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blog - Vannes & alentours

Récit de la manifestation du 24 Mars à Nantes : guerre au pouvoir !

Compte-rendu très largement inspiré de celui de Jack Palmer, paru sur Indymedia Nantes ce dimanche 25 mars (avec plein de photos !). Merci à lui !

Manifestation du 24 Mars à Nantes : guerre au pouvoir !
Un bref récit partiel et partial de la manifestation contre le projet d'aéroport à Notre Dame des Landes, à Nantes, le samedi 24 mars.

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3 cortèges devaient converger vers le centre de la Métropole, en provenance du nord, de l'est et du sud.

12h30, Rond Point de Rennes, côté nord : un rendez vous avait été lancé pour un cortège anticapitaliste (voir l'appel : http://nantes.indymedia.org/article/25315). Des dizaines de personnes commencent à se rassembler sous un grand soleil en attendant la colonne de tracteurs. Des militants d'Europe Écologie et des membres de l'ACIPA sont aussi présents.

Un impressionnant cortège de tracteurs est accueilli par des applaudissements, des slogans, un fumigène. Plus d'une centaine de tracteurs défilent sous nos yeux. Aussitôt, le cortège anticapitaliste se structure pour démarrer.

Ce cortège de plusieurs centaines de manifestants et manifestantes est créatif, actif, révolté. Les slogans sont offensifs (Ce n'est pas les squatteurs qu'il faut expulser, mais le capitalisme qu'il faut éliminer / De droite, de gauche, arrêt immédiat de l'aéroport / Vinci dégage, résistance et sabotage / Le terrorisme d'Etat ne passera pas / Aéroport Capitalisme Arrêt immédiat / Qu'il soit bleu, rose ou vert, le capitalisme détruit nos vies / Contre l'aéroport et son monde, résistance autogestion / Ce n'est pas les paysans qu'il faut expulser, mais le capitalisme qu'il faut éliminer...etc.) et des chansons sont entonnées (sur la Commune de Paris...). Les organisations libertaires distribuent à tout va le 4 pages réalisé en commun et leur propre presse, beaucoup de tracts circulent sur tout un tas de luttes en cours (chantier THT, solidarité avec des personnes arrêtées lors de précédentes actions...). 

 

Beaucoup de tags, de pochoirs, de jets de peinture fleurissent tout au long de la rue Paul Bellamy. La permanence d'Europe Écologie (du député De Rugy) est redécorée, quelques militants verts viennent s'interposer, le ton monte un peu. Il faut rappeler à ce sujet les déclarations policières matraquées par ce parti plusieurs jours avant la manif dans les médias locaux : par exemple, dans un communiqué, Europe Écologie-les Verts « condamne par avance toutes les dégradations et violences qui pourraient avoir lieu avant, pendant ou après la manifestation » (source : http://www.nantes.maville.com/actu/actudet_-A-Nantes-le...u.Htm) se faisant même auxiliaire de police en annonçant par avance les supposés coupables, dans une dépêche à l'AFP "Nous espérons que les appels à converger des milieux anarchistes mondiaux (sic) ne viendront pas masquer notre message"... Il est vrai que le message d'EELV est clair : dans l'accord électoral avec le PS, alors que c'était soi-disant un point non négociable, l'aéroport n'est même pas cité...


L'hélicoptère survole ce cortège nord et en particulier les "anticapitalistes". Des BACeux sont présents à chaque coin de rues, des flics prennent des photos depuis certains bâtiments... Mais cette surveillance est encore relativement "légère" comparée à l'hyperprésence policière qui va suivre.

Le déploiement répressif annoncé par les médias a bien eu lieu. 1500 policiers, des véhicules anti-émeutes (lanceurs d'eau), des dizaines de cars de CRS, de gendarmes mobiles, des gros groupes de dizaines de BACeux, et surtout l'hélicoptère qui survolait la manifestation avec vacarme.

Nantes n'avait jamais connu un tel dispositif policier. La terreur d'État avait été importée depuis Notre Dame des Landes au cœur même de Nantes. (article de la presse bourgeoise : Nantes sur le pied de guerre avant la manif : http://www.nantes.maville.com/actu/actudet_-Nantes-sur-...u.Htm)

Sur le Cours des 50 Otages (rebaptisé pour le coup "Place des 500 tags" !), face à la préfecture, les trois cortèges se rassemblent. Plusieurs milliers de personnes convergent. La foule est très hétérogène. Parmi les slogans lus sur un mur, celui-ci :  "je veux une vie riche, pas une vie de riche" etc...  Au milieu des manifestants : des vaches, des chèvres, chevaux...

Les véhicules anti-émeute sont exhibés au niveau de la préfecture, le dispositif est impressionnant. Malgré cette intimidation, la grille anti-émeute et la préfecture sont barbouillées de terre et de purin. Une brigade de clowns fait un sketch. Après un moment de flottement, la manifestation démarre par la rue de Strasbourg. 10 000 manifestants (?) peut-être plus défilent. Le chiffre importe peu : l'offensivité créative et la participation effective et joyeuse des manifestants sont frappantes. Beaucoup de banderoles diverses et faites mains également.

Un dragon coloré crache une fumée blanche sur les flics, sur les bâtiments officiels, sur les banques. Une Batucada joue et donne du rythme. La manifestation passe devant la mairie : des dizaines de CRS la protègent, le bâtiment est rempli de policiers. La mairie, comme le reste des bâtiments, est tout de même taggée.

La manif est toujours très créative, de nombreuses affiches sont apposées, des pubs détournées, les locaux de banque, d'agence immobilières et autres nuisibles sont "redécorés". Les graffitis sont polyglottes : espagnols, italiens, français. L'ambiance est festive et enragée. Après une déambulation dans le centre ville, retour sur le cours des 50 Otages pour y rester. On se fixe au niveau de la place du Cirque. Le bocage s'installe en pleine métropole. Des arbustes, des fleurs et des légumes (des poireaux !) sont plantés sur la chaussée dans la terre apportée à cet effet : la métropole recouvre de bitume et stérilise la campagne... en retour les campagnards déposent de la terre par-dessus le béton !

Les flics sont déjà en position pour nous prendre en étau : ils sont positionnés partout, bloquant toutes les rues environnantes. L'hélicoptère continue sa surveillance bruyante.

Mais la réappropriation de la ville est effective : des arbres sont plantés, les murs remplis de slogans, les banques complètement repeintes par le dragon qui crache à présent des litres de peinture.

Les flics avaient installé pour l'occasion une caméra "360°" sur le toit de l'Hôtel la Pérouse, pour fliquer -encore plus- tout le rassemblement. Un manifestant parvient à monter sur le toit, et sectionne le câble de la caméra sous les applaudissements de la foule. Dans la foulée, cet Hôtel de luxe est maculé de peinture rouge. Pendant ce temps, une partie de la rue commence à être dépavée. Une rangée de policiers trônent en haut d'un escalier surplombant le cours : une barricade de grilles et de bacs de végétaux est installée face à eux en bas de l'escalier, les empêchant de charger. Une grande banderole est attachée pour leur masquer la vue du rassemblement.
Des BACeux descendent pour essayer de harceler des manifestants isolés, plusieurs dizaines de personnes répliquent aussitôt et font reculer les flics.

Vers 17h, un feu est allumé dans un brasero. Très rapidement, le feu s'étend, il se transforme en immense brasier qui crépite et qui explose. D'autres foyers partent, des fumigènes sont allumés. Un épais panache de fumée noire vient perturber l'hélicoptère pendant que des feux d'artifices sont tirés. Mais la peur n'est pas de notre côté : la batucada continue à donner le rythme, il y a aussi un accordéon, des gens dansent, jouent. La scène est étonnante. La fête et la révolte sont réunis. La foule est toujours hétérogène. Des flics postés en haut de l'escalier essuient rageusement des jets divers.

Les flics, malgré leur déploiement considérable semblent hésiter face à cette ambiance. Des passants se greffent aux manifestants, d'autres vont et viennent. Il n'y a plus vraiment de clivage entre manifestants et non-manifestants en cette fin de samedi après midi ensoleillée.

Avant le crépuscule, les flics décident de faire le ménage. Après des sommations inaudibles, des centaines de forces de l'ordre commencent à charger. Toutes les rues vomissent des rangées de CRS. Une charge de BAC est accueillie par une nuée de projectiles. Le risque que le cortège soit découpé par les policiers est alors grand. Le recul est rapide. Le rapport de force est trop défavorable. Malgré tout, quelques personnes allument des barricades de fortune le long du cours des 50 otages : pneus, poubelles, cartons, palettes. Cela n'empêche pas la progression inexorable des flics. Ce qui reste du cortège s'éparpille : le long de l'Erdre, rue Paul Bellamy, place Viarme ou les BACeux chargent et interpellent.

Vers 21h, les flics contrôlent totalement la ville. Des rangées de CRS quadrillent toutes les grandes artères. En même temps, les équipes de nettoyage entrent déjà en scène : il faut aseptiser la Métropole socialiste, effacer les stigmates de cet après-midi de résistance le plus vite possible.

Les journaflics annoncent dans la soirée 7 interpellations et 5 Garde à Vues. D'autres manifestant-e-s auraient été repoussés jusqu'au Rond Point de Rennes le long de la rue Paul Bellamy. Pas plus d'infos là-dessus.

 

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