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22 février 2012 3 22 /02 /février /2012 23:40

D'après le mémoire de Patrick G. (merci à lui !), étudiant en histoire à l'Université Bretagne Ouest en 1980... à partir des archives de... la police (!), donc bien peu complaisantes, c'est le moins qu'on puisse dire ! A lire avec le recul nécessaire par conséquent... Décidément, l'engeance policière reste égale à elle-même à toute époque... mais nous aussi, contre leur monde, restons égaux à nous-mêmes et portant haut le drapeau de l'émancipation !

 

Pour lire l'étude (34 pages au formaf Pdf), cliquez ici !

 

Voici le sommaire :

 

 

L’apparition de l’anarchisme à Brest


(1889-1903)

 

 

Sommaire

Avertissement  page 1

 

1°) Les frémissements page 1

 

2°) Le premier essor de l’anarchisme à Brest (1892) page 2

 

3°) La Maison Carrée de Lambézellec page 5

 

4°) L’organisation des anarchistes de la région brestoise page 8

 

5°) La campagne abstentionniste de 1893 page 10

 

6°) Le recensement des anarchistes à la fin de 1893 page 13

 

7°) La répression de l’anarchisme à Brest page 14

 

8°) Le second recensement des anarchistes (fin 1894) page 17

 

9°) La reprise de la propagande anarchiste page 18

 

10°) Le troisième recensement des anarchistes (fin 1896) page 20

 

11°) L’enracinement de l’anarchisme à Brest page 21

 

12°) Epilogue page 25

 

 

        Notes page 27

 

 

18 juillet 2011 1 18 /07 /juillet /2011 23:07

 

 

 

VIVRE L'UTOPIE ! (témoignages et images d'archives sur 1936-39 en Espagne) - Ci-dessous documentaire d'1h34 diffusé sur Arte en 2000


Negras tormentas agitan los aires
Nubes oscuras nos impiden ver.
Aunque nos espere el dolor y la muerte
Contra el enemigo nos llama el deber.
El bien más preciado es la libertad
Hay que defenderla con fe y valor.
Alza la bandera revolucionaria
que del triunfo sin cesar nos lleva en pos
Alza la bandera revolucionaria
que del triunfo sin cesar nos lleva en pos
En pie el pueblo obrero, a la batalla
Hay que derrocar a la reacción.
¡ A las barricadas ! ¡ A las barricadas !
Por el triunfo de la Confederación.
¡ A las barricadas ! ¡ A las barricadas !
Por el triunfo de la Confederación.
28 mai 2011 6 28 /05 /mai /2011 10:05

"Victor Serge, l'homme double", écrit par Jean-Luc SAHAGIAN, préfacé par Yves PAGES, est paru aux éditions Libertalia en mai 2011. 235 pages, 13 euros. Disponible à la librairie Publico.

 


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Pour le Monde libertaire, nous avons interviewé l'auteur. Une petite présentation de Victor  Kibaltchitch, dit "le rétif", dit Victor Serge, permettra de situer le lascar. Né en 1890 en Belgique d'émigrés russes révolutionnaires, un peu avant sa majorité, il fréquente les communautés libertaires belges et françaises, avant de s'installer en région parisienne pour devenir rédacteur au journal "l'anarchie" de tendance anarchiste individualiste. Il se retrouvera em prisonné après l'affaire de la Bande à Bonnot. Il est expulsé ensuite en Espagne où, ouvrier typographe, il se syndiquera à la CNT en 1917 et participera à la revue Tierra y Libertad. Quand la révolution russe éclate, il fait route vers la Russie où il s'engage au Parti bolchévik. Il rentre peu en peu en dissidence en devenant opposant à la ligne stalinienne au profit de celle élaborée par Trotsky. Proscrit, il est de nouveau expulsé en Belgique puis en France. Au cours de ces années il devient aussi un grand écrivain de renommée internationale. Réfugié à Marseille durant la guerre, il doit  s'exiler vers le Mexique où il meurt en 1947. Aussi, ce livre permet-il d'envisager sous un angle original, les périodes de l'illégalisme anarchiste français des années 1910, les révolutions russe (1917) et espagnole (1936) à travers un acteur important de ces moments historiques, tout en gardant un regard à la fois émouvant et distant. Ces questionnements nous interpellent toujours aujourd'hui.

 

De quand date ta rencontre avec Victor Serge ?


Je l'ai rencontré il y a quelques années en lisant les "Mémoires d'un révolutionnaire". Je ne suis pas un spécialiste de Victor Serge ni de quoi que ce soit. Si j'ai commencé à m'intéresser à lui et à écrire sur lui, c'est parce qu'il m'interrogeait. C'était aussi une sorte de jeu. Sans plan préétabli, j'ai commencé à écrire sur cet homme et sur certains aspects de sa vie et de sa pensée. Au fur et à mesure de l'écriture, d'autres livres, d'autres itinéraires et d'autres aspects de l'œuvre de Serge venaient compléter ou parfois infirmer ce dont j'avais déjà parlé et me donnaient envie d'écrire davantage. Je suis aussi allé rechercher des documents, lettres ou journaux, aux archives à Paris, à la BDIC de Nanterre ou à l'Institut d'histoire sociale d'Amsterdam.

J'ai choisi de ne parler dans cet essai que des choses qui m'intéressaient, ce n'est pas une biographie. Ce sont donc certains aspects de Serge qui font écho aujourd'hui chez moi et peut-être chez d'autres personnes : par exemple, son rapport au pouvoir, à l'écriture, à l'amour...

 

Comment as-tu construit ton livre ?


Ce livre ne suit pas un ordre chronologique, c'est plutôt une errance dans une vie et à travers cette vie, dans le XXème siècle. Par exemple, dans le premier chapitre intitulé "l'homme lisse", je pars d'une photo de Serge datant de 1919 lorsqu'il vient d'arriver en Russie. J'ai mis ce portait en regard avec d'autres descriptions cette fois littéraires. De cet ensemble est ressortie l'image d'un homme dissimulant souvent ses sentiments. J'essaie de montrer en quoi cet homme est emblématique du siècle, emblématique du milieu bolchévik fondé sur une certaine duplicité, un refus de montrer ses sentiments. Comme s'il était sans faille, failles qui se révèleront plus tard.

Mon livre est un genre de puzzle aux pièces qui ne s'ajustent pas obligatoirement de manière parfaite, ce n'est pas une image définitive de Serge. C'était quelqu'un agité de courants contradictoires. Il s'est engagé pleinement dans son époque et a porté ainsi un certain nombre de saloperies. Il n'était pas d'un seul bloc : certains le présentent comme un résistant anti totalitaire, d'autres comme un révolutionnaire, d'autres encore comme un renégat à la cause libertaire... comme s'ils voulaient en faire une statue.

Mon livre développe donc un point de vue subjectif sur cet homme, sur ce que ça renvoie en moi aujourd'hui.

 

Tu as choisi de parler assez longuement de la jeunesse de Serge dans le milieu anarchiste individualiste... pourquoi ?


Parce qu'à mon sens c'est un moment de sa vie qui est important, qui va le travailler jusqu'à la fin même s'il choisit de mettre cette période en sourdine, un peu comme si c'était des erreurs de jeunesse.

Sa formation intellectuelle n'en fait pas un bolchévik comme les autres. D'ailleurs, lors de l'enterrement de Kropotkine, c'est le seul bolchévik à être accepté par les anarchistes, il était encore vu comme un camarade, peut-être à tort.

J'essaie de montrer une évolution beaucoup plus heurtée que ce que Serge a voulu raconter. Son passage de l'anarchisme au bolchévisme ne s'est peut-être pas fait aussi simplement que ce qu'il écrit, en tout cas pas de manière continue, harmonieuse. Peut-être que sa manière de parler de l'anarchisme individualiste et de sa fréquentation des membres de "la bande à Bonnot" révèlent un échec d'une certaine manière dérisoire au regard de son engagement dans la révolution russe. Alors que l'échec de celle-ci est grandiose ! Pour lui, son engagement bolchevik, c'est l'Histoire, alors que sa fréquentation des "hommes perdus" de la bande à Bonnot, c'est juste un fait divers.

 

Tu parles beaucoup du rapport de Serge à l'écriture, cela te semble essentiel ?


Ce qu'il y a d'étonnant chez Serge, c'est le fait qu'il mette constamment sa vie en scène dans des livres : ses romans ou ses mémoires. Il vit plein d'événements cruciaux du siècle, en n'hésitant pas à se mettre dedans, à se mettre en danger, que ce soient avec les anars, avec les bolchéviks, avec Trotsky plus tard. Il n'est pas un simple témoin, un simple spectateur. Il est aussi, presque parallèlement, un écrivain de cette vie. Il met en scène les événements qu'il traverse, il les réécrit, les réorganise et les réagence. Il en occulte une partie aussi. C'est d'abord un propagandiste et un idéologue, qui se transforme en écrivain. Il y a toujours chez lui cette hésitation entre la vérité et le mensonge.

 

Dans cet homme double, il y a aussi ce rapport au Pouvoir et à sa critique...


Je voulais tenter de comprendre les moments de sa vie où il est traversé par ces deux ressorts contradictoires : par exemple le moment où il vient en Russie et où il va directement participer au pouvoir en prenant sa carte au parti et en se mettant au service de la propagande. A ce moment, il est happé par le pouvoir, mais il faut dire aussi qu'il se laisse happer, on pourrait ajouter qu'il le sait et même qu'il vient dans cette disposition d'esprit.

Au moment de Cronstadt, la question se pose de nouveau : car on voit ce que le pouvoir d'État signifie concrètement (la répression féroce des marins et révolutionnaires du port de Cronstadt par l'État Bolchevik). C'est alors qu'il va s'éloigner quelques temps du pouvoir et aller vivre en communauté à la campagne : dans ce moment de doute, il préconise même un communisme des associations, revenant ainsi vers les idées libertaires. Sans doute songe-t-il à abandonner un temps le pouvoir. Mais tout de suite après l'échec de cette tentative communautaire et parce qu'il lui est impossible d'être en-dehors des événements, il renoue avec le pouvoir et va en Allemagne au service du Komintern.

De même pendant la guerre d'Espagne, alors qu'il est exilé en Belgique, il regrette que les anarchistes, qui sont puissants au début de la révolution et de la guerre civile, n'aient pas pris la totalité du pouvoir. Il pense que les anars sont inconséquents et regrette aussi que le POUM, le seul parti qui soit, selon lui, héritier des bolcheviks de 1917, ne soit pas plus puissant. Il n'a pas tiré vraiment les leçons de la transformation si rapide des bolcheviks en maitres absolus et impitoyables.

 

On peut dire aujourd'hui que le XXème siècle a été complètement pourri par cette question du pouvoir et de l'État : totalitaires (staliniens et nazis) ou démocratiques, qui deviennent super puissants, qui s'immiscent dans toute la société. Cela entraîne la quasi-impossibilité de poser la question de l'État, de sa critique, comme s'il n'y avait qu'une seule voie possible. Les premiers à avoir réussi une révolution ont finalement choisi le même type d'organisation que leurs ennemis. La face du monde aurait pu être différente si d'autres choix avaient été faits par les bolchéviks ou s'ils n'avaient pas éliminé tous les autres. Cela a ensuite produit la même logique dans les bouleversements sociaux suivants du XXème siècle et Serge a aussi, malheureusement, participé à la construction de ce sinistre modèle.

 

 

En quatrième de couverture, tu es présenté comme participant à une bibliothèque libertaire dans les Cévennes. Depuis quand existe-t-elle, comment fonctionne-t-elle, c'est quoi une bibliothèque libertaire tout simplement ?


Cette bibliothèque existe depuis 3 ans, elle se trouve à St Jean du Gard au 152 grand'rue. Elle fonctionne sur le principe de la gratuité (sans droit d'inscription) et sans subvention. Les événements qui y sont organisés (discussions, débats, projections, lectures, repas) sont aussi gratuits et collectifs. Ce lieu est ouvert à tous et on peut venir y partager des textes, des questionnements, des émotions, une tisane, un verre de vodka... Je crois même que des histoires d'amour ont pu commencer dans cette bibliothèque ! On peut y trouver aussi bien de la BD, de la poésie et de la littérature que des livres et des brochures portant sur la question sociale. Ce fonds est alimenté par les dons de nombreux éditeurs, libertaires et autres (ainsi que par nos bibliothèques personnelles). Il y a 3 permanences par semaine et des événements publics hebdomadaires. Enfin, de temps à autre, paraît « le bulletin des compagnons de nulle-part », recueil de textes et d'impressions sur un thème particulier. Le numéro douze, paru en avril, évoque le voyage. Ce bulletin peut être trouvé gratuitement à la bibliothèque.

26 février 2011 6 26 /02 /février /2011 10:41

Eugene-Riguidel.jpg

 

  Après Gilles Servat, voici un autre gars du coin, un gars de la côte, qui gagne à être connu... ou plutôt qu'on gagne à connaître !

 

  L'homme, la terre, la mer et l'anarchie...


Version audio de l'entretien donné par Eugène Riguidel à Tébéo TV (Télé Bretagne Ouest), à la mi octobre 2010, pendant le mouvement contre la "réforme" des retraites. 

Ecoute en mp3, là : http://bit.ly/g2zANz ou http://www.mediafire.com/?a22ucbdqw17

 

 

 

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ENTRETIEN du 22 mai 2006 avec Eugène RIGUIDEL, le marin rebelle qui a eu la sympathie de répondre à nos questions pour le Monde libertaire.

 

Eugène, ça fait quoi d’être célèbre ?

Dans mon existence, né à Arradon (Morbihan), j’ai croisé le bateau.

J’ai adhéré et développé un système de contrat avec des sponsors qui m’ont permis de naviguer.

La célébrité, si on peut appeler cela ainsi, est un outil qui permet de développer ce système.

Il est évident que si je n’avais jamais gagné de courses, je n’aurais jamais intéressé personne à mon projet de construction d’un trimaran de 27 mètres.

J’ai usé de cette notoriété comme d’un outil.

Maintenant, je suis content que toutes les manifestations de cette soi-disant notoriété se soient amenuisées, car c’était devenu difficile.

 

Renaud t’immortalisait en 1980 avec sa chanson « dès que le vent soufflera », quel effet ça fait d’être ainsi au hit parade ?

 

L’histoire de cette chanson, je l’ai vécue bizarrement. J’avais eu la chance de rencontrer Renaud autour de la voile, à la base de vitesse de Brest que j’avais eu le plaisir de lancer. On a fait une ou deux fêtes.

Quelques temps après, à la Rochelle, j’étais sur le William-Saurin, Renaud est venu me voir à bord et m’a dit : « Je t’ai mis dans une chanson, est-ce que ça te fait chier ? » Je lui ai répondu : « Non. Si tu as envie de me mettre dans une chanson, c’est ton histoire ».

Quand il a fait la présentation de cette chanson au Zénit, il avait invité toute une bande de marins, c’était sympa.

C’est incroyable l’impact qu’a cette chanson. Je continue à utiliser sa « notoriété » pour faire avancer les choses dans lesquelles je m’engage, auprès des jeunes.

 

Sur quelle période as-tu effectué des courses en mer ? Ta carrière sportive en somme ?

Au début, dans les années 60, j’ai connu les régates dans le Golfe du Morbihan. Puis, comme ça a marché, j’ai fait des courses en Angleterre et des convoyages de bateaux.

En 1970, c’était la création de la course de l’Aurore, la première en solitaire en France. J’ai gagné cette course en 1974. Ce qui m’a donné des appuis pour la suite et m’a permis d’établir un système qui est monté en puissance. J’ai navigué sur le Capitaine Cook, VSD…

En 1979, avec Gahinet, on a gagné la transat en double, les deuxièmes étant Tabarly et Pajot ! Ce fut un gros coup médiatique.

Je conseille de faire de la course car on apprend plein de choses qui permettent d’être peinards pour des balades, des croisières et acquérir la facilité nécessaire pour arriver au monde de la sensation.

 

La course en mer a-t-elle évolué ?

La course a évolué sur les plans industriels, intellectuels et même psychologiques car les limites ont été repoussées de manière inimaginable. C’est une réussite de ce côté-là. 

Maintenant, avec les sommes en jeu, il y a exagération, mais à l’échelle de ce qui se passe dans le football, la Formule 1 et même le vélo, ce n’est presque rien. Les jeux du cirque, quoi !

Le dopage touche-t-il aussi le monde de la coque ?

A mon époque, il n’y avait pas de dopage, si ce n’était à la vitamine C, au tabac, au café fort, au chocolat, aux tablettes de glucose. Maintenant, certains prennent-ils des amphétamines ? Je ne le crois pas, en plus il y a des contrôles… Même le haschich est interdit, alors qu’à part décontracter certains marins nerveux, je ne vois pas l’avantage…

 

Déjà en 1976, le Canard Enchaîné titrait « la coque à Colas dans une mer de pub » à propos du sponsoring. Ca fait quoi de voir son bateau servir d’enseignes publicitaires ?

A l’époque, j’avais fonctionné de manière novatrice. On créait des événements, des régates. On faisait un système. Mais même VSD m’a donné des moyens inférieurs au total de la somme. J’ai été très aidé par les fournisseurs et des coups de main périphériques par des industriels, des ventes de t-shirts même aidaient à boucler les budgets.

Quand j’ai arrêté, j’étais dans le rouge à la banque. Je n’avais pas l’impression d’être une enseigne publicitaire. Je m’en foutais de porter un t-shirt « Jules » si les parfums Jules m’avaient aidé… Je voulais un trimaran de 27 mètres, je me suis donné les moyens.

Je pense qu’il serait intéressant de réfléchir à l’utilisation de la voile dans le monde actuel, à cette époque de pétrole de plus en plus cher, ne serait-ce qu’au niveau du tourisme.

Pendant vingt siècles, les humains ont transporté des marchandises à la voile, maintenant ils font le tour du monde en 60 jours. Il y a là quelque chose à exploiter.

 

Pour l’America’s cup, le bateau « Défi français » avait pour nom Areva, sponsor exclusif… Aurais-tu refusé certaines entreprises ?

Je ne rougis d’aucun de mes sponsors. Ma démarche, mon système, pour obtenir un nouveau bateau consistaient en un programme de courses, en termes de budget, durée (ex : engagement pour six courses sur trois ans), qui aboutissait à un contrat avec la marque.

Ensuite, je renouvelai mes démarches, en proposant un nouveau contrat.

Aujourd’hui, les bateaux coûtent de plus en plus chers. Je déplore les sponsors du style Areva. Ce n’est pas normal. Areva fait dans le nucléaire, promène du plutonium, est inscrit dans une logique militaro-industrielle, la course aux armements, qui vise à la suprématie militaire. C’est comme l’EPR à Flammanville, c’est un danger supplémentaire.

Les actions de protestation que nous avons menées leur font au moins de la contre-publicité. Malheureusement, le nucléaire ne tue pas que ceux qui sont pour. Transparence et démocratie, voilà ce qu’il faut.

 

Que penses-tu de la notion de compétition ?

La régate est la meilleure méthode pédagogique d’apprentissage de la navigation à la voile. Quand tu fais de telles courses, tu acquiers des techniques qui te servent pour la navigation de tous les jours. Elle est issue d’une tradition maritime. Les marins préfèrent être devant que derrière ! Les marins ont toujours mesuré le temps : aller le plus vite possible vers un nouvel abri. Pour chaque trajet, le nombre de jours était compté.

Il est vrai aussi que les régates d’aujourd’hui sont nées de défis entre têtes couronnées (roi d’Espagne contre roi d’Angleterre…), ainsi que l’America’s cup où ce sont des milliardaires qui se font compétition sur des bateaux magnifiques.

En France, cela a entraîné un engouement de la population vers la navigation à la voile.

Un rêve offert ?

Mieux :  « Arrête d’en rêver : va naviguer ! »

 

Comment vois-tu les autres sports, spécialement le football, parfois classé comme une religion ?

Le football est un moyen de communication puissant. Par exemple, Alain Gerbaut a organisé des matches entre les populations îliennes (Tahiti…) pour que chaque village ait son terrain de foot, car les activités coloniales avaient détruit leurs lieux de rassemblements traditionnels.

Le foot, c’est aussi le goût du sport, de la fête, de la tradition. Pour des milliers de gens, le foot est un lieu de dépassement, de déplacement.

C’est aussi devenu un orgueil régional et national, avec ce paradoxe qu’il est servi par des « mercenaires », ce qui au final rétablit peut-être l’esprit mondialiste.

Après, quand on voit qu’il y a autant de flics que de spectateurs à certains endroits…

Mais dans la compétition, il y a aussi cette notion « d’écraser les autres », non ?

Pour moi, faire de la course était le seul moyen d’être marin. Quand t’es dans la compétition, t’y es, tu fonces. Mais les autres étaient des copains, on n’a pas envie de les écraser.

La mer, ça calme ! (rires) Quand on se prend un vent force 9 en pleine gueule, on pense aux copains qui dérouillent aussi.

C’est donc un peu différent des autres sports.

 

Des anecdotes sur le monde de la voile ?

Avec le William-Saurin, pour la course Québec/Saint-Malo, l’ACIMO (Association des Coureurs Internationaux Multicoques… je ne me rappelle plus le O !) dont j’ai été le président, avait imposé une grille de départ aux organisateurs par un parcours chronométré sur le St-Laurent. C’était épique. Le William-Saurin avait fait le meilleur temps. En rentrant le bateau a heurté un gros caillou qui a provoqué une terrible avarie. Il aurait fallu une grue pour soulever le safran et on n’avait pas le temps. J’ai alors loué un marteau piqueur et creusé une tranchée dans le revêtement du port ! Les autorités canadiennes ont hurlé…

 

Ton engagement politique : le(s)quel(s) ? Depuis quand ?

Je me considère citoyen du monde depuis 1968 et citoyen du monde régionaliste depuis 1974.

A partir de cette base, mon engagement, toujours ponctuel, dépend des situations.

Dans ce cadre, je m’applique à :

-         ne faire que ce qui me plaît,

-         essayer de mener à bien les chantiers dans lesquels je m’engage,

-         naviguer et faire naviguer le plus de monde possible,

-         essayer d’aider les amis confrontés à des situations difficiles au niveau écologique.

 

En 1975, à Erdeven (Morbihan), un projet de centrale atomique était repoussé par la mobilisation populaire (cf. ici) . Etais-tu de la partie ?

J’ai juste participé à quelques réunions. J’étais absent à l’époque, de même pour Plogoff.

En revanche, j’ai participé aux commémorations, notamment devant la statue de la main qui  dit « halte au nucléaire », à Erdeven.

 

En 2004, les militaires ont mis ton bateau «  la Rieuse » de côté ! Peux-tu nous raconter cette histoire ?

Greenpeace nous avait alerté que du plutonium américain était transporté à Cherbourg.

Comme je fais partie de la « flotille de la paix », on est monté en amenant « la Rieuse » avec nous. En manoeuvrant dans la rade de Cherbourg, on a franchi les bornes. On a été arraisonné par les Commandos de Marine, accompagnés d’un officier de police judiciaire ! On a eu 24 heures de garde à vue à décliner nos identités et expliquer pourquoi on était là, ceriguidel-87f09.jpg qui prenait pourtant juste 10 minutes… Deux jugements ont eu lieu au cours desquels les tribunaux se sont déclarés à chaque fois « incompétents ». Résultat, le procureur, sinistre personnage, détient depuis deux ans  « la Rieuse » par abus de pouvoir…

Mais, en fait, ça c’est rien, le plus grave, c’est qu’ils continuent le nucléaire, le plutonium et qu’ils fonctionnent comme des dictateurs.

(Pour plus d'infos, voir sa très intéressante interview pour le site Brest ouvert)

 

En 2000, c’était la catastrophe de l’Erika. Avec des membres de la Confédération Maritime, vous vous êtes invités au château de Thierry Desmarrets, PDG de Total(ement dégueulasse). Raconte-nous un peu.

En fait, c’est le château SECONDAIRE de Thierry Desmarrets ! On savait qu’ils n’étaient pas là. On ne les a pas agressés physiquement. Nous étions 9 et portions un t-shirt « nous ne sommes pas venus chez vous par hasard. AZF & Erika » Nous avons occupé les lieux, éclusé 15 bouteilles de vin… qui n’était pas si terrible que ça. On a aussi restitué une dizaine de kilos de fioul, récolté des plages, qu’on a badigeonné sur les façades. On a aussi démonté les fenêtres qu’on a mises au garde-à-vous dans la pelouse pour qu’elles servent à boucher les trous d’AZF…

Cela nous a valu trois convocations au TGI d’Auxerre (soit des centaines de kilomètres de routes à faire) pour être condamnés au final d’un euro pour les dommages et intérêts et être amnistiés pour fait syndical…

Fais-tu partie de la Confédération Maritime ?

J’ai été membre d’honneur. Mais je ne le suis plus. Parce que je veux le contrôle de mes engagements, de mes apparitions.

Je fais aussi partie de SOS incinérateurs, sortir du nucléaire, menhirs libres

Je souhaite préserver ces autres engagements, être entièrement libre de mes mouvements…

Aussi bien pour l’écriture, le jardinage, la lecture, la navigation…

Faire de la voile ce n’est pas le « tout tourisme » et sa vocation commerciale, avec les ports « parkings à bateaux », les corps morts qui défigurent le paysage, qui grignotent les plages familiales…

Pour le golfe du Morbihan, je voudrais que soit étudiée cette formule : suppression de tous les moteurs à hydrocarbure au profit de la voile, de la perche, des avirons et même du moteur électrique, rechargeable par des batteries fonctionnant aux éoliennes. Ce territoire fragile et merveilleux mérite d’être un tel laboratoire. Il faudrait aussi revoir le nombre de bateaux à circuler.

 

L’école Diwan, c’est quoi pour toi ? L’immersion (procédé pédagogique qui consiste à étudier chaque matière en breton et à échanger dans la cour et la cantine en breton, le français étant étudié en tant que langue vivante), fait débat : quelle vision en as-tu ?

J’ai le souhait  de développer la réalité péninsulaire armoricaine. Dans cela, il y a trois points :

l’aménagement du littoral, la préservation de la science mégalithique, la culture et la langue bretonnes. Ce qui me sensibilise, c’est la préservation de la vie bretonne.

De la lutte à Carnac autour des menhirs pour éviter la destruction d’une ferme et pour le maintien des personnes en activités, nous avons été amenés à faire des recherches sur l’histoire des menhirs pour contrer les inepties des « Versaillais ». Cela a entraîné des rencontres avec des musiciens, des artistes bretons (conteurs, chanteurs…) déjà sensibles à la question. Cette fréquentation se complète et s’entrecroise.

Pour ce qui est de l’aménagement du littoral du Golfe, je fais partie de l’association « Golfe clair » qui tire des constats et fait des propositions.

La palette de l’enseignement de la langue bretonne se compose de :

- Div yez : étude bilingue dans le cadre de l’Education nationale,

- Dihun : école bilingue confessionnelle

- Diwan : laïcité, gratuité et immersion.

Ces trois piliers de Diwan sont sa réalité. Pour moi, Diwan est la meilleure solution. Et je n’ai qu’à me féliciter de l’enseignement qu’a reçu l’un de mes enfants à Diwan.

Pour mieux la faire connaître, j’organise chaque année la « Diwan Kup », un rassemblement maritime qui se déroule dans le Golfe. La prochaine a d’ailleurs lieu le samedi 10 juin.


Un projet d’intégration de Diwan dans l’Education Nationale a suscité une vive polémique, y compris au sein de Diwan. Quelle est ta position ?

Je suis pour l’intégration à part entière de Diwan dans l’Education nationale, comme élément du service public d’éducation à la condition que son fonctionnement actuel soit maintenu. Du genre « donnez les mêmes sous qu’aux autres écoles, nous saurons les dépenser. »

 

L’indépendance de la Bretagne, ça fait toujours tilt chez toi ? Qu’est-ce que ça t’évoque ? Quel sens lui donnes-tu ?

La Bretagne est une entité géographique extrêmement intéressante, depuis toujours.

Le détachement de la Loire-Atlantique par Pétain est un affaiblissement de cette région. Je suis donc pour le rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne.

Dans le cadre du système républicain actuel, je suis pour que soient renforcés les pouvoirs régionaux. Comme citoyen du monde régionaliste, je préférerais une Europe des Régions à une Europe des Nations, c’est-à-dire chaque région indépendante dans un ensemble européen.

Mais, ne retrouve-t-on pas, à l’échelle régionale, tout le spectre politique de l’extrême gauche à l’extrême droite autour d’un projet voisin ? Même le patronat breton, regroupé par exemple à l’Institut de Locarn, soutient une Europe des Régions avec l’idée de Code du Travail régional, Education régionale, formation professionnelle régionale selon ses besoins… Que réponds-tu ?

Oui, c’est très dangereux. Je réponds « service public universel » : accès à l’eau, à l’énergie, à l’autosuffisance alimentaire, etc… à gérer à l’échelle planétaire. Je suis pour une gestion solidaire universelle par-dessus les Etats. C’est-à-dire que chaque région préserve son autonomie mais apporte aide et appui à celles qui en ont besoin.

 

Te considères-tu comme militant ?

Oui, dans le sens où l’on se définit et s’engage autour d’actions.

 

Tes souvenirs militants les plus rigolos ? les pires ?

Le pire souvenir fut sans doute notre voyage au Mexique, au Chiapas. La police mexicaine de l’immigration ne nous a pas lâchés. Nous étions surveillés. On nous a consignés à bord. Un copain était même interdit de débarquer.

Il y a eu aussi la charge des gardes-mobiles à Carnac qui nous ont tapé violemment après que le drapeau français suspendu à la mairie eut brûlé. Il y a eu cinq blessés.

Et rigolos ?

Lors de la journée du patrimoine, nous avions porté les revendications de « Menhirs libres », au château de Josselin de Rohan qui était alors président du conseil régional de Bretagne. Il n’était pas content le duc de Rohan !

En fait, ce n’est jamais très drôle d’être obligé pour faire entendre une cause juste, en tout cas qui mérite examen, de dépasser son comportement habituel, car c’est le seul moyen dont la population dispose.

Si la majorité des gens s’intéressaient aux problèmes qui les concernent directement, les choses pourraient vraiment changer. Les plus nombreux sont les déshérités.

 

Et l’anarchie, alors ?

C’est comme la sainteté, c’est rare !

J’ai eu la chance de lire certains bouquins, je pense en particulier à « la vie de Max Jacob ». J’ai aussi rencontré Coluche. Je ne sais pas si on peut dire qu’il était vraiment anarchiste, mais il m’a marqué.

Tu as défini quelque part l’anarchie comme « la responsabilité sans le pouvoir »…

C’est la seule solution, car elle ne retire rien à l’individu.

 

Entretien réalisé le 22 mai 2006 pour le Monde libertaire et paru dans le numéro 1447 (des 21-27 septembre 2006)

NB : A propos des luttes culturelles en Bretagne, voici une position qu ele groupe avait adoptée en 2002 avec les autres groupes de la fédération anarchiste de Bretagne : ici.

20 février 2011 7 20 /02 /février /2011 00:04

Le cinéaste René Vautier est originaire de Camaret (Finistère). Il est certes proche ou membre du Parti communiste français mais son témoignage est intéressant et touchant. Total respect ! Anticapitaliste, anticolonialiste, antiraciste, soutien au combat des femmes, il explique aussi son refus de l'usage des armes.

Vous pouvez également visionner l'excellent premier et efficace film anticolonial français, réalisé par René Vautier : Afrique 50 (16 minutes).

 

Documentaire (51 min) repris à Ty Télé : http://www.tytele.fr/?titre=destinations-bretagne-rene-vautier&mode=numEmission&id=3095

 

 

Afrique 50 :
2 février 2011 3 02 /02 /février /2011 23:46
Article repris au site BZH Explorer : http://www.bzh-explorer.com/spip.php?article456 Merci à lui !!
Un "bagne" pour enfants en Bretagne

Autrefois, la Bretagne comptait plusieurs centres de rééducation bretons, publics ou privés. Le plus connu fut l’institution publique de Belle-Île-en-Mer (Morbihan), autour de laquelle s’est forgée la légende noire d’un bagne d’enfants parmi les plus répressifs et répulsifs.

La "notoriété" de ce bagne pour enfants a éclaté dans les années 1930, lors d’une émeute à l’intérieur de cette prison unique. La presse a alors dénoncé les colonies dites “pénitentiaires” ou “correctionnelles” pour mineurs comme étant des bagnes d’enfants.

L’institution belliloise, dite de la "Haute Boulogne", est une ancienne colonie agricole et maritime datant de 1880, située sur un terre-plein derrière la forteresse Vauban, au Palais. Elle est définitivement fermée en 1977.

En août 1934, une révolte éclate sur l’île. Un des enfants, avant de manger sa soupe dans le silence absolu, a ce jour-là osé mordre dans un morceau de fromage. Les surveillants l’ont alors rossé de coups. A la suite de ces mauvais traitements administrés à leur camarade, une émeute éclate au sein de l’institution de Belle-Île-en-Mer, qui provoque l’évasion massive de 55 pupilles. Ce fait divers est suivi d’une campagne de presse très virulente, et va inspirer des intellectuels comme Jacques Prévert, qui écrit son célèbre poème "La Chasse à l’enfant". Il y dénonce la "battue" organisée sur l’île, avec prime de 20 francs offerte aux touristes et aux habitants de Belle-île, pour chaque garçon capturé.

 

Extraits : "Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan ! Maintenant il s’est sauvé Et comme une bête traquée Il galope dans la nuit Et tous galopent après lui Les gendarmes les touristes les rentiers les artistes Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan ! C’est la meute des honnêtes gens Qui fait la chasse à l’enfant..." (Jacques Prévert)


Entourée par un mur d’enceinte, l’institution se composait d’une série de baraquements disposés plus ou moins en quinconce sur le terrain. Y sont détenus les jeunes d’au moins treize ans condamnés à des peines de 6 mois à 2 ans ainsi que des adolescents détenus jusqu’à leurs 16 ans ou à leurs 21 ans.peniten.gif

En 1902 la colonie pénitentiaire de Belle-Ile installée à côté de la Citadelle (Le Palais) est agrandie pour accueillir davantage de détenus (117 hectares sur le domaine de Bruté, à cinq kilomètres à l’intérieur de l’île). Le pénitencier compte jusqu’à 320 pensionnaires.

L’année 1940 marque la fin dans les textes de ce que l’on appelait les bagnes d’enfants. La "maison" de Belle-Ile alors devenue "institut public d’éducation surveillée" (IPES) fonctionnera encore quatre ans. En 1945, l’institut est évacué puis Haute-Boulogne reprend du service en accueillant des mineurs coupables d’avoir appartenus à la Milice installée en France par les nazis pendant l’Occupation.

Fin 1947, l’IPES rouvre ses portes, avec un régime assoupli, plus "éducatif" que "répressif".

 

Qui allait à Belle-île ?

Parce que c’était sur une île, la colonie de Belle-Île s’est retrouvée presque naturellement destinée à accueillir ceux que l’on considérait comme “les plus durs”, les plus insubordonnés. Selon Marie Rouanet, les occupants de ces "prisons" pour enfants étaient le plus souvent coupables de petits délits, ou tout simplement indisciplinés. De 1850 jusqu’au milieu du XXe siècle, des milliers de jeunes sont condamnés à la maison de correction, et y subissent de durs châtiments.

Parmi les délits recensés dans ces institutions françaises, le vol est l’un des plus courants (tuiles d’église, vol de saucisse...). Après une plainte de voisin par exemple, le voyou peut en prendre pour 4 ans !

Autre exemple, cité par Marie Rouanet, que celui d’un garçon de 12 ans contre qui le curé de Cintegabelle porte plainte. Le jeune homme "fume ostensiblement, ne retire pas sa casquette et tient des propos irrévérencieux au passage d’une procession. Coupable de « trouble à l’ordre public sur le parcours d’une procession et pendant l’exercice du culte », celui-ci est condamné à deux ans de maison de correction". Les enfants errants, les mendiants et les petites filles qui se prostituent, sont également enfermés. D’autres encore viennent de l’Assistance publique, après une mauvaise conduite dans leur famille d’accueil par exemple.

 

La vie au quotidien

La journée décrite ci-dessous se déroulait ainsi dans la plupart des institutions pénitentiaires pour enfants en France. On peut donc imaginer qu’elle était semblable à Belle-île. Lever à 6 heures du matin avec des exercices d’hygiène rudimentaires. Pour le petit déjeuner, un simple morceau de pain. Puis ils vont aux ateliers agricoles ou dans leur salle de cours, selon la saison. Les jeunes marchent à pied en rang serré jusqu’aux champs, avec interdiction de se parler pendant les huit à douze heures de travaux quotidiens. Pour le déjeuner, du pain trempé dans du bouillon de légumes, et un plat de légumes (souvent secs). Le soir, de la soupe.

En cas de manquement à la discipline, les punitions sont diverses : régime pain sec, piquet dans la position à genoux pendant les récréations, cachot... En théorie, les coups sont interdits, mais les mauvais traitements sont nombreux (coups de ceinture, coups de trousseau de clefs, sévices sexuels).

Après 1945, une ordonnance sur la protection judiciaire de la jeunesse considère le jeune délinquant comme un individu digne de ce nom. L’enfant est autorisé à sortir le dimanche. L’accent est mis davantage sur l’éducation au détriment de l’apprentissage, lequel a montré ses limites. Des efforts sont fait en matière d’hygiène et d’activités sportives.

L’institution de Belle-île ferme définitivement ses portes en 1977.

 

Biblio :

-  Jean Fayard, "Une enfance en enfer", éditions Le Cherche Midi (2003).

-  Marie Rouanet, "Les enfants du bagne", éditions Pocket (2001). Elle retrace cent ans d’histoire de la délinquance juvénile, à travers la vie dans les pénitenciers pour enfants qu’on appela les "petits bagnes".

-  Yann Le Pennec, "Le bagne des enfants de Belle-île"

 

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Jacques PREVERT : La chasse à l'enfant

 

Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Au-dessus de l'île on voit des oiseaux
Tout autour de l'île il y a de l'eau
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Qu'est-ce que c'est que ces hurlements ?
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
C'est la meute des honnêtes gens
Qui fait la chasse à l'enfant
Il avait dit j'en ai assez de la maison de redressement
Et les gardiens à coup de clefs lui avaient brisé les dents
Et puis ils l'avaient laissé étendu sur le ciment
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Maintenant il s'est sauvé
Et comme une bête traquée
Il galope dans la nuit
Et tous galopent après lui
Les gendarmes les touristes les rentiers les artistes
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
C'est la meute des honnêtes gens
Qui fait la chasse à l'enfant
Pour chasser l'enfant, pas besoin de permis
Tous les braves gens s'y sont mis
Qu'est-ce qui nage dans la nuit
Quels sont ces éclairs ces bruits
C'est un enfant qui s'enfuit
On tire sur lui à coups de fusil
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Tous ces messieurs sur le rivage
Sont bredouilles et verts de rage
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan !
Rejoindras-tu le continent rejoindras-tu le continent ?
Au-dessus de l'île on voit des oiseaux
Tout autour de l'île il y a de l'eau.

(Jacques Prévert, extrait de Paroles, éditions Gallimard)
12 avril 2009 7 12 /04 /avril /2009 14:58

Vous trouverez ci-dessous DEUX historiques de la lutte antinucléaire à Erdeven en 1975.

Le premier est tiré du Réseau Sortir du Nucléaire.

Le second, plus personnel, plus critique aussi, émane de Roger et Bella BELBEOCH, scientifiques militant au Comité Stop Nogent-sur-Seine. 

 

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TEXTE 1 : http://www.sortirdunucleaire.org/agir/actions/erdeven20050409/HistoireCRIN1.doc

PETIT HISTORIQUE DE LA LUTTE ANTI‑NUCLEAIRE A ERDEVEN EN BRETAGNE (MORBIHAN)

 

QUI DIT HISTORIQUE DE LA LUTTE A ERDEVEN DIT HISTORIQUE DU CRIN (Comité Régional d'Information Nucléaire) ET AUSSI HISTORIQUE DE LA POPULATION D'ERDEVEN.

 

En effet le CRIN est à l'origine de la lutte anti‑nucléaire en Bretagne mais comme il est issu de la population, qu'il a travaillé avec elle, évolué avec elle et gagné une bataille avec elle, on ne les dissociera pas. Car c'est là que réside toute la dynamique et l'impact de la lutte en Bretagne : une participation massive, active et constante de tous à l'activité d'un groupe pour informer d'abord la population des dangers du nucléaire, pour la défendre ensuite contre l'arbitraire d'une décision contraire à sa volonté.

 

Mais pourquoi cette réaction énergique et inattendue des gens d'Erdeven ? Sept ou huit centrales fonctionnent en France ou fonctionneront d'ici 1980. Mais construites dans l'indifférence générale, au mépris des plus légitimes inquiétudes des plus concernés, ne provoquant qu'une contestation très localisée, très écologique, leur implantation n'avait troublé ni les foules, ni les milieux scientifiques, encore moins les responsables politiques.

 

Que s'est-il passé à Erdeven où tout se serait passé comme ailleurs : population à peine informée, séduite par la patente, enquête d'utilité publique escamotée, décision municipale prise en un mois sans aucune information scientifique pour les élus.

 

Il faut noter tout de suite que sur le plan national dans les milieux scientifiques informés, l'annonce du programme nucléaire Messmer (200 tranches de 1000 MW d'ici l’an 2000 et le choix de la filière américaine Westinghouse au dépens de la filière française) faisait hurler. Mais ces hurlements étaient ouatés par le grand tapage gouvernemental du chantage à la crise énergétique (pétrole) et les belles affirmations de renforcement de sécurité, etc... ce qui rendait la contestation écologique inacceptable car anti‑scientiste, passéiste, voire mystique (l’Apocalypse Nucléaire).

 

Ceci ne touchait pas la commune d'Erdeven et ses environs :

Région à la foi rurale, maritime, ostréicole et touristique, il n’y a pas ici de pollution. Une plage superbe et déserte (protégée par une servitude militaire) accueille des milliers de touristes et de gens du pays. C’est le site choisi par EDF. La population très peu politisée y est très attachée à son sol, à la mer, à l’environnement intact, à la nature qui est pour elle sa ressource essentielle d'existence. Pas de réflexe écologique intellectuel. La NATURE ici C'EST LA VIE !

 

Dès l'annonce de la centrale d'Erdeven - Novembre 74 -, une poignée de personnes de la population d'Erdeven, d'Etel le port voisin, de Belz, créent le CRIN dont le but est d'informer sur les dangers du nucléaire. C'est une association "indépendante de tout parti politique" qui va, dans un électorat traditionnellement de droite, provoquer des remises en question fondamentales.

L'efficacité de l'information du CRIN est due à des impératifs de lutte qui ont été très vite bien compris par les membres du CRIN : Il s'agissait pour des gens simples, s'adressant à des gens simples, de diffuser une information pourtant complexe, très vite, complètement, dans un esprit ouvert et au plus grand nombre.

 

Cela a fortement motivé les gens du CRIN et leur a fait trouver un style de réunion, de contacts, de diffusion, de rapports humains et sociaux, nouveaux…

 

 

FEVRIER 75

Sur les 10 communes (favorables), 10 votent NON A LA CENTRALE, poussées par la pression populaire.

 

PAQUES 75

Une grande fête anti-nucléaire a lieu à ERDEVEN sur le site de la centrale. 15 000 personnes y participent. C’est un événement en BRETAGNE dont la presse régionale et nationale s’emparent avec étonnement.

A partir de ce moment, la concertation et la prise de conscience anti-nucléaire prend des proportions dépassant le cadre breton. Les élus locaux des autres sites bretons et vendéens sont contraints de refuser la centrale. Les élus régionaux prennent des positions ambiguës : OUI… MAIS.

Les milieux scientifiques s’émeuvent, l’opinion s’interroge, les syndicats et les partis politiques prennent position (les Fédérations Régionales du PS et du PC s’opposent au projet), les milieux EDF et gouvernementaux fulminent mais n’osent pas intervenir, un préfet est déplacé, le conseiller général et régional de la région d’Erdeven se couvre de ridicule. Les scientifiques, poussés par la contestation populaire d’Erdeven et d’ailleurs, signent l’appel des 400, font à Jussieu (Fac des Sciences) conférences et colloques, participent à des réunions d’information réunissant un vaste public populaire. Le Gouvernement réduit son programme nucléaire tandis qu’à l’intérieur de l’EDF des remous provoquent chez certains experts des prises de position critiquant la politique énergétique française.

Le CRIN quant à lui, poursuit son action d’information sous une forme nouvelle : réunions publiques moins nombreuses mais création d’un journal « A Tous Crins » où s’expriment tous ceux qu’intéressent les problèmes nucléaires et politiques qui en découlent, ouverture d’une permanence, lieu de rencontres et de réunions plus restreintes où des recherches dans les domaines économiques, énergie douces, etc… sont abordées.

 

AOUT 75

Une deuxième fête d’Erdeven a lieu (5000 personnes y participent avec enthousiasme : touristes, campeurs, jeunes, gens du pays,…)

 

SEPTEMBRE 75

Le Conseil Régional de Bretagne adopte par 52 voix contre 1 le projet d’une centrale nucléaire en Bretagne. C’est une décision politique aberrante car les dangers nucléaires leurs ont été exposés par une commission d’enquête et un document officiel ne leur a pas caché que les possibilités de relance économique sont des plus minces.

Le jour même, le 26 septembre, 14 des 30 syndicats, partis, associations, comités de défense, etc… et les comités locaux du CRIN réaffirment au cours d’une conférence de presse leur opposition à une centrale bretonne. L’indignation devant la décision arbitraire du Conseil Régional est ressentie profondément.

 

NOVEMBRE 75

Un bruit circule : un article de « Ouest-France » le confirme : « ERDEVEN EST DEFINITIVEMENT ABANDONNE PAR EDF » malgré les avantages du site. Motif : la contestation de la population y est trop forte.

C’est dans le Finistère, à Porsmoguer qu’EDF porte son choix. Mais à Porsmoguer, un CLIN existe, informe, mobilise la population.

Tous les CRINs de Bretagne, réunis en Fédération se réuniront le 5 décembre à Porsmoguer pour définir une forme de lutte commune afin de débarrasser définitivement la Bretagne de ce type d’industrie polluante et néfaste sur tous les plans.

 

La lutte anti-nucléaire du CRIN a fait parallèlement apparaître chez un nombre toujours plus grand de gens qu’inquiète l’incapacité du système à sortir de la crise, un désir profond d’avoir une action plus efficace, plus intelligente, plus écologique sur la gestion du pays dans lequel ils vivent et veulent continuer de vivre.

 

 

COMITE REGIONAL D’INFORMATION NUCLEAIRE

 
Permanence : 43 rue du Gal Leclerc

             BP 5

ETEL 56410 (France)

 

 Téléphone : 52.32.98

 

 

Copie d’un document d’information du CRIN

 

                                                                                   

 

 

Extrait du n° 0 de “A Tous Crins” :

 

Municipalités qui ont pris position :

Belz :                9 Non,                          11 nuls

Locoal-Mendon :                       13 Non,                2 nuls

Landévant :       11 Non,                        4 nuls

Sainte-Hélène :   11 Non,             2 Oui

Plouhinec :        Non à l’unanimité

Gâvres :            Non à l’unanimité

Etel :                 11 Non,             2 Oui,             5 abstentions

Quiberon :         13 Non,                                   4 abstentions

Erdeven :           14 Non,                        3 nuls

 

Ci-dessous, photo de la commémoration en 2005 des 30 ans de la lutte à Erdeven devant "la main verte" érigée à l'époque

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 TEXTE 2 : 

Erdeven : une lutte exemplaire contre l'électronucléaire

Dimanche 11 Mars 2007. Extrait du site internet A-infos, http://www.ainfos.ca/07/mar/ainfos00206.html

texte lui-même repris de  La lettre d’information du Comité Stop Nogent-sur-Seine n° 111/112 juin-septembre 2006 http://www.dissident-media.org/stop_nogent/lettre_111_112.pdf


En 1974 le ministre d’Ornano publie un rapport dans lequel figure une liste de sites possibles de centrales nucléaires. Le gouvernement nucléocrate s’appuyait sur la crise pétrolière de 1973 pour accélérer la nucléarisation de l’électricité en France
(http://www.dissident-media.org/infonucleaire/electronuc_france.html) prévue depuis longtemps par le comité PEON (production d’électricité d’origine nucléaire) créé en 1950.

A Erdeven, petite localité au sud de Lorient, des habitants découvrent qu’on veut leur flanquer une centrale nucléaire. Il y a eu une réaction spontanée de la quasi totalité des habitants (mis à part le pharmacien qui a eu droit à l’inscription « collabo » sur sa vitrine).

A l’origine, quelques habitants décident de se rencontrer un soir dans le café du coin. Le bouche à oreille ayant joué l’afflux est tel que c’est une véritable
réunion publique qui doit se tenir dans un lieu plus approprié. Ce qui est intéressant dans la réaction des habitants d’Erdeven et des alentours c’est qu’il ne s’agissait pas seulement d’un refus d’un réacteur chez eux mais d’un refus de l’énergie nucléaire. Les réactions publiques de 1974 firent reculer le gouvernement et Erdeven fut supprimé des sites nucléaires. En mars 1975 une manifestation contre le nucléaire fut symbolisée sur la plage d’Erdeven par
l’inauguration d’une statue, une main ouverte exprimant le refus, portant sur l’énorme souche servant de socle « NON AU NUCLEAIRE » « NON aux CENTRALES
NUCLEAIRES 30 mars 1975 ».

 
Cette réaction unanime des habitants d’Erdeven et des localités voisines (Belz, Guidel ?) n’a guère eu de conséquences dans la ville de Lorient, pourtant proche,
et en particulier chez les politiciens lorientais.

Quand nous avons débarqué à Erdeven à quelques membres du GIT (Groupe Information Travail - Saclay) accompagnés de Roger nous avons été surpris. Dans la petite épicerie une affichette manuscrite disait « Mieux vaut les fesses à l’air qu’une centrale nucléaire » (l’année précédente un club nudiste s’était installé sur la plage, ce qui avait fait scandale). Au-dessus des pommes de terre trônait notre best-seller de février 75 sur « La sécurité du travail au Centre d’Etudes Nucléaires de Saclay » qui dénonçait
les entorses à la radioprotection ! « Dans le cadre du « tout électrique, tout nucléaire », il nous paraît important de montrer que tout n’est pas pour le mieux dans le meilleur des mondes, même dans un Centre
d’Etudes Nucléaires comme Saclay. Que dire alors des centres de production, La Hague et Marcoule, ou ceux de l’industrie privée comme Malvési, et des mines d’uranium comme celle de La Crouzille ».

Nous avons eu une réunion en petit comité avec des antinucléaires d’Erdeven. Nous avons appris que leur tentative de rallier les habitants de Plogoff à une action
plus globale contre le nucléaire, Plogoff étant aussi sur la liste des sites, avait échoué car à Plogoff ils avaient confiance en Giscard d’Estaing qui avait promis que les centrales ne seraient implantées qu’avec l’accord de la population. Ils ont su plus tard combien ils avaient été naïfs et la lutte des habitants de Plogoff a inauguré la guérilla antinucléaire. Mais avec le recul on voit que c’était uniquement contre la centrale de Plogoff, ce n’était pas un « NON au centrales nucléaires » en général.

Les militants d’Erdeven étaient pacifistes et chagrinés de voir que les marins-pêcheurs n’assistaient pas aux réunions. Eux, ils avaient acheté des cartouches. La venue du général La Bollardière, apôtre de la non-violence, les avaient laissés indifférents.

Nous avons eu un échange extrêmement intéressant  "Comment, vous êtes antinucléaires et vous travaillez au CEA " Nous étions 5 et tous nous étions impliqués dans la recherche fondamentale sur des sujets n’ayant rien à voir, même de loin, avec le nucléaire. Bien sûr on s’était déjà posé la question : « Pourquoi le CEA nous paie-t-il ? »  et cela a alimenté nos réflexions sur le rôle d’alibi de la recherche. Mais à notre question « Et vous qu’est-ce que vous faites ? » on a appris qu’il y avait parmi nous un publiciste (est-ce important pour la vie que nous aimerions vivre ?), un marchand de biens immobiliers
(idem), un paysan (et les nitrates tu en fais quoi ?). Ainsi le débat a porté, non pas sur la gestion des moyens de production, le préalable des marxistes de toutes tendances, mais sur « qu’est-ce qu’on devrait produire pour que la vie soit vivable ». Ce débat a toujours été escamoté et est toujours d’une brûlante actualité.

Nous avons été très étonnés des connaissances pointues des antinucléaires que nous avons rencontrés. Ce qui est important c’est que la réaction à Erdeven a été spontanée et que les gens se sont renseignés rapidement sur les dangers du nucléaire et cela sans l’intervention de scientifiques, experts ou contre experts.
http://www.dissident-media.org/stop_nogent/101_102_contre_exp.html

Roger et Bella Belbeoch,
Extrait de la lettre d’information du Comité Stop Nogent-sur-Seine n° 111/112,
juin-septembre 2006,
http://www.dissident-media.org/stop_nogent/lettre_111_112.pdf

Les lettres d’information sont disponibles en PDF sur le site du comité :
http://www.dissident-media.org/stop_nogent


 

Un intéressant texte bilan critique de Roger BELBEOCH sur le mouvement antinucléaire français, intitulé "Le mouvement antinucléaire en France a totalement échoué", peut être consulté ici : http://www.ainfos.ca/fr/ainfos08039.html

14 mars 2009 6 14 /03 /mars /2009 15:31

Dans l’élan des événements du printemps 1968 est créée, le 21 septembre 1969, la communauté libertaire du Gouah-Du, à la Chapelle-Neuve, près de Locminé, dans le Morbihan. Quittant une situation assurée, refusant la société capitaliste sans chercher à se couper d’elle, des jeunes décident d’unir leur aventure. L’objectif est « la mise en commun des capacités, des ressources, des énergies et des problèmes propres à chacun des êtres qui la composent, sans autre autorité que le bon sens, l’autodiscipline et l’intérêt de tous, dans le but de contribuer au changement de la société ». Ces personnes faisaient partie de l'ASRAS (Alliance des syndicalistes révolutionnaires et anarcho-syndicalistes)

 

Nous ne connaissons pas la durée de cette expérience. Mais ces gens essayèrent la mise en commun la plus totale, matériellement et financièrement, par une entreprise autogérée, axée vers la production d’artisanat.

Information tirée de l'exposition "l'anarchisme et les anarchistes en Bretagne", chapitre de 1968 à 1980, réalisée par le groupe de Rennes de la fédération anarchiste.

La communauté Gouah-Du a rédigé et édité une brochure de 17 pages, intitulée "Après plus de six mois d'expérience, la communauté libertaire du Gouah-du s'explique...",  parue en 1970. Ci-dessous des extraits de cette brochure, nous n'avons pas tout repris (entre autres les griefs à l'encontre du système capitaliste et les schémas d'une nouvelle organisation sociale). 

 

  Gouah-Du 001

Extraits de cette brochure

 

    Qui sommes-nous ?

 

Nous avons tous quitté une situation assurée (aux PTT, dans les études techniques, dans la cordonnerie, ou dans l'éducation nationale), pour créer cette communauté, c'est-à-dire pour mettre en commun nos capacités, nos ressources, nos énergies et nos problèmes, sans autres autorités que le bon sens, l’autodiscipline et notre intérêt à tous, celui de la communauté.

Nous sommes tous des jeunes (de 18 à 23 ans) et nous avions tous un emploi avant de nous rejoindre.

 

    Pourquoi au Gouah Du ?

 

En fait, c'est un peu le site, mais surtout le loyer apparemment modéré qui ont guidé notre choix.

Nous ne sommes ni des ermites, ni des hippies. Nous ne cherchons pas à nous couper de la société, contrairement aux apparences. Seulement, le Gouah-du nous évite les contraintes de la ville : bruits, agitation, horaires imposés, chefs imbéciles, etc... et nous permet de vivre et travailler dans des conditions que nous avons entièrement choisies.

 

    La légende et nous

 

La légende a prétendu, ou prétend encore, que nous sommes : des fils de riches, des fainéants, des drogués, des hippies.

   Des fils de riches ? Nos parents sont tous des travailleurs salariés (fonctionnaires, docker, ouvrier du bâtiment) ou retraités ;

   Des fainéants ? Voici notre horaire de travail :

           - lever à 11 heures,

           - corvées ménagères de 11h à 16 heures,

           - travail de 16 heures à 4 heures du matin,

           - repos de 4 h à 11 heures ;

   d'autre part notre production est là pour prouver notre travail ;

   Des drogués ? Une perquisition et une enquête de la brigade des stupéfiants ont prouvé que nous n'avions jamais eu de drogue au Gouah-du, et que nous ne nous étions jamais drogués. De plus l'usage de la drogue va à l'encontre de nos principes. Elle permet seulement à une fraction de la population d'oublier les réalités et les problèmes de la société (ce n'est pas tout ce que nous avons à dire sur ce problème, mais, ce n'est pas la place, ici.) ;

   Des hippies ? Le hippy rejette la société par son anticonformisme, mais ne cherche pas à en résoudre les problèmes. Dans certains cas, ils admettent, même, un chef. Les idées hippies sont, aussi, en contradiction, avec les nôtres.


Ces quelques lignes nous ont permis de vous préciser qui nous étions et de dénoncer la légende faite autour de nous, nous voulons maintenant vous expliquer pourquoi nous avons formé cette communauté.

 

 

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Si nous nous sommes réunis pour vivre selon les principes libertaires, c'est parce que nous refusons la société actuelle et que nous voulons contribuer à en construire une autre.

 

   Nous refusons la société capitaliste :

 

   (...)

 

   Ce que nous proposons : le SOCIALISME LIBERTAIRE

 

   Le socialisme libertaire, la plus méconnue et la plus maltraitée des philosophies, dénonce l'inutilité des patrons qui sucent la classe ouvrière et des curés qui demandent au peuple d'attendre que Dieu décide pour que la situation s'améliore et, enfin, des polices de toutes sortes qui vous empêchent d'être de l'avis contraire à celui des dirigeants.

   Le socialisme libertaire demande : quel ouvrier ne se sent pas capable de gérer, avec ses camarades, l'usine où ils travaillent et qu'ils font tourner, puisqu'ils savent comment gérer les finances de leurs familles ?

   Le socialisme libertaire demande : de quel droit une poignée de profiteurs décide pour quelques millions d'autres hommes qui auront droit à la matraque s'ils contestent ?

 

   Le socialisme libertaire propose les différents schémas suivants d'organisation économique et sociale, pour que sur le plan économique :

   - au niveau de l'entreprise (usine, exploitation agricole, ...) la gestion soit effectuée par les travailleurs eux-mêmes (autogestion). Nous pensons que les travailleurs sont parfaitement capables de s'occuper des investissements des achats, des matières premières, des commandes, de la vente et des relations avec les autres entreprises gérées, elles aussi par les travailleurs eux-mêmes ;

   - au niveau d'un pays : l'organisation de la production, l'organisation de la distribution et la coordination des entreprises par le syndicat d'industrie, ou par le syndicat agricole, tous les syndicats étant regroupés dans une CONFEDERATION NATIONALE DU TRAVAIL.

 

   L'ORGANISATION ECONOMIQUE

 

   (...)

 

   L'ORGANISATION ADMINISTRATIVE ET SOCIALE

 

   (...)

 

--------------------------------------------------------------------------------

 

Nous faisons partie de tous ceux qui militent pour le socialisme libertaire.

(...)

Les organisations (...) ont soit une activité anarcho-syndicaliste (c'est-à-dire syndicaliste révolutionnaire) soit de propagande par des groupes libertaires. Nous avons choisi une autre forme d'action. Pourquoi ? Parce qu'il nous semblait nécessaire de dépasser les mots et de montrer un exemple concret d'organisation économique libertaire au niveau d'une entreprise autogérée (ce que nous sommes déjà), et, d'autre part, de faire l'expérience de la vie communautaire, suivant les principes libertaires.

 

Nous pensons ainsi démontrer aux gens sceptiques qu'il n'est pas besoin de chef, et qu'une entreprise peut être gérée par les travailleurs eux-mêmes. Et, sur le plan moral, nous voulons montrer qu'il est possible de supprimer l'esprit de possession des choses (propriété privée) et des êtres (mariage, liens familiaux), les intérêts de la vie communautaire sont, en effet, supérieurs à ceux de la vie familiale, où les enfants sont liés à un seul exemple : celui des parents. Dans une communauté, au contraire, les enfants ont plusieurs exemples, plusieurs personnes à qui s'en remettre quand ils ont besoin d'affection ou de comprendre quelque chose. Cela, bien sûr, ne supprime absolument pas les liens entre la mère et l'enfant, seulement ces liens ne sont plus égoïstes, mais raisonnés, du fait même que la mère admet que l'enfant soit attaché à plusieurs personnes et non plus à une seule ou à un seul couple. Cela élargit d'autant l'esprit de l'enfant.

(...)

 

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    UTOPIE ?

 

Beaucoup voudraient vivre dans une telle société : "Ce serait le paradis", disent-ils. Beaucoup, aussi, pensent que si, eux, seraient capables d'y vivre, leurs voisins ne le seraient pas. Le voisin disant évidemment la même chose !

 

Enfin, au bout du compte, on nous traite d'utopistes. Pourtant si nous croyons à la réussite de notre entreprise, comme à l'avènement du socialisme libertaire, si nous croyons que cela est possible, c'est parce que nous avons des exemples historiques d'application du socialisme libertaire.

 

(...)

 

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    6 MOIS D'EXPÉRIENCE - UN PREMIER BILAN

 

- Sur le plan moral et social :

Après six mois de vie communautaire librement acceptée n'importe quel individu commence à perdre son sens de la propriété privée - tant en ce qui concerne les choses, qu'en ce qui concerne les êtres ; son individualisme petit-bourgeois qui perpétuait la loi de Jungle ; ses tristes périodes d'isolement qui l'effondrent et lui font douter de lui et de son entourage.

- Sur le plan sexuel :

Notre recherche vers l'union et l'amour libres, est actuellement en bonne voie ;

nous parvenons à mettre nos problèmes en commun, et, ainsi à les résoudre plus facilement.

- Sur le plan pratique :

Les avantages sont aussi considérables. Nous avons ainsi appris des métiers que nous n'aurions pu exercer dans la vie que nous avons quittée, ce qui élargit d'autant notre horizon de pensée et de réflexion. Nous avons, aussi et surtout, appris que toutes les difficultés matérielles sont surmontables pourvu qu'un idéal existe et que la liberté individuelle soit respectée, par tous, à l'intérieur comme à l'extérieur de la communauté.

 

D'autre part, n'oublions pas que notre atelier artisanal fonctionne depuis six mois sans chef aucun et avec l'initiative de tous. C'est cela sans doute le plus positif de l'expérience.

 

Pourtant, Gérard en octobre et Pamphile en décembre, nous ont quittés.

Comment expliquer ces départs après avoir dressé un bilan aussi positif ?

D'abord, par le fossé qui existe entre les paroles et les actes des deux démissionnaires. Il est très facile de se dire militant libertaire quand on est confortablement installé dans un café, il l'est déjà beaucoup moins quand on est confronté aux difficultés imposées par la lutte de tous les instants qui est celle des véritables militants.

 

Mais, il est évident que nous sommes libres d'arrêter l'expérience si nous ne nous sentons plus assez forts pour la poursuivre, ou, si elle ne nous convient plus.

 

De toutes manières, ces départs n'ont qu'une importance relative, puisque la constitution non sélective d'une communauté les rend prévisibles et puisque beaucoup d'autres personnes attendent pour nous rejoindre que notre communauté puisse les accueillir décemment.

 

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   CONCLUSION PROVISOIRE

 

Vous le savez déjà, les flics aussi, la communauté libertaire du Gouah du est à vocation militante. Préciser que son jeune âge, ses maigres ressources financières du moment, et que les tracasseries policières qu'elle subit l'empêchent de diffuser plus efficacement les idées libertaires, est, vous le comprenez, inutile. Actuellement, nous nous bornons à vendre des journaux et à expliquer notre philosophie à qui veut venir nous voir.

L'organisation économique de notre communauté ne sera, elle aussi, exemplaire que lorsque nous serons plus nombreux, donc plus productifs.

 

Nos projets envisagent une modification dans la nature de notre production, nous pensons bientôt créer une petite exploitation agricole. Aussi, nous demandons à tous ceux qui sont désireux de nous aider, de nous renseigner sur les problèmes de l'élevage de chèvres et de la culture.

 

Pour peu que notre production de cuivre gravé soit écoulée et que nos amis deviennent plus nombreux encore, l'avenir prévu de notre communauté est assuré.

 

Avant de mettre le point final à cette brochure, il faut que  nous vous fassions part d'une certitude qui nous est chère :

parce que nous n'avons que notre philosophie, notre imagination, nos bras et vous, peut-être, pour répondre aux puissances d'argent, aux flics et imbéciles de toutes sortes, puissants en nombre, notre communauté marche sur un fil fragile. Aussi, son échec éventuel ne serait nullement l'échec de nos idées.

Mais l'intérêt que nous savons avoir soulevé parmi vous, nous prouve que notre expérience est non seulement nécessaire, mais qu'elle répond à un besoin impérieux pour trouver une solution aux problèmes de l'Homme dans le monde.

 

Si vous désirez un supplément d'informations, nous vous invitons à venir nous voir, ou à nous écrire :

 

Communauté libertaire LE GOUAH-DU

La Chapelle Neuve

par LOCMINE -56-


Avril 1970, le Gouah-du

 

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Bibliographie succincte pour approfondir les idées libertaires


   Sur le socialisme libertaire :

         - Le monde nouveau, par Pierre BESNARD

         - L'anarchisme, par Daniel GUERIN (Col. Idées-Gallimard)


   Critique du capitalisme :

         - Qu'est-ce que la propriété ?, par PROUDHON (Col. Garnier Flammarion)


   Critique du communisme :

         - La révolution inconnue, par VOLINE (Ed. Belfond)


   Sur l'Ukraine :

         - La révolution inconnue, par VOLINE (Ed. Belfond)


   Sur l'Espagne :

         - L'oeuvre constructive de la révolution espagnole, éditée par la CNT

         - Les anarchistes espagnols et le Pouvoir, Ed. Le Seuil

14 mars 2009 6 14 /03 /mars /2009 14:52
A l'initiative du groupe de Lorient, mandaté par les congrès précédents, la fédération anarchiste a tenu son congrès fédéral à deux reprises sur Lorient même.

La première fois, ce fut le 24ème congrès qui eut lieu les 24-25-26 mai 1969.

La deuxième fois, le 56ème congrès se déroula les 22-23-24 mai 1999, à l'espace Coamao-Dumanoir, où près de 120 délégué-e-s des groupes présents sur le territoire français se sont retrouvés.

Au cours de ce congrès, deux motions ont été adoptées, relatives à la guerre au Kosovo et à l'intervention de l'OTAN.

     - La guerre : un crime contre l'humanité,
     - Initiative pour l'accueil des déserteurs et des insoumis.

Sur le rôle des congrès de la FA, voir les principes de base.

25 février 2009 3 25 /02 /février /2009 23:06
Les groupes libertaires de Vannes et Lorient portent des noms de militants. Une petite précision s'impose : par définition, anarchistes, nous n'avons pas le culte des personnalités. Ce serait même faire affront aux valeurs égalitaires véhiculées par Francisco Ferrer et René Lochu, qui ne sauraient être érigés en idoles, et ne pas avoir compris leur signification.

Ceci dit, les Pouvoirs ont tendance à maintenir leurs combats (au pluriel) dans l'ombre parce que, chacun à leur manière, ils les contestaient. Il est donc dans notre rôle de transmettre ces mémoires de la contestation, pour l'émancipation des individus.

Il se trouve aussi que nous ne prétendons pas réinventer constamment l'eau chaude !

Du passé, nous ne faisons pas totalement table rase () car ces expériences, leurs succès mais aussi leurs limites, nous éclairent pour les luttes d'aujourd'hui. Toujours en quête d'égalité et de libertés, si nous saluons les engagements de nos anciens, nous prétendons les continuer à notre échelle, selon les circonstances actuelles, selon notre volonté et notre imaginaire. Nous ne glorifions donc pas nos prédécesseurs, nous nous nourrissons de leurs combats ! Hier, ils ont osé, aujourd'hui, c'est à notre tour ! Pour notre affranchissement intégral ! Pour l'anarchie !!

Nous devons les biographies de cette rubrique Histoire, au dictionnaire international des militants anarchistes, à l'éphéméride anarchiste et au site recherches sur l'anarchisme. Nous remercions grandement ces trois sites qui nous épargnent un rude labeur ! 

Qui sommes-nous ?

Nous sommes des militant-e-s anarchistes et/ou anti-autoritaires, engagé-e-s dans les luttes sociales, syndicales, écologistes, féministes, anti-racistes, antifascistes, internationalistes.

Nous faisons de notre mieux pour faire vivre et diffuser les idées et pratiques libertaires à Vannes et aux alentours.

Organisons-nous et luttons pour l'émancipation de toutes et tous !

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Agenda

Jeudi 23 mars : Cinéma Ti Hanok (Auray), 20h, Ciném'anar avec le film "La Salamandre" d'Alain Tanner (1971) ; librairie vagabonde sur place

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Vendredi 24 mars : salle Hélène Branche, 10 rue du Penher (Auray), 20h15, Rencontre-débat "Le travail : de l'exploitation à l'émancipation" avec notre invité Simon Luck ; librairie vagabonde sur place

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