandes, si possible de très grandes exploitations pour vendre des machines toujours plus puissantes et sophistiquées, et des quantités toujours plus importantes d'engrais et de pesticides.

Favorisée par un potentiel exceptionnel en matière de relief, de climat, de ressources, de sols et par des exploitations de taille moyenne déjà plus élevée qu'en Europe, l'agriculture américaine passe très rapidement la vitesse supérieure : grandes monocultures, nouvelle génération de chefs d'entreprises disposant des technologies les plus récentes. Dans plusieurs régions, une seule personne peut gérer efficacement une exploitation dépassant 400 ha. Le résultat, c'est que le nombre des exploitations agricoles américaines, qui s'élevait à 5 830 000 en 1950 passe à 3 900 000 en 1960, à 2 900 000 en 1970, à 2 400 000 en 1980, à 2 200 000 en 1990. La superficie moyenne des exploitations est passée de 85 ha en 1950 à 190 ha en 1990 (en sachant que les plus importantes, supérieures à 400 ha, occupaient 63,4 % de la superficie agricole utile en 1990).

Il faut, bien entendu, rappeler que le terrain avait été largement défriché par les conséquences de la Grande dépression. La terre appartenait alors essentiellement à quelques gros propriétaires et surtout à des sociétés anonymes ou des banques. La sécheresse et les tempêtes de poussière qui, pendant une dizaine d'années, avaient détruit les récoltes et érodé les terres, obligèrent près de trois millions de personnes à quitter leurs terres et ne feront qu'accélérer l'éviction programmée des fermiers. Le regroupement des terres permettra la mécanisation et la division du nombre d'exploitants par douze à quinze.

Cette course à l'agrandissement n'a évidemment pas lieu seulement aux Etats-Unis. Au Canada, en Australie, en Argentine, on observe un doublement de la superficie moyenne des exploitations agricoles en un tiers de siècle. En France, la taille moyenne passe de 16ha en 1950 à 34ha en 1990. Mais surtout, la part des très grandes (plus de 50ha) s'accroît rapidement. La surface totale des terres agricoles étant plutôt en régression (à cause de l'urbanisation notamment, c'est l'équivalent d'un département, en France, qui disparaît tous les dix ans), si certaines exploitations s'agrandissent, c'est que d'autres diminuent...ou disparaissent. Ainsi, la France comptait 2 300 000 exploitations en 1950, 1 600 000 en 1970, 1 200 000 en 1980,  960 000 en 1990, 700 000 en 2000, environ 450 000 aujourd'hui.

Il fallait mettre en place des moyens fiables pour éliminer régulièrement une partie des agriculteurs. Lorsque De Gaulle revient au pouvoir en 1958, deux experts, Louis Armand et Jacques Ruef, remettent au chef de l'Etat leur rapport pour jeter les bases d'une nouvelle expansion économique, et faire de la France une grande puissance industrielle. Heureuse coïncidence : l'industrie aura besoin de plus en plus de main-d'oeuvre, l'agriculture... de moins en moins.

Le rapport en question exprimait précisément : « Le mécanisme des prix ne remplira son office dans le secteur agricole qu'en infligeant aux agriculteurs, presque en permanence, un niveau de vie sensiblement inférieur à celui des autres catégories de travailleurs ». L'objectif était clair : favoriser ceux dont le système avait besoin, les exploitations performantes, capables financièrement de s'équiper en matériels et produits vecteurs de modernisation ; rendre les conditions de travail des autres, les futures victimes, de plus en plus difficiles.

Ainsi, divers instruments vont être façonnés pour opérer cette monstrueuse discrimination :
° Les prêts accordés par le système bancaire, notamment le Crédit Agricole, ne sont pas identiques pour tous. Ceux qui disposent au départ d'une situation plus confortable, ceux qui se trouvent bien en cour dans le monde des notables, ceux qui disposent d'appuis politiques sûrs, ceux qui acceptent de s'engouffrer dans la voie de la modernisation, de l'intensification, de la spécialisation, c'est-à-dire de se plier aux impératifs des sociétés multinationales... ceux-là obtiennent des prêts avantageux.
° L'attribution des multiples aides, primes, subventions ouvre la porte à toutes les discriminations. Parce que les aides sont liées à la surface, on conforte ainsi des situations acquises. C'est le développement inégal cumulatif. Les exploitations de grandes cultures, céréales et oléo-protéagineux, se taillent la part du lion. Ainsi, près de 80% des aides iront aux 20% des agriculteurs déjà les plus favorisés.
° Le remembrement, ou réaménagement foncier, renforcera cette « épuration » : pratiques de passe-droits qui lèsent les propriétaires les moins bien armés, système de copinage, intimidation, partialité de la commission des litiges... C'est souvent au détriment des mêmes personnes que les injustices se cumulent : terres plus éloignées ou de qualité inférieure, perte de points d'eau, de surfaces boisées...
° Le laxisme et même la complicité des pouvoirs publics permettent aux moins scrupuleux de conquérir des parts de marché, pénalisant ceux qui respectent la réglementation. Ainsi, 40% de la production porcine en Bretagne s'est faite au-delà des autorisations légales.

Quand on établit son bilan, la face cachée de la modernisation de l'agriculture ressemble à un cauchemar. En moins d'un demi-siècle, l'agriculture productiviste a hypothéqué les ressources en eau, mis en péril la santé des agriculteurs et des consommateurs, provoqué la disparition de nombreuses petites exploitations, et donc aggravé le chômage, accentué les déséquilibres entre régions et la désertification rurale, entraîné la perte de fertilité des sols, détruit des paysages bocagers, causé la diminution de la qualité des produits alimentaires, augmenté le coût du stockage de certains produits, favorisé la mainmise de quelques grandes firmes sur les réserves génétiques, compromis l'autosuffisance alimentaire du Sud, le tout en absorbant la moitié du budget européen.
Autrefois, le paysan était asservi au notable, il l'est désormais à l'argent.
Hier, la fonction de l'agriculture était de nourrir les hommes ; elle est aujourd'hui de réaliser des profits.

Tiers_monde.jpgOn peut, là aussi, développer une des conséquences annoncées : la mise à mal de l'autosuffisance alimentaire du Sud, en ce qu'elle concerne un vol de terres qui peut se résumer par la formule  « quand la vache du riche affame le monde ».
40% des céréales cultivées dans le monde sont destinées à l'alimentation du bétail.
Plus des trois-quarts des terres agricoles sont consacrées aux animaux d'élevage.
Pour récupérer une calorie d'origine animale, il faut en moyenne sept calories d'origine végétale.
Il y a bien concurrence entre l'alimentation animale et l'alimentation humaine. Il a été calculé que l'Europe utilise sept fois sa superficie agricole en terres du « tiers monde » pour la production d'aliments destinés au bétail. On peut considérer que (presque) chaque habitant des pays industrialisés est « possesseur » d'un morceau de terre dans les pays pauvres. Il s'agit bien d'un vol.

Troisième étape : la terre, matière première capitale, objet de spéculation

La crise alimentaire est sans doute la principale cause d'un phénomène qui s'accélère depuis plusieurs années, l'accaparement des terres – achats ou locations – notamment agricoles, en Afrique, en Asie, en Amérique latine, en Ukraine, par des gouvernements ou des entreprises privées (agroalimentaire ou secteur financier), soit pour assurer leur sécurité alimentaire, soit en tant qu'investissement. Dans de nombreux cas, ces terres sont présentées, bien entendu, comme « inutilisées », « dégradées » ou « sous-exploitées », alors qu'elles sont, au moment de leur acquisition, utilisées par des familles pauvres qui y cultivent les produits dont elles se nourrissent. La réalité, c'est que ces accapareurs cherchent plutôt des terres fertiles avec une certaine disponibilité en eau, la proximité des infrastructures, un potentiel de croissance de la production agricole, une politique foncière favorable, et si possible une main-d'oeuvre bon marché et peu au fait de ses droits. La « réalisation d'infrastructures », la « création d'emplois et de richesses », le « transfert de technologie », la « préservation de zones d'intérêt écologique » ne sont que des prétextes. Le résultat, c'est que les Etats les plus pauvres finissent par brader leurs ressources foncières. La terre devient donc une valeur refuge sans risques excessifs. Les principaux acheteurs actuels sont les Etats du Golfe (qui importent de 69 à 90% de leur nourriture), la Chine (qui doit nourrir 1,4 milliard de bouches, soit près du quart de la population mondiale, avec seulement 7% des terres arables), l'Inde, la Corée du Sud, l'Afrique du Sud...

Bien que, par manque de transparence, la quantité disponible de données fiables et détaillées dans ce domaine soit faible, on estime qu'au cours des dix dernières années, plus de 200 millions d'hectares de terres agricoles dans les pays dits en développement ont fait l'objet de négociations avec les investisseurs internationaux (une superficie équivalente à huit fois la taille du Royaume-Uni), les deux tiers se situant en Afrique subsaharienne. Le manque de devises et d'infrastructures agricoles modernes favorise ces transactions, lesquelles sont généralement arrangées par des intermédiaires locaux qui empochent évidemment de substantielles commissions. Alors que dans ces pays, près d'un milliard de personnes manquent de nourriture et un autre milliard souffre de formes diverses de malnutrition ; la hausse des prix alimentaires, depuis 2008 puis à nouveau fin 2010, venant aggraver la crise, notamment dans la Corne de l'Afrique. Et rappelant combien l'accès à la terre est essentiel pour des centaines de millions de ménages vivant en situation d'insécurité alimentaire. Non seulement l'accaparement des terres aggrave le problème de la faim, mais il condamne souvent au chômage et à l'exode, dévitalisant le tissu économique des zones rurales, exacerbe la pauvreté et les conflits, perturbe la vie sociale et culturelle des populations, contribue à la perte des connaissances et savoir-faire agricoles, accroît l'impact écologique. Il devient de plus en plus difficile et dangereux de vivre de la terre. Or les agricultures paysannes et familiales sont les mieux placées pour répondre aux besoins alimentaires des populations, pour assurer une production vivrière agro-écologique.

La production alimentaire et fourragère n'est pas le seul moteur de ces transactions foncières. Ces terres sont également achetées pour la production d'agrocarburants, galvanisée par les politiques de soutien à ces agrocarburants aux Etats-Unis et dans l'Union européenne. Ou pour effectuer des plantations dont l'objectif est de bénéficier de crédits carbone. Ou encore pour viser le contrôle de ressources stratégiques en anticipant les pénuries ou les tensions à venir (c'est-à-dire des immobilisations foncières avec l'idée de s'approprier les richesses du sous-sol).

accaparement des terres helicoLa ruée vers les terres n'est pas un fait vraiment nouveau : dès la fin des années 1980, la libéralisation croissante des mouvements de capitaux et des législations nationales incite les grandes entreprises à acheter des terres. Mais c'est la première fois dans l'histoire que le phénomène est complètement mondialisé. Et ce phénomène, qui commence à ressembler à un Monopoly planétaire, voire à un néocolonialisme agraire, ne peut que s'amplifier dans les années à venir, plusieurs processus conjuguant leurs effets : la demande grandissante de denrées alimentaires due surtout à la croissance économique des pays émergents (et notamment l'évolution des régimes carnés) et aussi à l'accroissement de la population mondiale – plus de 70 millions d'individus nouveaux chaque année) ; l'accélération du changement climatique (avec des incidences plutôt négatives sur la production alimentaire) ; la raréfaction de la ressource en eau (l'agriculture consomme 70% de cette ressource) ; le développement, on l'a vu, des agrocarburants ; la spéculation sur le foncier. Autant de facteurs qui risquent de rendre, dans un avenir proche, les conditions de vie très inconfortables, voire intolérables, pour une grande partie de l'humanité.

Que faire face à cette privatisation de l'espace,  à cette marchandisation du vivant ?

D'abord, l'histoire montre que des luttes ont toujours été menées contre l'exploitation et la domination. Un peu partout, de nombreuses jacqueries porteront des revendications vers plus de dignité (réduction des charges, abolition du servage...). Mais parce que les participants étaient toujours mal organisés, mal équipés, ces soulèvements ont toujours été réprimés par la force, comme dans les Midlands en 1607 suite à la clôture des communaux, où une cinquantaine de paysans ont été pendus. Il reste que ces révoltes ont marqué l'émergence du peuple en tant que force politique.

Pour la suite de l'histoire, il faut rappeler que si la nuit du 4 août (1789) libère les paysans de servitudes intolérables, elle ôte également toute limitation à la propriété. Le 26 août, l'article 17 de la Déclaration des Droits de l'homme consacrera la propriété comme un « droit inviolable et sacré dont nul ne peut être privé ». Ce n'est qu'avec la reconnaissance du droit d'association, et grâce aux luttes ouvrières, que se développent à partir de la fin du 19e siècle de nouvelles formes de solidarité : syndicats, coopératives, mutuelles.

Le syndicalisme agricole, toutefois, est largement dessiné, en France, par la toute-puissante FNSEA dont les racines plongent dans l'extrême-droite et le régime de Vichy, et qui s'est toujours compromise dans la cogestion avec le pouvoir en place. A partir des années 1965-1967, certains syndicalistes vont analyser les conflits de la France rurale en termes de lutte des classes – les travailleurs-paysans. Estimant que les industries agroalimentaires et les « coopératives » contribuent à l'exploitation et à la prolétarisation des paysans qui doivent augmenter constamment le volume de leur production afin de préserver leurs revenus, ils prônent une alliance avec les ouvriers (ils lutteront d'ailleurs aux côtés des salariés dans les conflits de Lip et du Joint français).

Au niveau international, Via Campesina coordonne les luttes de plus de 70 organisations de paysans, de travailleurs agricoles, de femmes rurales, de communautés indigènes provenant des cinq continents avec des objectifs tels que l'amélioration des conditions de vie, la participation des femmes à la vie politique, sociale, économique, la souveraineté alimentaire, la propriété collective de semences, la protection de l'environnement...
accaparement-des-terres-resistance.jpg
Aujourd'hui, les luttes n'ont pas nécessairement faibli : au Mexique, au Brésil, au Chili, au Honduras, des populations se battent pour récupérer et occuper de bonnes terres cultivables, être reconnus en tant que peuples, disposer d'un territoire autonome. Mais les moyens dont dispose l'adversaire sont devenus considérables : ressources financières, pouvoir médiatique, renforcement de la propriété intellectuelle, protection juridique, brevets sur les logiciels ou sur les inventions, recours à l'armée. Le capitalisme investit tous les domaines. L'aspect le plus grave est sans doute le fait que les firmes biotechnologiques visent le monopole de la production de semences en lançant sur le marché des espèces dont elles détiennent les brevets. Or cette course aux brevets est l'aboutissement d'un processus qui a débuté, on l'a vu, il y a cinq siècles, celui de l'appropriation et de la privatisation des écosystèmes, de la biosphère. De la propriété privée des moyens de production à celle des moyens de reproduction,  la boucle est bouclée !

Concernant la terre, qui forme le bien le plus ancré dans la propriété privée, tous ces combats buttent sur le foncier. Si les populations paysannes ont su arracher des réformes agraires, c'est parce que le souci des dirigeants était le maintien de la paix sociale. Mais chaque fois, les gouvernements ont été contraints d'enclencher des contre-réformes agraires sous la pression des gros propriétaires, du néolibéralisme, du capitalisme financier. Dans les pays pauvres, les programmes d'ajustement structurel ont signifié la fin du soutien des Etats au secteur agricole vivrier au profit du secteur agro-exportateur. Cette situation se prolonge aujourd'hui avec l'appropriation massive des terres agricoles à des prix dérisoires. La collusion entre les Etats et le capitalisme doit apparaître clairement.

Tant que les mouvements de lutte se limiteront à exiger des négociations sur la sécurité alimentaire, des mécanismes d'intervention sur les marchés, un moratoire sur les investissements à grande échelle dans le foncier ou sur les OGM, les paysans continueront à mourir sous les balles ou à se suicider, acculés à la faillite et à la misère. Les peuples n'auront que ce qu'ils prendront.

Chacun sait pertinemment qu'aucun gouvernement ne mettra en œuvre une réelle réforme agraire dans l'égalité. Et de toutes façons, l'égalisation d'un jour ne serait que le point de départ d'une nouvelle course à l'inégalité des fortunes. Même à dose homéopathique, le capitalisme est mortel. C'est la raison pour laquelle Gracchus Babeuf, partisan de l'égalité sociale et de la propriété collective, s'était opposé à la réforme agraire après la révolution : « La loi agraire, ou le partage des campagnes, fut le vœu instantané de quelques soldats sans principes, de quelques peuplades mues par leur instinct plutôt que par la raison. Nous tenons à quelque chose de plus sublime et de plus équitable, le Bien Commun ou la communauté des biens ! Plus de propriété individuelle des terres : la terre n'est à personne. Nous réclamons, nous voulons la jouissance communale des fruits : les fruits sont à tout le monde. » (Manifeste des Egaux)

Comme le soulignait Proudhon, la propriété est le problème « le plus grand que puisse se proposer la raison, le dernier qu'elle parviendra à résoudre. » Pour y parvenir, non seulement les populations ne pourront compter que sur leurs propres forces, mais il faudra que ces forces soient décuplées : courage, volonté, détermination pour privilégier la coopération par rapport à l'individualisme. Rien moins que d'inverser le cours de l'histoire. La mise en commun des terres et leur gestion collective, c'est ce qu'une partie du peuple espagnol avait osé faire pendant la Révolution de 1936. Alors pourquoi ne pas suivre cet exemple ?

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