Sans tenir compte des années de travail "invisible" des femmes,
Sans valoriser celui des indispensables, les « premiers et premières de corvée », dans la santé, l'entretien, l’alimentation, les services, la construction…
Sans prendre en compte l'apport des retraité.e.s, encore capables de transmettre, de consacrer du temps à la cohésion sociale, en premiers lieux dans les familles et les associations,
Ni se soucier des millions d'exploité-e-s, qui ont eu le courage de s'imposer sur les ronds points et dans la rue ; préférant les voir se replier sur eux-mêmes, se mettre à genoux devant l'autorité de la « Nation »... Il s'agira donc de travailler jusqu'à la mort, pour près d'un tiers des cotisant•e•s.
Mettons fin à la guerre de tou•te•s contre tou•te•s :
Réaffirmons le principe d'égalité !
Nous ne sommes ni plus ni moins que les autres
Soulevons-nous !
Nous pouvons gagner. Nous allons gagner !
La casse de la Sécu
À l'origine, le régime de retraites par répartition, branche de la Sécurité Sociale, était censé être géré exclusivement par des représentant•e•s élu•e•s par les travailleur•euse•s.
La cotisation sociale n’est pas un impôt. Elle est un salaire différé et collectivisé, reversé à jet continu aux pensionné•e•s. Elle échappe ainsi aux marchés financiers. Raison pour laquelle ce système de retraites a été constamment détricoté, attaqué par les différents gouvernements – quelle que soit leur couleur – qui se sont succédé. 1995, le Plan Juppé : c’est le Parlement, donc les intérêts du Capital, qui prend la main sur son budget. Législateur et gouvernement n'ont pas à administrer de l’argent qui ne leur appartient tout simplement pas !
Durcir les conditions d’accès à la retraite pousse celles et ceux qui le peuvent à investir dans les assurances privées, l’immobilier… : le Capital. Les autres vivoteront ou mourront plus vite : l’espérance de vie en bonne santé en France, pour les hommes est de 64,4 ans, celle des femmes 65,9. Avec des disparités de plusieurs années entre ouvrier•e•s et cadres, pauvres et fortuné•e•s. La réforme Macron est un cadeau indirect aux assurances privées et fonds de pension. Mais, selon la volonté du chef de l’État, les milliards ainsi ponctionnés serviront aussi à financer des dépenses étatiques.
Il n’y a pas d’État social
L’État est le premier outil de la classe capitaliste pour affirmer sa domination sur les exploité•e•s. Les députés, ministres ou autres haut-fonctionnaires se recyclent facilement dans le secteur privé après leur mandat au sein de l’appareil d’État. Après son passage à l’Elysée, Sarkozy a rejoint le conseil d’administration du groupe AccorHotels par exemple. L’inverse est tout aussi vrai : Macron lui-même était banquier chez Rothschild avant d’entrer en politique. Mais ça n’a rien d’un hasard, d’une simple erreur qu’on pourrait simplement réparer en votant pour les « bon•ne•s dirigeant•e•s ». Les institutions ont été construites et sont dirigées par et pour la classe qui possède et exploite. L’État, avec tous ses outils (lois, police, justice, prisons), n’est au service que des intérêts de cette classe. Ces derniers peuvent se résumer ainsi : profit, puissance, pouvoir. Nous entendons par « profit » l’argent accumulé en masse par les patrons grâce à notre travail. Et la ligne politique des gouvernements, quel que soit leur bord politique, est de garantir aux patrons et actionnaires que leur profit soit toujours plus important. Cette réforme des retraites, mais aussi celle de l’assurance chômage en sont les preuves.
Patronat et actionnaires sont bien des charges pour les travailleur•euse•s. Pour financer les retraites, la gauche propose de taxer le Capital. Mais pour que la taxe rapporte, il faut que le Capital se… développe ! Le remède est pire que le mal. Il y a pourtant un moyen de réduire l’emprise du Capital sur nos vies : lutter pour obtenir des augmentations de salaires bruts et du taux de cotisation sociale... Lutter jusqu'à l'expropriation des capitalistes et la reprise en main des moyens de production.
Ce n’est donc pas de président que nous devons changer, c’est toute la société qu’il faut transformer !
Construire une nouvelle société
Réfléchir à ce qui serait un bon système de retraite oblige à remettre en cause tout ce qui vient en amont, dont la place de chaque individu dans la société.
Celle que nous devons créer ensemble doit garantir la redistribution égalitaire et solidaire des richesses produites. Elle doit également assurer la satisfaction de tous les besoins. Pour cela, atténuer à la marge la servitude du travail n'est pas suffisant. Il faut rompre les liens de subordination, dont le salariat. Il faut abolir la propriété privée des moyens de production et de distribution. Le travail constitue un enjeu majeur quant au respect des droits et libertés car les relations n'y ont jamais été égalitaires, soumises à de multiples rapports de forces : inégalités de richesse et d'éducation, propriété privée, multiples hiérarchies sociales. En un mot, le monde du travail a toujours été un lieu de domination, entraînant violation des droits et libertés. Rompre cette logique peut s'exercer par l'autogestion : les décisions sont prises à égalité par les membres qui composent le collectif.
Passer du travail imposé au travail volontaire. De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins. « Impossible ! » diront certains. Mais si les capitalistes ont su mondialiser l'exploitation, n'y a-t-il aucune raison pour que les anarchistes ne puissent mondialiser la solidarité ?
Comment lutter ?
Faisons la grève, avec ou sans syndicat, reconduisons-la, sans préavis, sauvage, perlée mais surtout générale, expropriatrice & autogestionnaire ! Construisons des organes d'auto-organisation : assemblées générales de grévistes dans nos entreprises, nos quartiers, nos villes comme nos campagnes, de jour comme de nuit, des plus grands aux plus petits ! Occupons tous les lieux qui nous passent par la tête et les mains, à commencer par nos lieux de travail et d'étude, mais aussi tous ceux qui appartiennent à tous et toutes et à personne. Exprimons-nous partout : tractons, diffusons, affichons, crions, chantons, dansons, provoquons les fêtes, célébrons les victoires comme les peines, et surtout la lutte ensemble. Notre force réside dans notre capacité à nous organiser, nous coordonner et à construire une lutte prolongée, créative et offensive.
Dans le monde : une classe en lutte
Nous ne sommes pas seuls à lutter. Notre classe n'a pas de frontière : le mode de production capitaliste est mondial, les luttes aussi.
Au Royaume-Uni, toute une partie des salarié-es luttent pour leurs salaires et leurs conditions de travail : les enseignant-es, les infirmiers et infirmières, les ambulanciers et ambulancières, les cheminot•es... Même chose au Portugal chez les enseignant-es et les travailleur•euses du rail et transport aérien. Citons également les paysan•nes amérindien•nes au Pérou, en lutte contre la corruption de leur gouvernement, où la répression a été extrêmement violente. Sans oublier la révolte des femmes en Iran, qui a initié un soulèvement plus large, avec des grandes grèves dans tout le pays ! Mentionnons enfin nos compagnons qui, par-delà les mers et les montagnes, construisent activement des alternatives émancipatrices : les Zapatistes au Chiapas (Mexique) et les Kurdes au Rojava (Syrie).
C'est là que sont nos camarades, nos sœurs et nos frères, celles et ceux d'en-bas ; et non la poignée qui nous imposent, d'en-haut, des frontières assassines.