blog - Vannes & alentours
Dans le supplément gratuit n°23 du Monde Libertaire (20 décembre 2012), page 3, se trouve un article signé par Roger Dadoun "La psychanalyse est une anarchie".
Commentaires :
Je ne m'arrête qu'au titre, cependant j'ai un peu de bon sens et de logique...
La psychanalyse est, rappelons-le, une technique psychothérapeutique qui vise à réduire des troubles névrotiques, trouvés au travers d'une investigation des processus psychiques de la personne humaine. Elle se dit scientifique et médicale.
C'est donc logiquement qu'elle est utilisée par le système judiciaire et étatique pour étiqueter les individus et leur accorder, ou leur retirer, leur droit d'être responsables de leur vie et de leur choix de vie.
Cela est loin de l'idée de l'anarchie ; et si on pousse le sens des pratiques de la psychanalyse qui étiquette tout ce qui sort d'un normal établi, comme une déviance à soigner... eh bien on doit craindre que la psychanalyse aie tendance à lobotomiser ou électrochoquer tous ces anarchistes déviants de la société....
Quand on met les personnes dans des boites, et qu'on essaye de les remettre dans la norme, quand on décide ce que la vie de l'autre doit être, comment la psychanalyse peut être une anarchie ?
Si l'on voit que la psychanalyse s'est majoritairement faite l'alliée de la classe dominante, il existe pourtant un courant subversif.
A propos du doute cartésien, je rappelle que Descartes (1596 – 1650) disait douter de tout, sauf d'un dieu unique, de la religion et de la nécessité d'un roi ! En outre, il se permettait de douter de ce qui le gênait dans ses raisonnements, y compris les choses les plus réelles, pour leur substituer des idées ; par exemple, ce penseur, lâche devant les puissants, cruel envers les faibles, n'hésite pas à déclarer (sans examen critique) que les animaux ne sont que des machines incapables de souffrir et de penser. Quand on prône la critique radicale, on ne fait pas référence à ce faussaire de la liberté de penser. Le curé Meslier (1664 – 1729) serait mieux venu dans un journal anarchiste. Ce curé en effet, se déclara athée, contre les riches, et critiqua le sort que l'on faisait aux animaux. Il n'hésita pas, lui, à soumettre à l'examen critique les religions et les hiérarchies sociales.
En passant, je note que l'étymologie de transgression est fausse : ce n'est pas la trans-agression, mais la trans (au travers) gression (marche sur, terme guerrier chez les Romains) ; donc, la transgression est bien le franchissement violent d'une limite...
Mais, le meilleur du pire arrive : c'est de décider que Eros et Thanatos, deux inventions de Freud, sont anarchistes. Pas-du-tout ! Wilhelm Reich, élève de Freud, a largement montré dans ses écrits que la pulsion de mort permettait à Freud de donner une base biologique, donc naturelle, inévitable, aux luttes des humains, et donc d'écarter les théories de luttes de classes. Dernièrement encore, un petit chef d'Etat en France, prétendait que la criminalité était dans les gènes de certains... Thanatos serait donc dans les gènes des humains !...
En fait, si l'anarchisme peut détourner la psychanalyse, ce n'est pas aux dernières théories de Freud, mais plutôt au contenu subversif qu'en a dégagé Wilhelm Reich qu'il faut emprunter. C'est ainsi que nous le ressentions en 68, et il est lamentable de voir que un demi-siècle plus tard, une presse anarchiste fasse un tel recul dans la critique radicale de la société de classes.
Je relève au passage, la référence au rationalisme, qui est à la critique radicale ce que le laïcisme est à l'athéisme...
Enfin, une attaque masquée contre le livre de Michel Onfray sur Freud, montre que Roger Dadoun défend la psychanalyse officielle, celle même qui a dénoncé Wilhelm Reich aux nazis !
La psychanalyse dominante, érige en principe une fantomatique pulsion de mort appelée Thanatos, afin de réaffirmer son allégeance à la "civilisation". Tout révolutionnaire doit donc savoir que le sadisme (thanatos, pulsion de mort, etc, etc...) n'est qu'une forme réactionnelle à la répression libidinale que la classe dominante impose aux enfants afin d'en faire des esclaves.
A et JJ