Le groupe René Lochu soutient et participera à cette mobilisation régionale initiée par Alternative libertaire Lorient. Nous avons décidé d'être signataires de cet appel, comme plusieurs organisations associatives, syndicales et politiques.
La communauté des Kurdes de Lorient / L'Association culturelle des Alévis de Lanester et du Morbihan / Conseil Démocratique des Kurdes de Rennes / Amitiés Kurdes de Bretagnes / Union Départementale CGT 56 / CGT-educ'action 56 / UD-CNT-29 / Interco CNT-22 / SLB (syndicat des travailleurs de Bretagne) / Union syndicale SOLIDAIRES 56 / Alternative Libertaire / Breizhistance / Collectif de vigilance antifasciste 22 / Ensemble 56 / France insoumise Hennebont / France insoumise Pontivy / Groupe libertaire René Lochu / Génération S / Insoumis du centre Finistère / Insoumis du pays de Lorient / Ligue des droits de l'Homme Concarneau, Riec sur Belon, Quimperlé / Nouveau Parti Anticapitaliste Bretagne / Parti Communiste Français 56 / Union démocratique bretonne
Jeudi 22 mars - Grèves et manifestations contre la politique du gouvernement, notamment à l'encontre des services publics (mais pas que !). RDV à 10h30 : Lorient (Cosmao Dumanoir), Vannes (la gare et l'hôpital) et au port de Le Palais à Belle-Ile.
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Vendredi 23 mars - Port-Louis (56) - 20h : Théâtre, poésie et musique ! (Re)découvrir la poésie de Gaston COUTE, le fameux poète paysan, un brin anarchiste avec le spectacle "Sur la Grand'route" par 2 comédiens de la compagnie Udre-Olik. "Poésie du réel de G. Couté, pleine de chair et de misère, de révolte et d'enthousiasme." Entrée libre. Il est conseillé de réserver.
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Jeudi 29 mars - Vannes - 20h cinéma la Garenne. Projection du film de Claude HIRSCH : Les coriaces sans les voraces (sur les Scopti). Vente de thés et d'infusion de la SCOP.
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Vendredi 30 mars - Vannes - Projection débat "Gens de Gaza, vivre dans l'enfermement" avec le réalisateur Vivian Petit. 20h, maison des associations. Organisée par le comité Vannes de l'association France Palestine Solidarité
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Samedi 31 mars - Lorient - Manifestation contre les bombardements et massacres de l'armée turque d'Erdogan dans la région kurde de Syrie, notamment à Afrin, et en soutien au projet politique de "confédéralisme démocratique" au Rojava. Appel d'organisations associatives, politiques et syndicales. Rdv 14h devant l'église de Kerentrech.
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Mercredi 4 avril – Rennes - Causerie populaire « Autisme & inclusion sociale et scolaire » - 20h30 local la Commune (17 rue Châteaudun), par le groupe la Sociale de la fédération anarchiste. Majoritairement exclus du système scolaire, certains autistes non verbaux ont cependant appris à communiquer à l'écrit hors institution; des exemples de parcours seront présentés, pour bousculer les préjugés. La soirée sera animé par un père, avec la présence de son fils, 18 ans, autiste non verbal qui s'exprime à l'écrit, qui sera accompagné par son Auxiliaire de Vie Scolaire, très impliquée pour son inclusion -notamment à l'université où il est inscrit en première année.
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Dimanche 8 avril - LORIENT - 12h Pique-nique vég. Chacun.e apporte un plat végétal, une boisson et on partage. Table de presse : droits des animaux, recettes, questions sanitaires, écologiques et sociales en rapport avec la production / consommation de chair animale et son alternative l'alimentation végétalienne. Rdv au pied de la tour de la découverte, pas très loin de l'hôtel Gabriel.
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Mardi 17 avril - Vannes - 20h "L'AMOUR ET LA RÉVOLUTION. Non, rien n'est fini en Grèce", un film de Yannis Youlountas. Projection-débat avec le réalisateur sur les luttes sociales et les alternatives en Grèce. Maison des associations, 31 rue Guillaume Le Bartz. Entrée libre. Organisée par le groupe libertaire René Lochu (Vannes).
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Mercredi 18 avril - Concoret (56) - Maison d'Ernestine : Les paysans et l’anarchisme dans l’Espagne de 1936
Les Giménologues évoqueront le projet communiste libertaire tel qu’il fut expérimenté en Aragon en 1936 et 1937, et notamment comment la collectivisation des terres, l’abolition du fermage, du métayage et du salariat furent organisées comme point de départ vers l’émancipation morale et matérielle du paysan.
Cette histoire sera l’occasion de casser l’image d’Épinal d’une paysannerie forcément réactionnaire et éternellement asservie, pour reposer la question aujourd’hui des voies d’émancipation des paysans.
Les Giménologues sont les auteurs de A Zaragoza o al charco ! Aragon 1936-1938. Récits de protagonistes libertaires et Les chemins du communisme libertaire en Espagne (1868-1910), récemment paru. 19H suivi d'un buffet
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Samedi 28 avril - Vannes - "La Fédération anti-nucléaire Bretagne (Fan-Bretagne) organise de 10h à 20h à la maison des associations à Vannes un colloque sur les anciennes mines d'uranium et le risque radon avec la présence des associations de Bretagne et Pays de Loire du Collectif Mines Uranium (CMU), de la CRIIRAD et du réalisateur Larbi Benchiha. Au moment où le risque de catastrophe nucléaire en France augmente, où la recherche extractive en Bretagne risque de reprendre à proximité des filons d'uranium, où le risque radon augmente dans nos habitations de plus en plus confinées, informons-nous"
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Hé, c'est tout pour ce soir.
@ bientôt dans la rue, à pieds ou en vélo, par mail, au téléphone ou à notre cinémanar du mardi 17 avril avec le dernier film de Yannis Youlountas sur la Grèce "L'amour et la révolution" (beau programme n'est-il pas ? En effet, comment et pourquoi séparer ces 2 là, si bien faits pour s'entendre ?! :-))
"Le livre de Claire Auzias présente la passion que fut Mai 68 en France, mais aussi sa complexité. Le tableau qu’elle nous présente de ces « trimards » et autres mauvais garçons, nous invite à sérieusement réviser nos classiques sur la révolution. Trimards à Lyon, loulous à Grenoble, zonards à Nantes, katangais à Paris ou Mouvement révolutionnaire octobre à Bordeaux, pour Claire Auzias ce lumpenproletariat était l’autre face de la Révolution."
"Katangais à Paris, trimards à Lyon, zonards à Nantes... ils ont été escamotés de la mémoire de Mai 68, ces enragés marginaux de Mai, que les clichés ont vite présentés comme des mercenaires sans foi ni loi, supplétifs, gros bras.
Claire Auzias tord le cou à ces clichés et montre que certains sont restés des militants d'extrême gauche, après Mai 68 et sa gueule de bois. Ils ne sont peut-être pas tous nés révolutionnaires patentés, bardés de théories, mais ils le sont devenus, au contact des barricades et des assemblées générales. Cette étude méticuleuse, très documentée, croisant témoignages, archives et rapports de police, met à jour une grande diversité. Tous n'ont pas le même profil partout. Sous-prolos et déclassés, inclassables sans doute, chômeurs en transit ou intermittents du boulot, marginaux des syndicats quand ils ont un travail fixe, gens de la rue, mineurs en fugue et en rupture avec les structures d'éducation spécialisée et de l'enfance en danger, autant dire de contrôle de leur adolescence en prélude à la prison. On pourra multiplier les formules, "loubards" selon la terminologie d'époque, "graines de crapule" à écouter le parti de l'ordre, "non organisés" pour le monde militant, en tous cas non-étudiants. Même si ce sont le plus souvent les étudiants en lutte qui les ont sollicités et accueillis. Ces révoltés qui ont saisi Mai 68 comme une zone d'aventure révolutionnaire sont déjà en rébellion contre la vie subie.
Les fantasmes leur ont collé à la peau. Gens de peu ou de rien, sans attaches, sans biens, ils seraient prêts à tout, indomptables, imprévisibles, et donc inquiétants pour les militants aimant les catégories et les cases bien identifiées à leurs yeux. Le regard porté sur ces trimards-zonards-katangais n'est d'ailleurs jamais loin d'un préjugé de classe de la part des étudiants vis-à-vis de ces gens qu'on veut bien utiliser puis écarter quand ils échappent au contrôle et aux plans pré établis.
L'auteure cherche dans l'histoire du mouvement ouvrier les fondements de ce compagnonnage parfois distant. Mais le concept de lumpen-prolétariat est un peu fourre-tout aux contours imprécis, rebut des pauvres, reliquat de ruraux relevant de l'ère pré-industrielle et jugés dangereux pour la classe ouvrière, ou corps social diffus, rétif à la domestication. La notion n'échappe pas toujours à des jugements englués de morale. Pour Marx et Engels, le lumpen, ce "prolétariat en haillons" est un terme méprisant, "lie d'individus dévoyés de toutes les classes", et désignant des strates sociales utilisées pour des visées contre-révolutionnaires, enrôlés comme supplétifs des milices bonapartistes pour mater les insurrections du XIXe. Pour Bakounine, cette canaille-là est en revanche auréolée d'un parti-pris positif. La mémoire de ces voyous de 68 s'est souvent laissée piéger par l'héritage des représentations marxistes. Ce bouquin leur rend utilement hommage."
Rassemblement initié par le mouvement contre l’aéroport et pour l’avenir de la ZAD (Naturalistes en lutte, Copain, habitant.e.s de la Zad, Acipa, Coordination des opposants)
Dans le cadre du FSL 56 – Forum Social Local - une exposition sur la menace atomique aura lieu à Vannes au château de l’Hermine du vendredi 19 au vendredi 26 janvier 2018.
Exposition multimédia, avec notamment l’exposition photo « Hiroshima-Nagasaki, Bombe atomique », réalisée par le Mouvement de la Paix, qui présente la bombe et illustre les conséquences de son usage sur les populations civiles.
L’actualité fait de la bombe atomique une question centrale à laquelle nous devons être sensibilisés : modernisation des arsenaux nucléaires, conflits à hauts risques au Moyen-Orient, en Corée du Nord, Prix Nobel de la Paix décerné récemment à la Campagne Internationale pour Abolir les Armes Nucléaires (ICAN)…
Ouvert à tout public – Gratuit. Visites commentées pour les scolaires afin de découvrir la question de l’arme atomique sous son aspect historique et scientifique.
Parce que des Faucheurs Volontaires ont, dans des magasins, peint des bidons contenant du glyphosate -reconnu cancérigène probable par l'OMS- pour les rendre impropres à la vente, 4 d'entre eux sont convoqués au tribunal de Lorient.
Venez les soutenir le 21 décembre devant le tribunal à partir de 15h.
Nous en ferons le procès du glyphosate*, alors que celui-ci est de nouveau autorisé par l'Europe sous la pression des lobbies agricoles et industriels.
Retour sur la grève à l’usine “Capitaine Houat” de Boulogne-sur-mer
Le 19 juin, les ouvriers de l’usine Capitaine Houat de Boulogne-sur-mer cessaient spontanément le travail. Ils répondaient par la grève au licenciement d’un cadre jugé par la direction : “trop proche des salariés”. Ce conflit résonne ici avec un écho particulier car il a impliqué indirectement un certain patronat que l’on a vu à la manœuvre en novembre 2013 lors du mouvement dit des “bonnets rouges”. Ce patronat de l’industrie agro-alimentaire bretonne aux méthodes éprouvées. Mais qu’elles se déploient sur le port de Boulogne-sur-mer ou dans les usines du Morbihan, elles ne restent pas sans réponse chez les ouvriers qui les endurent ...
Capitaine Houat est une filiale du groupe les Mousquetaires/Intermarché spécialisée dans la production de produits de la mer (*). L’entreprise s’est restructurée il y a quelques temps en concentrant son activité sur deux sites de production au lieu de trois auparavant. Elle emploie actuellement 200 salariés sur le port de pêche de Lorient et une centaine à Boulogne-sur-mer, auxquels il faut ajouter une soixantaine d’intérimaires réguliers. En fermant l’usine de Plougasnou dans le Finistère, intégrée au groupe quelques années auparavant, 37 ouvriers ont été licenciés. A la suite de cette fermeture, le même nombre de postes a été créé sur le site boulonnais. Nous reviendrons dans le cours de cet article sur les implications à plus d’un titre de ces délocalisations. Des chaînes de ces deux usines sortent chaque année 24 000 tonnes de produits finis, essentiellement des filets de poissons. A Boulogne-sur-mer, le saumon représente 50 % de la production, le reste de l’activité revient au filetage de poissons blancs : cabillaud, lieu noir, églefin.
Afin de s’assurer le contrôle de l’activité d’un bout à l’autre de la chaîne, le groupe Intermarché a développé en amont de ses unités de production, deux filiales : un armement de pêche, la société Scapêche et une entreprise de logistique, la Scamer. Cette stratégie permettra au patron de l’usine boulonnaise de contourner l’arrêt de travail sur le site et de déjouer le mouvement de grève.
Selon ses propres sources, la Scapêche (Société Centrale des Armements des Mousquetaires à la Pêche) détient la première flotte de pêche en France avec plus de vingt navires. Elle embauche 250 marins et concentre sa flotte sur les quatre ports de Lorient, du Guilvinec, de Bayonne et de la Réunion. La Scamer, la société du groupe Intermarché spécialisée dans l’acheminement des produits de la mer dispose de 4 plate-formes logistiques, les “bases Scamer” localisées à Lorient, Boulogne-sur-Mer, Bordeaux-Bègles et Frontignan.
A l’origine de cette organisation économique, on trouve le choix stratégique du fondateur du groupe Intermarché, Jean Pierre Le Roch, lui même initiateur aux côtés de Joseph le Bihan du fameux institut de Locarn (1).
Jean Pierre Le Roch, Jospeh le Bihan et l’institut de Locarn
Jean Pierre Le Roch a commencé sa carrière aux cotés d’Edouard Leclerc. Il deviendra le secrétaire général du groupe avant de créer sa propre enseigne “Ex” qu’il rebaptise par la suite Intermarché. C’est aux côtés de Joseph le Bihan qu’il crée en 1991 l’institut de Locarn (Cultures et Stratégies internationales)(2). Ce lobby promeut les intérêts du patronat breton et développe une idéologie qui mêle l’identitarisme régional, le catholicisme traditionnel et l’ultra-libéralisme économique. Joseph le Bihan est à l’origine un professeur de géostratégie qui a travaillé, entre autre, pour les services de renseignements de l’OTAN. Dans un ouvrage intitulé « Genèse de l'Europe unifiée dans le nouveau monde du XXIe siècle », il définit le projet de l’institut de Locarn en ces termes : “la France n'a plus d’avenir ; l’État-nation doit disparaître; il faut liquider l'éducation nationale, les services publics et surtout les services culturels, en finir avec l'héritage de la Révolution française, avec le syndicalisme, la laïcité, et autre boulets : « Nous allons réintégrer cette Europe de la civilisation et de la propreté qui existe déjà en Allemagne, en Suisse et dans certains pays nordiques. »
Les fourberies identitaires d’un certain patronat
On saisit d’emblée que la rhétorique élaborée par ce groupement de patrons n’a pas vocation a s’évanouir dans le ciel des idées mais plutôt à s’incarner dans la pratique et produire les effets escomptés. Son implication en novembre 2013 dans l’épisode dit des “Bonnets rouges” nous a dévoilé un échantillon de ses intentions autant que de sa manière d’opérer. Secondés par quelques politiciens locaux, ils ne parviendront pourtant pas à soumettre à leur volonté l’ensemble des ouvriers qu’ils allaient, pour certains d’entre eux, licencier par la suite. Si durant ces événements la CFDT de l’entreprise Gad-Josselin s’est ralliée à ce patronat pour chasser physiquement les travailleurs de l’usine de Lampaul venus réclamer auprès de leurs camarades un peu de solidarité, à contrario, d’autres travailleurs tenteront de constituer sur des positions de classe un “Pôle ouvrier” pour la défense de leurs seuls intérêts (3). La conflictualité de classe trouve son chemin parfois même dans les circonstances qui lui sont le moins favorables ...
De “l’institut de Locarn” au “Club des trente”, en passant par le label “Produit en Bretagne”, l’ensemble de ces groupes de pression travaillent d’abord à repenser l’organisation économique et politique des territoires à la mesure des profits qu’ils escomptent y engranger. Quand bien même doivent-ils pour cela se confronter à d’autres fractions de la bourgeoisie évoluant à des niveaux différents ou supérieurs de l’organisation territoriale. Ce sont de ces antagonismes endogènes dont a témoigné en partie le mouvement dit des “Bonnets rouges”.
Toutefois, il n’est pas difficile de lever les contradictions qui sourdent derrière le caquetage identitaire de cette bourgeoisie qui se réclame de l’ “enracinement dans la culture bretonne et de l’Europe des régions”. La logique implacable du profit lève dans son mouvement la plupart des barrières qui se dressent devant elle. Rappelons seulement que le groupe Capitaine Houat n’a pas hésité à fermer une de ses usines en Bretagne pour accroître ses capacités de production sur le site boulonnais. De la même façon que d’autres enseignes manufacturent leurs marchandises prétendument régionales sous des cieux moins tempérés (3). Comme nous allons le voir, l’hypocrisie de ce patronat n’a d’égal que la brutalité de ses méthodes d’exploitation.
La grève du 18 juin à l’usine de Boulogne-sur-mer
Ce n’est pas le premier mouvement de ce genre que connaît l’usine boulonnaise. Un an auparavant, le licenciement d’un salarié dans des conditions analogues avait entraîné un débrayage. Cette fois, le dimanche 18 juin, la majorité des ouvriers de l’usine dressent un piquet de grève et filtrent les entrées. Depuis plusieurs années, ils endurent des pratiques managériales brutales, un cocktail corrosif à base de harcèlement, de brimades et de sanctions. Cette fois, le licenciement du responsable de la production jugé trop proche des salariés par la direction sera l’élément déclencheur. En réaction, les ouvriers réclament la mutation du bras droit du patron et reconduisent la grève.
Les patrons lock-outent l’usine
Pour briser la grève, les patrons recourent au lock-out. En cessant d’approvisionner le site en matière première, ils ont enjoint les ouvriers à rester chez eux deux jours de suite. Dans le même temps, la direction transférait la matière première auprès d’autres sites de production locaux pour la faire sous-traiter. Les ouvriers ont réclamé le paiement intégral des heures non travaillées, ce à quoi il leur fut répondu qu’ils devraient désormais donner 45 heures de leur temps au lieu de 35 afin de rattraper la production non effectuée. Depuis le travail a repris.
Quand l’usine Capitaine Houat de Lorient a brûlé ...
Comme nous l’avons souligné, le management exercé par la direction boulonnaise n’est en rien une particularité propre à l’entreprise. Il est en tous points identique à ce qui se pratique dans de nombreux autres secteurs de la production et des services et en particulier dans celui de la grande distribution. Bien entendu, l’instauration de tels rapports d’exploitation et de domination ne peut rester indéfiniment sans réponse et l’action des ouvriers de l’usine boulonnaise le confirme. C’est le cours quotidien de la lutte entre deux classes aux intérêts en tous points antagonistes. Selon les circonstances, ce conflit peut prendre des formes très différentes mais qui témoignent toujours de son caractère irréductible.
C’est ainsi qu’en août 2011, en réponse aux conditions d’exploitation endurées dans l’usine Capitaine Houat de Lorient un travailleur excédé y a mis le feu une première fois. Cet incendie avait ravagé 6 000 m2 d’infrastructure détruisant l’ensemble des chaînes de production. Un nouveau site avait été ouvert sur Lorient que le même salarié incendia une seconde fois. Il justifia ses actes comme la réaction “au stress qu’il endurait au travail” ...
(*) : Note du groupe René Lochu : il y a lieu également de s'interroger sur les conséquences écologiques du pillage des mers par la grande pêche et sur ce qu'endurent les animaux marins, êtres sentients trop souvent négligés (lire par exemple "Poissons, le carnage").
Concernant les pratiques de la flotte de pêche d'Intermarché, voir Bloom, Greenpeace ou Novethic par exemple...
En cette année 2017, se commémore en France et à l'étranger le centenaire de la disparition d'Octave Mirbeau, journaliste, pamphlétaire, romancier, auteur dramatique, critique d'art, membre de l'Académie Goncourt dès sa création en 1890. Après un demi-siècle de purgatoire, on reconnaît enfin son génie et sa modernité.
Né en 1848 à Trévières (Calvados), Octave Mirbeau passe son enfance à Rémalard (Orne) dans le Perche, où son père s'est installé avec sa famille comme officier de santé. Mirbeau a été pensionnaire au collège des jésuites de Vannes, Saint-François-Xavier, de 1859 à 1863, d'où il sera renvoyé un mois seulement avant le fin de l'année scolaire, dans des conditions jamais élucidées. Mauvaises notes ? Indiscipline ? Affaire de moeurs ? (1) En 1887-1888, il revient dans la région pour vivre au château de Kérisper, près d'Auray, en face du petit port du Bono. Il y accueillera Auguste Rodin, le célèbre sculpteur, qui passera trois semaines avec lui. Sur les bords de la rive droite du Sal, il écrit l'un de ses meilleurs romans selon ses fidèles,L'Abbé Jules.
Type même de l'écrivain engagé, passé de la presse conservatrice, bonapartiste, monarchiste, à la gauche libertaire, sans être jamais encarté, il fut un ardent dreyfusard et l'un des grands combattants de "L'Affaire", dont le rôle a été longtemps occulté ou sous-estimé. Son passage chez les jésuites de Vannes l'aura marqué d'une empreinte profonde et durable et développera chez lui une sensibilité et une nature bouillonnantes, que l'on retrouve dans toute sa création artistique. Création foisonnante, tant dans ses romans, ses contes cruels, son théâtre, ses chroniques sur l'art. Nous nous limiterons ici à une courte synthèse des seuls engagements esthétiques de Mirbeau, voire combats, comme critique d'art.
Chez Octave Mirbeau la peinture est une véritable passion. Elle lui permet de se racheter des ses compromissions journalistiques, en promouvant par ses écrits les artistes novateurs qu'il aime. Pour avoir parcouru les grands musées européens, il connaît les grands maîtres du passé, Rembrandt, la ferveur de sa vie, Van Eyck, Rubens, Vermeer, Goya, Titien, Véronèse, Vélasquez, Chardin... Plus près de lui ses références sont Delacroix, Ingres, Millet, Corot, Manet. Dès 1874 il se lance dans une vaste lutte pour déboulonner les gloires de l'académisme - Cabanel, Bonnat, Gérôme, Boulanger, Bouguereau - et dénoncer l'Etat, qui contrôle l'Académie, l'Ecole des Beaux-Arts, les Salons annuels et, par jurys interposés, accorde des breloques aux artistes pompiers et exclut les novateurs.
A partir de 1884, Mirbeau évolue vers l'anarchisme et sa carrière de critique d'art - nom qu'il déteste - redouté et sollicité devient une véritable mission : éduquer, participer à la grande révolution du regard, apprendre au public, conditionné et borné, à dépasser son attendrissement stupide devant les toiles lénifiantes. Doté d'un flair quasiment infaillible - Gustave Geffroy parle de "prescience" - il apparaît comme le prophète de l'art moderne :
. Claude Monet. Pour Mirbeau, Monet est le premier à avoir su peindre la lumière, fixer l'instant et donner vie à la peinture. "Il y a du génie en M. Claude Monet. Jamais je n'ai vu la nature interprétée avec une pareille éloquence". "On peut dire de lui qu'il a véritablement inventé la mer, car il est le seul qui l'ait comprise et rendue avec ses changeants aspects, ses rythmes énormes, son mouvement..."
. Camille Pissarro. Mirbeau admire le peintre sans réserve et il aime l'homme. Il voit en lui un guide spirituel, dont il partage les idées anarchistes (Pissarro est peut-être à l'origine de sa conversion à l'anarchisme). "Dans ses toiles, nous avons l'idée réelle de cette immensité où l'homme n'est plus qu'une tache à peine perceptible".
. Edgar Degas. "Ses danseuses sont, comme il le dit lui-même, non pas de simples tableaux ou de simples études, mais des méditations sur la danse".
. Paul Cézanne. "Pauvre inconnu de génie". En 1905, Mirbeau se livre à une attaque en règle contre la politique culturelle de l’État. Il prend l'exemple de Cézanne, qui vient d'être refusé d'exposition par les membres de l'Institut. "Un tableau de Cézanne, le peintre des peintres, refusé par ces infimes et insolents barbouilleurs"..."Cézanne, prodigieux renouveleur d'idéal, inventeur logique d'harmonies...".
. Paul Gauguin. Mirbeau s'est battu pour imposer Gauguin, "un être en quête
d'absolu". Dans ses articles de 1891, il célèbre en lui une "sorte de Rimbaud de l'art graphique". Gauguin incarne pour Mirbeau "l'Artiste", dont l’œuvre témoigne de la vie. Son Christ jaune inspire au critique l'un de ses plus beaux commentaires. "Le Christ, telle une divinité papoue, sommairement taillé dans un tronc d'arbre par un artiste local, le Christ piteux et barbare, est peinturluré de jaune... Et la mélancolie de ce Christ est indicible. Sa tête a d'affreuses tristesses; sa chair maigre a comme des regrets de la torture ancienne et il semble se dire, en voyant à ses pieds cette humanité misérable et qui ne comprend pas : "Et pourtant, si mon martyre avait été inutile ? ".
. Vincent Van Gogh.Comment ce fou de peinture aurait laissé Mirbeau indifférent ? Mirbeau admire son style si personnel, son dessin forcené, la valeur symbolique de ses couleurs, sa lumière chaude, sa capacité à faire "déborder sa personnalité en illuminations ardentes sur tout ce qu'il voyait, tout ce qu'il touchait, tout ce qu'il sentait". L'expressionnisme avant la lettre. Mirbeau est le premier à acheterLes Iris et Les Tournesols, les tableaux parmi les plus chers du monde actuellement !
Les sculpteurs ne sont pas en reste :
. Auguste Rodin.Pour Mirbeau, Rodin a été avec Monet "l'un des grands dieux de son cœur". A partir de 1885, il lui consacre une dizaine d'articles enthousiastes et participe à toutes ses grandes batailles. Il voit en lui le successeur de Michel-Ange, qui a su exprimer la vie par le mouvement et synthétiser les sentiments humains les plus poignants et le tragique de la condition humaine. Rodin, reconnaissant, écrit à Mirbeau en 1910: "Vous avez tout fait dans ma vie, et vous en avez fait le succès".
. Camille Claudel.Mirbeau a très tôt, dès 1893, commenté La Valse et proclamé le "génie" de Camille Claudel, qui ne sera reconnu qu'un siècle plus tard. Il plaidera auprès de l’État pour qu'elle puisse obtenir des commandes et vivre de son art. Sans grand succès.
. Aristide Maillol.Aux antipodes de Rodin par sa sérénité et son statisme, c'est encore Mirbeau qui a su le distinguer contre les critiques incompréhensifs, prouvant l'éclectisme de ses jugements et son refus des étiquettes réductrices.
Avec le recul, force est de constater que Mirbeau fut un formidable visionnaire, en affirmant les droits de la subjectivité contre les critères dogmatiques rigides et étriqués. Mais il ne se contente pas de promouvoir les génies méconnus de la création artistique. Il encourage aussi les artistes plus secondaires. Qu'il nous soit permis d'évoquer en conclusion l'excellent peintre Maxime Maufra, ami de Gauguin (ils étaient rares), bien représenté dans la collection permanente des musées de Pont-Aven et de Quimper. Il a vécu et est inhumé à Saint-Pierre-Quiberon. Son petit-fils nous confiait que les parents du peintre voulaient le voir prendre la suite de l'entreprise familiale à Nantes et surtout ne pas faire carrière dans la peinture. Un article élogieux de Mirbeau en 1886 révéla Maufra et leva toutes les réticences familiales...Le rôle d'Octave Mirbeau dans l'histoire des beaux-arts aura été considérable. Nous n'avons fait que l'esquisser.
(1) Sur cette période cruciale de sa vie d'adolescent, Mirbeau a écrit un roman vengeurSébastien Roch, publié en 1890, en partie autobiographique. La description des lieux est encore reconnaissable aujourd'hui: bâtiments, cloître, cours de récréation, Golfe du Morbihan, lieu de promenade à Pen Boc'h, pèlerinage à Sainte-Anne d'Auray. Le service du Patrimoine de la Ville de Vannes, qui depuis l'an 2000 veut faire du port une vitrine de la ville, s'est même servi de sa description par Mirbeau sur une fiche documentaire ! Et l'auteur de cet article reconnaît dans la chapelle des internes du roman, "sombre, basse, étouffante", son ancienne salle d'étude, traversée parfois par des rats qui n'étaient pas tous de bibliothèque.
Bibliographie : Octave Mirbeau. Combats esthétiques, édition établie, présentée et annotée par Pierre Michel et Jean-François Nivet, Séguier, 1993; Dictionnaire Octave Mirbeau, sous la direction de Yannick Lemarié et Pierre Michel, L'Age d'Homme, 2011, entièrement en ligne sur Internet.
Texte initialement publié dans La lettre aux amis n°13, en mai 2017 (Association des amis de l'art contemporain du Musée des Beaux-Arts de Vannes)
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Le groupe libertaire René Lochu ne se reconnaît pas obligatoirement intégralement dans chacun de ces événements.
Mardi 10 novembre - Vannes, Lorient et Pontivy - Appel unitaire à la grève. Rassemblements (autorisés) des personnels de l’Éducation Nationale (écoles, collèges, lycées) pour l'amélioration des conditions sanitaires, pour l'allègement des effectifs et le recrutement de personnels (ceux des listes complémentaires etc...).10h30 Vannes, devant la DSDEN (3, Allée du Général Le Troadec), 10h30 Lorient devant la sous-préfecture, 10h30 à Pontivy à La Plaine. A l'appel des syndicats de l’Éducation Cgt, Fo, Fsu et Sud
Jeudi 10 décembre - Auray, cinéma Ti Hanok - 20h30 Ciné-débat "Autonomes" (documentaire de François Bégaudeau), en présence de Benjamin Constant, présent dans le film. Tarifs habituels