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17 février 2012 5 17 /02 /février /2012 12:57

 

À chaque saison, ses miasmes, ses maladies. La saison électorale arrive et avec elle, sa pandémie de haine et de connerie. Cette fois-ci, Sarkozy ayant bien du mal à faire fonctionner le vase communiquant, le F-Haine retrouve toute sa vigueur.
Comme toujours en pareil cas, les politiciens de tous bords, ne manquent pas de fustiger l’abstention. Ils nous la jouent « Syndrome du 21 avril » ou « 21 avril à l’envers », selon le camp où ils se situent.
Pour parvenir à faire se déplacer un nombre significatif d’électeurs et préserver ainsi leur légitimité, nos politiciens n’hésitent pas à brandir les intentions de vote FN. Ils espèrent ainsi culpabiliser celles et ceux qui de plus en plus nombreux, refusent de participer à la mascarade électorale.
Disons-le d’entrée : si l’extrême droite est fort utile au jeu politicien, elle ne constitue pas moins un danger bien réel pour toute la société. Mais ce n’est pas à coup d’élection – bien au contraire – que l’on parviendra à terrasser la bête.
Le bulletin de vote n’est pas et n’a jamais été un bouclier pour se préserver de l’extrême droite. D’abord parce que celle-ci n’hésite pas, lorsqu’elle en a les moyens, à recourir à la force pour s’emparer du pouvoir. Mais aussi, parce que les élections lui ont parfois fourni l’occasion d’accéder à la tête de l’État, conformément aux règles de la démocratie.

Un peu d’histoire


Ce fut le cas pour les nazis dans l’Allemagne des années trente.
Lors des élections législatives de novembre 1932, le NSDAP – parti d’Adolf Hitler – bien qu’arrivant en tête, avec 33,1 % des voix, subissait un net recul. Il perdait deux millions de voix et – 34 sièges au Reichstag par rapport aux élections précédentes.
Dans Le Populaire, Léon Blum prophétisait « la route du pouvoir est définitivement fermée pour Hitler ».
Pourtant, seulement deux mois plus tard, le 30 janvier 1933, à force d’intrigues et tractations de la part des politiciens allemands, Hitler était nommé chancelier de la République de Weimar, conformément aux règles de la démocratie, en qualité de leader du parti arrivé en tête aux élections.
C’est encore par des élections – les législatives du 5 mars 1933 – que « le führer » va asseoir son pouvoir en obtenant cette fois-ci, après deux mois de terreur et de propagande, 43,9 % des voix. Deux semaines plus tard, le 20 mars 1933, le troisième Reich était proclamé. Ce même jour, Heinrich Himmler inaugurait le camp de Dachau pour y enfermer les opposants au régime.
Quelques années plus tard, un autre drame politicien se jouait en France. Le 10 juillet 1940, la République était sabordée et Pétain recevait les pleins pouvoirs des mains d’une Assemblée nationale composée du Sénat et d’une Chambre des Députés, pourtant majoritairement élue à gauche en 1936 au moment du Front Populaire.

Le gourdin et le bulletin


Ces dernières années, l’extrême droite n’a eu aucune difficulté à gouverner dans des pays européens (Italie, Autriche, Suisse…) pourtant qualifiés de démocratiques et d’États de droit.
Il est vrai que tout État porte, par essence, les germes du totalitarisme, car fondé sur la domination de l’Homme par l’Homme. Et diviser pour régner, désigner des boucs émissaires, c’est le propre de toute méthode de gouvernement.
Le fascisme se distingue, en poussant à son paroxysme la violence et la hiérarchisation ethnique, sociale, culturelle et sexiste des individus afin d’établir la suprématie de la race, de l’élite, de la nationalité, du mâle, du chef.
Évidemment, il n’est pas indifférent de vivre en démocratie plutôt qu’en dictature !
Mais reconnaissons que, dans la France d’aujourd’hui, avec son idéologie sécuritaire, ses dispositifs policiers et de surveillance, ses lois répressives, xénophobes et antisociales, l’extrême droite n’aurait pas grand-chose à modifier pour obtenir un contrôle global et une soumission absolue des populations.
Démagogue et populiste, celle-ci préfère obtenir un consentement populaire, bien qu’elle n’hésite jamais à recourir aux méthodes coercitives lorsqu’elle le juge nécessaire.

Comme un poisson dans l’eau


Avec notre type de démocratie, parce qu’elle est fondée sur la représentativité, « le citoyen » n’a pas son mot à dire. On ne l’invite pas à réfléchir, à débattre, à donner son opinion, encore moins à participer à une prise de décision collective. Il est seulement appelé, tous les cinq ou six ans, à choisir, isolé dans l’intimité de « l’isoloir » celui ou celle qui va parler en son nom, décider à sa place. Celui ou celle qui va le gouverner durant plusieurs années.
Libre à lui, ensuite, de manifester son opinion ou son opposition dans les limites que ses maîtres lui auront accordé par la loi.
Comment s’étonner dès lors, notamment en période de crise, que certaines personnes, déroutées, s’engouffrent dans cette logique et aient recours à l’homme ou à la femme providentiel (le), celui ou celle qui, soufflant sur les braises du mal-vivre, va développer le discours le plus démagogique, faire croire à des solutions simplistes et expéditives.
On peut d’ailleurs facilement le constater : à chaque élection, de sondage en sondage, au fur et à mesure que se rapproche l’échéance, l’extrême droite progresse. Celle-ci est en campagne électorale comme un poisson dans l’eau.

Sans complexe


A contrario, lorsque les gens prennent leur vie en mains, retrouvent la volonté d’agir contre les injustices et réfléchissent par eux-mêmes à un avenir meilleur, alors, comme par enchantement, l’extrême droite tend à s’effacer du paysage politique. Cela nous avons pu le constater lors de chaque mouvement social et à nouveau, lors des luttes contre la réforme des retraites.
Voilà pourquoi, face à l’extrême droite, il sera bien plus efficace d’exprimer, par l’abstention, son refus de cautionner un système électoral qui, parce que créateur d’illusions et de soumissions, nourrit la stratégie de celle-ci. Sans compter que la loi électorale et le mode de financement des partis, vont permettre au FN de renflouer ses caisses avec l’argent public.
Il est à souhaiter que des millions de gens préfèrent conserver leur énergie pour contribuer à développer l’esprit de révolte et cultiver l’insoumission.
Pour ma part, en dépit des jérémiades de nos chers politiciens, je n’aurai aucun complexe à assumer mon abstention.

Jean Raj

Extrait du Monde libertaire n°1659 (9-15 février 2012)

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