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blog - Vannes & alentours

Crime contre l'humanité : l'armée française devant la justice

 

De avril à juillet 1994, l'horreur atteint des sommets dans les collines rwandaises. En une centaine de jours, plus d'un million de Tutsis sont massacrés dans une violence inouïe. L'entreprise génocidaire, préparée idéologiquement et matériellement depuis de nombreux mois par le pouvoir Hutu, s'est déchaînée dans l'indifférence internationale quasi-générale. On se souvient de la lenteur de l'ONU et des interminables débats sur l'existence ou non d'un génocide - le caractère obscène de ces tergiversations augmente à mesure qu'on connaît les faits. On se souvient aussi des phrases assassines professées par des politiciens, comme par exemple Mitterrand déclarant : « Dans ces pays-là, un génocide c'est pas trop important. »

17 ans après, les responsabilités françaises ne sont toujours pas établies et encore moins traitées à leur juste mesure.

Et pourtant, des enquêtes citoyennes, des journalistes et plusieurs rapports gouvernementaux viennent attester d'une connivence française avec l'Etat Hutu dans le dernier génocide du XXème siècle. L'ampleur de la connivence dépasse même les premières dénonciations émises à son encontre. La complicité française n'a pas simplement consisté en une implication indirecte (comme par exemple l'entraînement des milices). Les témoignages et les recoupements expriment clairement une participation active (collaboration, livraison de Tutsis, approvisionnement en armes pendant les tueries...). Et cette participation a été validée par des militaires et des politiciens, de droite comme de gauche, dont entre autres : F. Mitterrand, E. Balladur, N. Sarkozy (alors ministre du budget et qualifié à ce titre de « banquier du génocide »).

 

Du génocide au gynocide

Le déchaînement des machettes1 aura eu pour cadre un gynocide dont l'ampleur est difficilement pensable : entre 250 000 et 500 000 femmes ont été violées - certaines contractant par la même le sida, d'autres des grossesses. Selon le rapport des nations-unies de 1996 : « Le viol était une règle et son absence une exception ». Le pénis était l'arme d'humiliation et de destruction massive. Le pénis était la machette. Et la France sur ce chapitre a aussi sa part de responsabilité. A propos de soldats français, le rapport Mucyo2 (de la « Commission nationale indépendante chargée de rassembler les preuves montrant l'implication de l'Etat français dans le génocide perpétré au Rwanda en 1994 » ) parle d'« agressions sexuelles et viols » avant le génocide, et de « viols et d'esclavage sexuel » pendant l'opération turquoise.

 

C'est pourquoi, suite à tous ces événements, il est urgent de soutenir l'initiative de 3 Rwandaises qui portent plainte auprès du Tribunal aux Armées de Paris 3. Elles ont été violées et torturées par des militaires lors de la supposée « opération humanitaire ». L'une d'elles témoignait encore dernièrement : « Pas un seul militaire français n'est parti de ces camps sans avoir violé au moins une femme.(...) On était violées parfois par plus de dix militaires, avec une telle violence. Comme des animaux. Chaque soir, ils venaient chercher des filles, c'était comme un repas. »

La longue tradition coloniale française, dénoncée sous le terme de « françafrique », est aussi une longue tradition patriarcale.

Peu médiatisé, ce procès est néanmoins d'une importance cruciale et historique : pour que les responsables prennent leur responsabilité, pour que le négationnisme recule et pour qu'un début de réparation s'enclenche.

Bien que le parquet ait fait appel, l'accusation a été reçue et l'armée française reste poursuivie pour « crime contre l'humanité ». Ce procès nécessite d'importants moyens financiers - déjà plus de 8 000 euros ont été engagés par une médecin humanitaire, membre de la Commissiond'Enquête Citoyenne sur le Rwanda - alors tous vos dons seront les bienvenus.

Plus d'infos à l'adresse suivante : http://www.lanuitrwandaise.net/la-revue/no4-o-2010/trois-plaintes-contre-l-armee,281.html

 

yly

 

1 Lire par exemple de Esther Mujawayo: SurVivantes (édition de l'Aube, 2004) (avec Souâd Belhaddad)

2 Rapport récemment publié en tant que n°5 de la revue La nuit Rwandaise (édition L'esprit frappeur, Izuba, 2011, 15euros, 500 pages). (La nuit rwandaise est une revue annuelle incontournable, sérieuse et radicale. Elle mérite également votre soutien car elle est attaquée en justice par 9 officiers français qui lui reproche d'avoir publié -comme Le nouvel observateur ou l'asso des plaignants « France turquoise »- la liste du rapport Mucyo où figure les noms de politiciens et militaires français impliqués dans le génocide)

3 Des informations complémentaires sont disponibles ici: http://cec.rwanda.free.fr/pilotage/plaintes-viol-turquoise.html

 

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