Pour que le capitalisme puisse réaliser toujours plus de profits et rémunérer « décemment » ses actionnaires, en abaissant constamment le coût du travail, l'Etat doit asseoir son pouvoir avec la plus grande stabilité possible.
Plusieurs conditions y sont nécessaires, et notamment la division en classes de la société, la concurrence entre les salariés, un contrôle social accru sur les populations (surtout celles jugées « à risques »), et éventuellement le recours à la prison comme instrument de neutralisation des « classes dangereuses ».
Pour créer les conditions les plus favorables au fonctionnement de l'économie capitaliste et assurer la tranquillité des nantis, le contrôle sur les flux de population et sur le marché des matières premières et de l'énergie, a toujours constitué une arme d'une redoutable efficacité.
C'est pourquoi on peut observer régulièrement au cours de l'Histoire les déplacements de populations, l'esclavagisme, le colonialisme, l'exode rural, le pillage des ressources naturelles, ainsi que le racisme et la xénophobie, les discours d'exclusion et de rejet, les politiques sécuritaires qui légitiment ces mouvements générateurs de souffrances pour les populations concernées.
C'est aussi pourquoi la ségrégation spatiale a toujours accompagné l'évolution de l'urbanisme, conduisant même à une « militarisation » de l'espace social urbain.
C'est ainsi que les dirigeants « canalisent » – comme peut l'être le bétail – des populations pour offrir au patronat une main d'oeuvre soumise à bas prix et précarisée (l'immigré jetable après usage), pour alimenter une industrie en définitive non seulement incapable d'assurer l'épanouissement de l'humain-e, mais dont les conséquences de plus en plus désastreuses interdisent cette émancipation. Et tout ce bouleversement, dans les pays « riches » comme dans les pays pauvres, au détriment d'une agriculture qui n'est plus en mesure d'assurer les besoins vitaux de l'humanité.
Dévoreurs d'espace et d'argent public, les « grands projets » (et particulièrement l'aéroport de NDDL), socialement inutiles, écologiquement et financièrement coûteux, qui caractérisent, depuis un demi-siècle, le capitalisme industriel et l'Etat technocratique, constituent une véritable caricature de la pensée unique, de cette fuite en avant idéologique et technologique : destruction de terres agricoles au nom d'un mythe du développement économique et de la croissance, privatisation de l'espace, normalisation de toute forme de vie, collusion du pouvoir politique avec le privé, cynisme des multinationales (Vinci en l'occurrence), criminalisation de la contestation, acharnement de la classe politique, répression tous azimuts avec un dispositif policier exceptionnel.
Avec un maître-mot : « expulsion », par une imbécillité en uniforme, de tout ce qui peut contrarier la pérennité du pouvoir, la survie du capitalisme.
Parce que la logique d'expulsion (d'un squat, d'un site, d'un « territoire », d'un lieu de production ou même du monde du travail) est mise en oeuvre dès que se trouvent compromis un projet spécifique ou plus généralement le processus d'accumulation.
Dans la tradition de Plogoff ou du Larzac, la Fédération anarchiste soutient toutes les actions, les initiatives qui visent à réoccuper la zone soumise à une « guérilla », et qui témoignent d'une détermination et d'une solidarité de plus en plus fortes. Elle rappelle que ces luttes perdraient tout leur sens si elles ne s'inscrivaient pas dans la perspective d'un renversement du capitalisme et de l'Etat et d'une décroissance économique, le temps qu'un nouveau mode d'organisation sociale intègre les possibilités de régénération de l'ensemble de la planète.
La journée du 17 novembre constituera un test significatif quant à la capacité de la population à s'opposer à la volonté de destruction qui anime un pouvoir mortifère. L'avenir est contenu dans la multiplicité d'actions conduites au quotidien.
Groupe La Sociale de la Fédération Anarchiste - Rennes