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27 février 2010 6 27 /02 /février /2010 14:16

Avant-propos pour le débat de lundi 1er mars, 20h30, à la maison des associations de Vannes au 6 rue de la Tannerie.

 

Non, ce n'est pas par désintérêt de la chose publique ou par fuite de nos responsabilités mais bien au contraire parce que nous les prenons que nous portons un regard critique sur les élections dans la démocratie actuelle.

Non, ce n'est pas par nostalgie de l'ordre féodal et aristocrate,

Non, ce n'est pas pour le retour de chefs de droit divin...

Non, ce n'est pas par élitisme.

 

Oui, nous trouvons que le droit de vote est un progrès avec le principe de un individu = 1 voix.

Oui, la revendication de l'égalité des droits est un progrès...

 

Mais le monde dans lequel on vit ne correspond pas à ce qu'il prétend. Et nous estimons qu'il est possible de faire mieux, d'avoir un autre rapport au Pouvoir qui le ferait si ce n'est disparaître du moins partagé par touTEs et pour touTEs....

 

 

Nous, anarchistes, ne cautionnons pas le jeu des élections qui consiste à choisir des représentant-e-s incontrôlables et irrévocables par les électeurs et électrices pendant toute la durée de leurs mandats, qui ont alors les mains libres pour décider des lois qu'ils-elles veulent imposer. Nous parlons alors de délégation de pouvoirs.

 

 

Dans la société capitaliste, même sous la forme de la démocratie parlementaire, l'Etat, les collectivités locales et régionales, ne sont pas des outils neutres que l'on pourrait piloter à droite ou à gauche selon le personnel qui serait élu. Ces structures évoluent dans un cadre rigide fourbi et adapté pour la classe aisée, minorité exploitante. La loi représente le rapport de force entre les différentes composantes antagonistes de la société. Ainsi, hors période révolutionnaire ou de mouvements sociaux, celle-ci privilégie les intérêts de la bourgeoisie. La démocratie légalise la privatisation des profits et la collectivisation des pertes et restreint les droits des travailleurs/euses, chômeurs/euses...

 

De plus, ces élections sont organisées à des périodes imposées par des institutions administratives, en tout premier lieu par l'Etat ; que nous ne reconnaissons pas comme légitimes et que nous rejetons.

 

Déjà, des « citoyenNEs » s'offusquent des "abus de pouvoirs" commis par les politicienNEs, mais le Pouvoir porte en lui les abus (c'est dans sa nature), et la participation aux élections n'est-elle pas une forme de caution à ces abus ? 

 

La démocratie représentative détourne l'initiative et l'action directes des classes populaires. Elle les divise selon leurs champions ou leurs championnes respectifs/ves. Il suffit de regarder la quantité des candidatures à gauche de la gauche. De surcroît, ces candidatures accréditent l'idée selon laquelle on serait dans un monde d'égalité, où chaunE aurait sa chance... faisant abstraction des origines sociales, et faisant comme si les médias ne façonnaient pas l'opinion dans l'intérêt de ceux qui les possèdent.

 

Nous, anarchistes, rejetons donc la démocratie représentative (bourgeoise), et proposons la démocratie directe ; autrement dit, pour suivre le sens étymologique du terme, une forme d'organisation politique où seul le peuple décide ("gouverne") selon ses intérêts ("pour le peuple"), et non pour ceux d'une minorité (politicienNEs, tenantEs de l'économie...).

 

 

Pour cela, nous proposons le fédéralisme libertaire, qui n'a rien à voir avec le fédéralisme d'Etat, comme il est pratiqué dans des pays comme la Suisse, la Russie, l'Allemagne, les Etats-Unis... Cette forme de fédéralisme repose sur la démocratie représentative (délégation de pouvoirs), où seule une minorité gouverne une majorité.

Ce fédéralisme libertaire est constitué de structures librement choisies et autogérées par les individus : communes, régions, lieux de travail...

Pour se coordonner, à partir des débats issus de la base, chaque structure choisirait ses représentant-e-s élu-e-s lors des Assemblées Générales (Assemblées Populaires), pourvu-e-s alors d'un mandat impératif et révocable à tout moment. Ces mandaté-e-s (délégué-e-s) représenteraient les décisions prises en AG par chacune des structures lors d'AG plus larges (quand 2 structures se réunissent pour mettre un projet en commun par exemple).

Si le (la) mandaté-e ne remplit pas sa mission, il (elle) est alors révoqué-e à tout moment par l'AG.

Les décisions prises en AG peuvent être prises soit selon le principe de la majorité, ou à l'unanimité, ou au consensus (quand les débats durent trop longtemps et risquent de ne pas aboutir à une décision finale).

 

Ces principes de mandats impératifs et révocables ont été appliqués lors de périodes révolutionnaires, comme par exemple la Commune de Paris de 1871, la Révolution espagnole (Guerre Civile) de 1936 à 1939, ou plus récemment la Commune libre d'Oaxaca (Chiapas) au Mexique.

 

Notre abstentionnisme n'est pas passif (qui est une forme de "j'm'en foutisme"), mais bien actif, car nous donnons un sens politique à notre refus de participer à la mascarade électorale. Nous voulons nous exprimer sur toutes les affaires qui nous concernent et qui ont un impact sur notre vie... ce que la "représentation nationale" nous confisque !

 

La Constitution de la Vème République, établie en 1958, indique que seul le mandat représentatif est légal, et que tout mandat impératif est nul. Ce qui montre bien que l'Etat n'accorde des droits de décisions politiques qu'aux élu-e-s et non aux électrices et électeurs (à part bien sûr le devoir de choisir leurs représentantEs)."

 

 

Vous l'avez bien compris : vous n'êtes pas appeléEs à voter pour nous ! Bien au contraire, ne signez pas de chèque en blanc, gardez votre voix... car vous allez en avoir besoin !

 

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Ce que j’ai à vous dire peut se formuler en quelques mots

Par Élisée Reclus

Clarens, Vaud, 26 septembre 1885.

Compagnons,

Vous demandez à un homme de bonne volonté, qui n’est ni votant ni candidat, de vous exposer quelles sont ses idées sur l’exercice du droit de suffrage.

Le délai que vous m’accordez est bien court, mais ayant, au sujet du vote électoral, des convictions bien nettes, ce que j’ai à vous dire peut se formuler en quelques mots.

Voter, c’est abdiquer ; nommer un ou plusieurs maîtres pour une période courte ou longue, c’est renoncer à sa propre souveraineté. Qu’il devienne monarque absolu, prince constitutionnel ou simplement mandataire muni d’une petite part de royauté, le candidat que vous portez au trône ou au fauteuil sera votre supérieur. Vous nommez des hommes qui sont au-dessus des lois, puisqu’ils se chargent de les rédiger et que leur mission est de vous faire obéir.

Voter, c’est être dupe ; c’est croire que des hommes comme vous acquerront soudain, au tintement d’une sonnette, la vertu de tout savoir et de tout comprendre. Vos mandataires ayant à légiférer sur toutes choses, des allumettes aux vaisseaux de guerre, de l’échenillage des arbres à l’extermination des peuplades rouges ou noires, il vous semble que leur intelligence grandisse en raison même de l’immensité de la tâche. L’histoire vous enseigne que le contraire a lieu. Le pouvoir a toujours affolé, le parlotage a toujours abêti. Dans les assemblées souveraines, la médiocrité prévaut fatalement.

Voter c’est évoquer la trahison. Sans doute, les votants croient à l’honnêteté de ceux auxquels ils accordent leurs suffrages — et peut-être ont-il raison le premier jour, quand les candidats sont encore dans la ferveur du premier amour. Mais chaque jour a son lendemain. Dès que le milieu change, l’homme change avec lui. Aujourd’hui, le candidat s’incline devant vous, et peut-être trop bas ; demain, il se redressera et peut-être trop haut. Il mendiait les votes, il vous donnera des ordres. L’ouvrier, devenu contre-maître, peut-il rester ce qu’il était avant d’avoir obtenu la faveur du patron ? Le fougueux démocrate n’apprend-il pas à courber l’échine quand le banquier daigne l’inviter à son bureau, quand les valets des rois lui font l’honneur de l’entretenir dans les antichambres ? L’atmosphère de ces corps législatifs est malsain à respirer, vous envoyez vos mandataires dans un milieu de corruption ; ne vous étonnez pas s’ils en sortent corrompus.

N’abdiquez donc pas, ne remettez donc pas vos destinées à des hommes forcément incapables et à des traîtres futurs. Ne votez pas ! Au lieu de confier vos intérêts à d’autres, défendez-les vous-mêmes ; au lieu de prendre des avocats pour proposer un mode d’action futur, agissez ! Les occasions ne manquent pas aux hommes de bon vouloir. Rejeter sur les autres la responsabilité de sa conduite, c’est manquer de vaillance.

Je vous salue de tout cœur, compagnons.

Élisée Reclus. P.-S.

Lettre adressée à Jean Grave, insérée dans Le Révolté du 11 octobre 1885. Reclus, Élisée (1830-1905), Correspondance, Paris : Schleicher Frères : A. Costes, 1911-1925. pp.364-366.

http://www.non-fides.fr/?Ce-que-j-ai-a-vous-dire-peut-se

 

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