blog - Vannes & alentours
Il est juste d’être pour la paix et contre la guerre. Il en va de son intérêt, de celui de ses proches et des populations. Mais pour que cette position de principe prenne corps, il importe de remonter aux raisons qui poussent à la guerre. Peut-on arrêter les effets sans s’en prendre aux causes ?
Il est reconnu que « le nerf de la guerre, c’est l’argent ». Pour être plus précis, citons Jaurès : « le capitalisme porte en lui la guerre, comme la nuée porte l’orage ». Accès aux matières premières, à l’énergie (pétrole, uranium…), conquêtes de nouveaux marchés… la logique de profit est sans éthique, peu importe les massacres. Colonisations au XIXè, Irak et Tchétchénie aujourd’hui… Mais, plus terrifiant, les armes sont en elles-mêmes un commerce gigantesque… que le trafic soit illégal ou légal. Ainsi, les États, y compris les "grandes démocraties", soutiennent ce commerce, voire en sont les plus grands pourvoyeurs, même vers des gouvernements de pays où règne l’arbitraire ou les volontés belliqueuses : la France a ainsi vendu des sous-marins au Pakistan et à l’Inde alors que les tensions sont vives au Cachemire. Tant qu’existera le capitalisme, la guerre perdurera, car c’est un système expansionniste pour écouler sa marchandise et c’est dans son essence même d’éliminer les plus faibles.
Les anarchistes revendiquent donc la prise en main de l’économie par les travailleurs eux-mêmes, sur une base autogestionnaire et le partage des richesses.
Les ressorts de la guerre sont complexes et souvent s’entremêlent. Outre la logique capitaliste (accumulation et confiscation de richesses par des monopoles), s’ajoutent les divisions arbitraires des individus et des groupes humains de la planète. L’État, dont les rênes sont tenues par la classe dirigeante, joue sur ces rideaux de fumée, pour masquer ses propres responsabilités. Il se sert des divisions religieuses, du sentiment nationaliste ("grandeur du pays"), des masques "démocratie - liberté – choc des civilisations – lutte contre le terrorisme" pour déclencher les interventions armées. « L’État est le plus froid des monstres froids » Nietzsche.
Portant toutes un message de paix, les religions justifient néanmoins par la force la conversion de l’autre ou son élimination pour concurrence déloyale. L’Histoire est jonchée de cadavres n’adorant pas le bon Dieu, au bon endroit, au bon moment, ou n’en adorant aucun ! Du massacre des premiers Chrétiens, en passant par les Croisades ou l’extermination des Indiens d’Amérique… Différents lieux de la planète sont encore secoués par ces divergences liées à l’intolérance religieuse qui, si elle n’est pas le moteur premier des conflits, elle n’en est pas moins un redoutable carburant.
Pour nous, religion s’entend comme le système collectif organisé des croyances en événements surnaturels, avec ses rites, ses dogmes, son système hiérarchique et sa propension à enrégimenter le reste de la société qui n’est pas sous son joug.
Face à cela, les anarchistes défendent une position au minimum laïque et même anti-religieuse.
Une autre séparation artificielle des groupes humains, qu’entretient la classe dirigeante, est celle liée à la fierté de résider sur tel ou tel territoire et de défendre une Histoire particulière. Il s’agit du nationalisme ou de sa variante, le patriotisme. Or, « on croit mourir pour la patrie, on meurt pour les indus-triels » Anatole France.
Les anarchistes revendiquent donc l’abolition des frontières, la fraternisation des groupes humains, la liberté de circulation et d’installation.
« Et qui c’est qui fait la guerre ? Eh bien, c’est les militaires ! » Renaud. Si jusqu’à la 1ère guerre mondiale, les millions de victimes étaient principalement des soldats, depuis, les victimes des conflits sont à 80 % des civils. Se débarrasser des armées, qui véhiculent une culture de guerre, les principes nationalistes, la résolution des conflits par la violence et la force armée, est donc incontournable. L’armée absorbe des budgets énormes au détriment d’autres secteurs comme la santé, l’éducation, l’entraide avec d’autres pays…
Les anarchistes revendiquent donc le démantèlement des armées, l’arrêt du commerce des armes, la reconversion des usines d’armement… Et couplée avec cette démilitarisation, une éducation à la paix…
Peut-on ainsi faire confiance à l’ONU pour garantir la paix, sachant que les 5 États membres permanents sont détenteurs de la bombe atomique, sont les plus grands vendeurs d’armes du monde, sont les pays les plus riches et sont aussi ceux qui déterminent largement les règles (inégalitaires) du commerce mondial ? En fait, c’est à la logique de domination et d’exploitation qu’il faut s’en prendre, c’est-à-dire au principe du Pouvoir. Quiconque ne questionne pas les rapports entre les humains, les groupes humains et cette logique de Pouvoir ne peut honnêtement se revendiquer de la Paix.