blog - Vannes & alentours
Par anars56
L’avortement est toujours un droit fragile. Les réformes du gouvern e m ent portent atteinte à notre système de santé solidaire et universel et remettent en cause son accessibilité. Dans le monde, la situation s’avère aussi préoccupante. En Espagne, le projet de loi prévoyant sa légalisation rencontre une vive opposition des ligues ultraconservatrices. Aux Etats-Unis, l’accès à l’avortement a brusquement reculé suite à un amendement à la loi sur la santé.
L’avortement toujours considéré comme un tabou, et les femmes comme des irresponsables
Trop souvent encore, et à tort, on pense que l’avortement est une « anormalité » dans la vie contraceptive d’une femme. La culpabilisation des femmes vis-à-vis d’un accident de contraception reste forte, alors qu’en parallèle le nombre d’IVG reste stable. Les campagnes sur la contraception ont été pendan
t longtemps destinées uniquement aux femmes, et aucune n’est centrée spécifiquement sur l’IVG. Il est absolument nécessaire d’inverser cette tendance, afin que l’avortement ne soit plus considéré comme une grave erreur : l’accident de contraception est permis sur 40 ans de vie contraceptive !
Quand la rentabilité prime sur le droit à l’avortement…
L’actualité fait état de nombreuses fermetures de centres d’interruption de grossesse en France, mais il s’agit seulement de la partie émergée de l’iceberg. La rentabilité, alpha et oméga de la politique hospitalière depuis plusieurs années, met en danger le service public d’accès à l’avortement.
Depuis plusieurs années, les médecins militants des années 70 partent à la retraite, et ne sont pas remplacés, notamment pour des raisons économiques. Bien que récemment revalorisé, l’acte d’IVG est très peu rémunérateur pour les structures hospitalières, qui s’en détournent de plus en plus. On peut constater que des hôpitaux refusent d’appliquer la loi et de pratiquer des IVG jusqu’à 12 semaines. Parfois par manque de moyens, mais parfois aussi car les médecins appliquent la « clause de conscience » : une clause qui les autorise tout simplement à ne pas appliquer la loi !
Tenon, Avicenne, Jean Rostand, Broussais, Hôtel-Dieu de Lyon ferment : et maintenant, pour avorter, on va où ?
Depuis mai 2009, plusieurs centres d’IVG ont été fermés et leur activité transférée sur d’autres sites. Conséquence principale de la volonté de faire des « économies d’échelle » : les femmes désirant avorter sont redirigées vers des centres déjà débordés, et les délais d’attente pour un premier RDV peuvent atteindre 3 semaines (soit plus de 3 fois le délai recommandé par la Haute Autorité de Santé). Pourtant, la loi Veil oblige tout établissement hospitalier à avoir une structure qui pratique les IVG : quand l’AP-HP hors-la-loi choisit la rentabilité, ce sont les femmes qui trinquent…
De signes inquiétants envoyés par l’Espagne et les Etats-Unis
Actuellement encore considéré comme un délit en Espagne, l’avortement deviendra, si le projet de loi de Zapatero est adopté, un droit et ce jusqu’à douze semaines de grossesse. Les ligues catholiques et ultraconservatrices ont organisé des manifestations pour s’opposer à ce projet. Démesurément relayées par les médias, ces manifestations ont pourtant été minoritaires, la loi étant soutenue par la majorité des espagnols. Cette situation nous alerte profondément sur l’absence de recul des opposants anti-IVG en Espagne et plus généralement en Europe, et la nécessité du mouvement féministe d’être constamment vigilant.
Aux Etats-Unis, à la faveur de la loi sur la santé, des députés ont fait passer un amendement interdisant le remboursement de l’IVG par des fonds publics. C’est là un recul sans précédent, alors qu’Obama était considéré comme le candidat le plus favorable à l’avortement depuis longtemps. Encore une fois, on remarque que le droit des femmes à disposer de leur corps est considéré comme subsidiaire…
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