blog - Vannes & alentours
Cela fait longtemps que je voulais écrire un papier sur une pratique agricole exaspérante dans ma commune, je pense que d’autres communes le font.
Sur le journal de ma commune qui paraît chaque année, un article est diffusé sur une campagne urgente d’arrachage et d’éradication d’une plante qui pullule dans les grands champs de chefs d’entreprises agricoles, il est demandé aussi aux particuliers d’arracher dans leurs jardins.
Il s’agit d’une plante aux feuilles piquantes, les chardons (Cardus defloratus).
Chardon est un terme générique qui désigne de nombreuses espèces de plantes épineuses appartenant principalement à la famille des Asteraceae notamment du genre, carduus, cynara (artichaut) et cirsium (les cirses).
Les chardons sont considérés comme des adventices, plus communément appelés « mauvaises herbes ». On les trouve sur des sols arides exploités à outrance. Certains chardons produisent une jolie fleur bleue qui garnit de beaux bouquets de fleurs séchées, elle est aussi belle sur son pied, nous pouvons nous tromper en les éradiquant.
Comme je l’écris plus haut, la campagne d’arrachage bat son plein, les exploitants font la gueule si tu n’exécutes pas les directives données par monsieur le maire, le premier magistrat de la commune.
Le chardon pullule du fait d’un sol comportant trop de phosphore, et oui cette plante est bio-indicatrice comme tant d’autres, elle indique un apport trop massif de lisier frais dans les champs, pratique des exploitants agricoles pour vider les déjections animales des élevages intensifs.
Un texte tiré de l’encyclopédie des plantes bio-indicatrices, guide de diagnostic des sols écrit par Gérard Ducerf explique cela :
« En Saône et Loire, la direction départementale de l’équipement fait des fauches tardives des talus le longs des routes nationales. Les exploitants agricoles se sont plaints auprès des élus locaux de ce que cette fauche retardée des bords de routes, ensemencerait les champs cultivés en graines de chardons. Ce n’est pas la DDE qui sème les chardons, mais les écoulements dus aux lessivages des nitrates d’ammonium et des lisiers des parcelles agricoles qui font lever la dormance des graines présentes dans les fossés des routes. »
Ils épandent toute cette fiente dans les champs pour y semer des céréales et légumineuses, type soja, semences achetées chez les lobbyistes, semences qui demandent des traitements phytosanitaires, tels que le glyphosate et d’autres produits agrochimiques.
Les céréales sont cultivées en majorité pour l’alimentation des élevages intensifs, les viandes issues de ces élevages ne sont généralement pas consommées par ceux qui la produisent. L’achat de tous ces produits profite la majorité du temps aux grands groupes capitalistes semenciers et chimiques (Bayer-Monsanto, Groupe Limagrain, Basf, Syngenta...).
En ce printemps de confinement, les entrepreneurs agricoles se font un malin plaisir d’épandre et de pulvériser leurs fientes et produits chimiques, sans respecter les directives données, pulvériser autour des habitations à cinq mètres pour les plantations basses et dix mètres pour les plantations hautes, une directive qui est, à mon avis, un non-sens, un arrêt complet me semble évident. Certaines personnes de mon entourage subissent ces effluves qui provoquent, des nausées, maux de tète, picotement nasal et de gorge, non ce n’est pas le COVID 19, mais bien les épandages, qui peuvent aussi provoquer une mort lente et assurée, cancers et autres maladies dus à ces pratiques. Ces maladies nous les retrouvons dans les élevages industriels, malformations et morts prématurées pour les animaux, du fait de cette alimentation, issue des champs de la grande industrie agro-chimique. Des traces de produits chimiques que l’on retrouve aussi dans notre alimentation.
L’agriculture biologique n’est pas en reste d’erreur. Certaines pratiques ne sont pas en adéquation avec la santé des sols et des plantes. Je parle notamment du Maerl appelé aussi Lithothamne, qui est une algue calcique vendue en coopérative biologique comme produit de bien-être et que l’on retrouve dans les laits végétaux. En agriculture le lithothamne est amendé aux sols acides pour relevé le PH. Je me pose la question : pourquoi utiliser cette algue, dont l’exploitation à outrance détruit les fonds marins.
L’état des océans est catastrophique, les bancs de Maerl constituent des nurseries vitales à la biodiversité. Cette algue est protégée sur le littoral Breton depuis 2011 par un classement, en zone Natura 2000. Cependant, les ressources de lithothamne restent en danger dans le monde, les industriels se tournant désormais vers l’Islande, le Brésil et le Chili.
N’oublions pas les exploitations minières de cuivre et soufre pour les produits de type « Bouillie bordelaise », pulvérisés sur les vignes, légumes et fruits, pour éviter l’oïdium.
Maladie cryptogamique, générée par certains champignons ascomycètes.
Les produits et semences utilisés par les exploitants en agriculture biologique, sont vendus la plupart du temps par les mêmes lobbyistes de l’agro-chimie.
Certains diront : « on le sait déjà !!» et d’autre « Et alors ! Qu’est-ce que tu proposes ? » A l’un je réponds « Très bien continuons comme ça ».
Viens maintenant le « Et alors ! », ne restons pas dans le déni, un arrêt de toutes pratiques non respectueuses de l’environnement et des sols est possible.
Des travaux on été réalisés par des observateurs et biologistes respectueux de l’environnement.
Les travaux menés par Eric Petiot, sur les extraits fermentés contrôlés de plantes, sont intéressants, et sont utilisés par de plus en plus d’exploitants sur de grandes surfaces. Un exemple, Philippe Houdan, céréalier en Côte d’or utilise les extraits depuis 2011 avec de très bons résultats. Des plantes que l’ont trouvent essentiellement autour de soi.
Claude et Lydia Bourguignon, micro biologiste et ingénieur agronome, ont mené des études sur la nature des sols vivants, ils accompagnent des exploitants pour des suivis et conseils agronomiques.
Une autre piste est l’agroforesterie, étude menée près de Montpellier à Restindières.
Pourquoi, ne pas reprendre une vraie paysannerie, avec l’utilisation des méthodes anciennes, modernisées par certains, par exemple soigner les plantes par les plantes, équilibrer les sols par l’apport d’engrais verts et de cultures intercalaires comme la phacélie, la luzerne, le seigle pour décompacter le sol, la vesce et bien d’autres plantes.
Toutes ces plantes amènent des principes actifs pour favoriser un équilibre et l’apparition des micro-organismes du sol.
La récolte de ses propres semences, peut être un bénéfice aux exploitants, cela permettra de zapper les marchés capitalistes des lobbyistes semenciers.
Une mutualisation du matériel de production, serait une occasion de recréer de petites coopératives agricoles, autogérées par un groupe d’exploitants, et non par les grands groupes et financées par les banques (Crédit agricole).
N’écoutons plus certains conseillers-illères, des chambres d’agriculture, qui la plupart collaborent avec les lobbyistes et banquiers.
Désertons les lycées agricoles qui favorisent l’enseignement des pratiques agro-chimique et de gestion d’entreprises, cursus chapeauté par les banques et les grands groupes agricoles.
Tous, agriculteurs et consommateurs, nous y gagnerons à fonctionner autrement. En ayant un respect de la nature, de soi et des autres et un respect pour les générations futures.
Réapproprions-nous les savoirs anciens, arrêtons la destruction de notre environnement, nous ne nous en porterons pas plus mal.
Un champ de blé avec des coquelicots est magnifique, alors pourquoi éradiquer les chardons ?
Ronan