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blog - Vannes & alentours

Ecopunk – les punks, de la cause animale à l’écologie radicale

Ecopunk – les punks, de la cause animale à l’écologie radicale

Ecopunk – les punks, de la cause animale à l’écologie radicale, de Fabien Hein et Dom Blake (éd. Le passager clandestin)

 

Voilà un petit livre fort intéressant qui permet de retracer l’histoire de l’activisme punk sur les questions de notre rapport aux animaux, à l’environnement. En 2012 un des auteurs, Fabien Hein, avait déjà publié aux mêmes éditions Do It Yourself ! – autodétermination et culture punk. J’en étais sorti un peu déçu ; mais ici, pas du tout !

 

Les auteurs ont fait le pari de rassembler divers courants issus du punk et de détailler les différents débats politiques qui les ont traversés. Au premier abord, il peut paraître déroutant de voir se côtoyer sur un même niveau Crass, Cro-mags ou Vegan Reich, et d’associer l’antispécisme à une lutte écologiste. Mais, ça se tient. Et l’analyse qui est faite est susceptible de nous donner des clés pour comprendre l’histoire mouvementée de la scène et les orientations qui ont pu prévaloir à certaines périodes.

 

Les auteurs mettent en évidence l’argumentaire punk en faveur de la libération animale, de la permaculture, des bikepunx, de l’anti-bagnolisme, etc., tout ça avec de nombreuses traductions de zines (Profane existence, Maximum R’n’R, …) ou de paroles de groupes (Oi Polloi, MDC, Earthcrisis, …). Ces extraits permettent aux auteurs d’exposer les différentes approches de la critique punk, avec aussi son corollaire : la mise en pratique – manifs, DIY / DIO, occupations, vies collectives, sabotages de chasse, menace de représailles, destructions de matériel.

 

Je retiens particulièrement la synthèse suivante qui résume les difficultés de l’activisme : « Contradiction entre la capacité à faire émerger des thèmes et des pratiques « alternatives » et le défaut de vigilance face à leur réappropriation par l’idéologie néolibérale ; tension entre la volonté individuelle d’adopter un style de vie conforme à une « éthique du renoncement » et la nécessité d’inscrire ce choix dans des dynamiques collectives de lutte ; opposition entre la tentation du retrait visant à éviter tout impact sur le milieu naturel et le souci de mettre en œuvre des pratiques de coexistence avec ce milieu en rupture avec les logiques dominantes » (page 149).

 

On pourra certes regretter que l’ouvrage relate quasi-exclusivement l’engagement punk américain ou anglais, qui plus est un engagement « ancien ».

 

A chacun-e de trouver les exemples pour la scène française ou européenne. Ou mieux encore, à chacun-e d’écrire aussi cette histoire, faite de vélorutions, de concerts sauvages, de Roller derby, de manif’ anti-McDo, antinucléaire, anti-guerre, faite aussi avec Nabate, Maloka, Tromatism, Parkaj mental, Nagasaki by night, Scraps, Kochise, Pariapunk, et des zines comme Réagir, Désidérata, Est-ce bien raisonnable ?, Bruit, Mort aux vaches, Snack attack, Honoré patrie, …

 

En France et en Europe, le punk est bien plus qu’un « cadavre [qui] bouge encore ». Mais, à moins qu’on se satisfasse d’une survie chiante à mourir, nous n’avons pas d’autres choix que celui de sortir de nos terriers secrets et isolés et de populariser nos dynamiques.

 

Dans Ecopunk, les novices comme les expert-es en histoire du punk trouveront leur compte, car c’est un livre bien ficelé et très bien documenté.

 

Et pour aller plus loin sur les questions qu’il soulève et approfondir la réflexion des auteurs, on peut se plonger dans Quelle écologie radicale ? de Murray Bookchin et Dave Foreman (éd. Atelier de création libertaire) et se référer aux Cahiers antispécistes pour la libération animale.

 

Yly

Fabien Hein et Dom Blake : Ecopunk – les punks, de la cause animale à l’écologie radicale (éd. Le passager clandestin), 12€.

 

 

 

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