A la foire bio de Muzillac (Morbihan), les 29 et 30 septembre 2012, était invitée la courageuse pourfendeuse de la multinationale Monsanto, Marie-Monique Robin, pour son excellent documentaire "Notre poison quotidien". Dans ce film, elle questionne et dénonce l'industrie des pesticides et du plastique pour la dangerosité de ces produits sur notre santé. Elle ne manque pas non plus de mettre en lumière les institutions internationales, européennes et françaises pour leur connivence avec les industriels de la chimie. A la tribune, elle était accompagnée par Joël Labbé, sénateur du Morbihan affilié à Europe Ecologie Les Verts (EELV), ancien Conseiller général du Canton d'Elven, et toujours maire de Saint-Nolff.
Connu pour certains engagements écologistes (anti OGM, Parc naturel régional...), notre sénateur EELV a fait part des difficultés qu'il rencontrait à convaincre les sénateurs adhérents d'autres partis politiques de l'intérêt de combattre les pesticides. C'est que les lobbies (les capitalistes) sont actifs et tous les politicards qui pioncent au Sénat n'oublient pas pour autant, lors de leur période d'éveil, de défendre les intérêts du Capital. Au cours de ce débat, Marie-Monique Robin et lui-même nous ont fait part d'un autre dossier à l'étude au Sénat : celui de l'interdiction (ou non) du bisphénol A... substance particulièrement dangereuse pour les humains, mais plus spécialement pour les nourrissons et enfants. Notre sénateur EELV était bien sûr déterminé sur ce dossier.
Or le Canard Enchaîné du 17 octobre 2012 nous apprend dans son article "Bons baisers des écolos" :
"Onze des douze sénateurs écologistes sont-ils encore... écologistes ? Le 4 octobre, lors de la discussion du projet de loi sur l'interdiction de la mise sur le marché de tout conditionnement à vocation alimentaire contenant du bisphénol A, certains sénateurs présents en commission des affaires sociales ont eu la surprise de voir leurs collègues écologistes soutenir un drôle d'amendement.
Cet amendement défendu par le gouvernement spécifie que l'interdiction du bisphénol A n'entrera en vigueur que le 1er janvier 2015. Rappelons que l'Assemblée de droite avait voté, en 2011, un retrait total du bisphénol A pour le... 1er janvier 2014. Le Sénat a donc décidé d'accorder un sursis supplémentaire d'un an aux entreprises françaises. Et ce avec la bénédiction des écolos...
Explication : soucieux de faire oublier leur défection sur le vote du traité budgétaire, les bouillants Verts se sont montrés bien dociles avec leur grand allié PS sur un sujet qu'ils défendent pourtant bec et ongles dans d'autres occasions (...)."
Naïvement, après l'avoir entendu à Muzillac, nous nous attendions à ce que le sénateur morbihannais Joël Labbé serait celui qui n'a pas voté ce sursis au bisphénol A et donc aux industriels de la chimie qui nous bousillent la santé. Or, le Canard enchaîné finit de nous enlever toutes nos illusions (ironie) :
"Seule la sénatrice verte Leila Aïchi, saisie par les ONG, s'est insurgée contre ce vote en défendant en séance, le 9 octobre, un amendement rétablissant la date de 2014. Son texte a été repoussé."
Mais, ce n'est pas fini, les sénateurs EELV se roulent littéralement dans une boue chargée de perturbateurs endocriniens : "Vilipendée pas ses collègues sénateurs, Leila Aïchi a été accusée par le président du groupe, Jean-Vincent Placé, d'avoir provoqué des "cafouillages qui n'ont pas grandi (notre) image.""
La discipline de Parti, c'est-à-dire le renoncement à ses propres convictions, est une caractéristique fort commune à tous les partis politiques, organisations hiérarchiques. Les institutions mises en place par la société de classes et son Etat, c'est-à-dire la pseudo démocratie, ne sont pas les lieux où vont s'épanouir les idées neuves et émancipatrices mais au contraire où vont s'échouer les plus sincères (à de très rares exceptions qui ne changent pas la face de l'oppression de classe). Ainsi sont-elles faites !
Remarquons aussi que lorsqu’ils sont « marqués à la culotte » par les associations militantes, les élu-e-s ont moins tendance à déraper… A méditer peut-être ?!
Concernant EELV, nous citerons pour conclure un connaisseur à la fois de ce parti et du fourvoiement... qu'il a pratiqué lui-même en quittant l'anarchisme de ses jeunes années pour s'avachir rapidement et de plus en plus profondément dans le libéralisme bourgeois.
Ainsi, Daniel Cohn-Bendit, dans un entretien paru vendredi 22 juin 2012 dans Libération et cité par Le Monde, constate : "On existe à l'Assemblée, au Sénat et au gouvernement, mais plus dans la société. Nos succès institutionnels ne sont pas accompagnés, bien au contraire, d'une dynamique citoyenne. Notre image est devenue détestable. Nous avons échoué là où on voulait redonner espoir en faisant de la politique autrement. Aujourd'hui, nous incarnons souvent l'insoutenable légèreté de l'arrivisme."